Analyse du Royal Rumble

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"Il ne peut en rester qu'un." Highlander

 

 

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"Il ne peut en rester qu'un." Highlander

 

 

Le 25 janvier dernier, la WWE a tenu son premier grand show de l'année, le très jouissif Royal Rumble! Un petit pas pour Randy Orton, un grand bond en avant pour l'humanité.

 

Ce fut une soirée à la fois satisfaisante et frustrante, et il ne saurait en aller autrement étant donné le fonctionnement de la WWE, où chaque grand pay-per-view est là non pas pour conclure des histoires, mais pour les prolonger et les développer. Voici une rapide analyse combat par combat.

 

Le championnat féminin, qui a perdu de sa superbe depuis le départ des magnifiques Trish et Lita (lisez à cet égard notre analyse dans la rubrique American History W) fut un combat correct, mais la non-implication de Santino (amoureux hilarant et gaffeur de la championne Phoenix) et de Rosa Mendes (sa fan transie) nous a étonné: une heel surpuissante n'obtenant aucun soutien extérieur et battue clean par une face, c'est étonnant. D'où notre étonnement. Le final a été décevant (un pauvre roll-up a offert le titre à l'élastique Mélina) mais il y a eu quelques séquences dignes d'intérêt et une particulièrement spectaculaire, celle où Beth a cogné l'arrière du crâne de Melina avec le pied de celle-ci (par parenthèse, ce moment alimente depuis les blogs américains en commentaires salaces; nous y ajoutons le nôtre).

 

 

Beth Phoenix n'a peut-être pas battu Melina, mais au moins elle a pris son pied.

 

Pour le titre ECW, c'était gros comme Mark Henry que le sémillant Swagger (à la WWE depuis seulement trois mois) allait conserver son titre face à Matt Hardy, qu'il venait de dépouiller de sa ceinture deux semaines plus tôt. Combat solide cependant, et la prise de finition de Swagger est impressionnante. Tout le monde lui prédit un gros avenir, à condition qu'il apprenne à parler correctement. Nous recommanderions aussi un radical changement vestimentaire, parce que là, ça va pas du tout, on dirait un frangin Hart échappé de 1985. Le vrai moment important du combat est arrivé après la défaite: un long plan sur un Matt Hardy prostré. On l'ignore à ce moment-là, mais la dernière goutte vient de mettre le feu aux gonds de sa jalousie à l'égard de son sautillant frérot.

 

C'est toujours lui qui gagne la fève, en plus

 

Le combat pour le championnat de Smackdown était très attendu entre Edge et le tenant Jeff Hardy, avec l'implication également très attendue du mystérieux agresseur récurrent du champion en titre, d'autant que Vickie déclare avant le match que ce sera un "no disqualification", ce qui autorise Edge à faire intervenir tous ses potes pour l'aider à démonter l'idole des jeunes. Hardy débarque avec la face peinturlurée comme le Joker dans le dernier Batman, tandis qu'Edge est accompagné de son éternelle Vickie et du neveu-esclave de celle-ci Chavo. Chavo aurait-il été le mystérieux agresseur? Quoi qu'il en soit, comme attendu entre deux catcheurs de la trempe de Edge et Hardy, c'est un beau combat avec quelques actions spectaculaires. Hardy est vraiment un gueudin, ce qui se manifeste notamment quand il se débarrasse définitivement de Chavo avec un Swanton du haut d'une échelle, directement sur le fourbe Mexiacin étendu sur la table des annonceurs, laquelle se brise sous l'impact. Evidemment, un peu plus tard, Vickie interfère pour empêcher un tombé de Hardy sur Edge, mais quand le frère de Jeff, Matt, déboule et la vire du ring, on se dit que le sort d'Edge est réglé, surtout quand Matt donne une chaise à Jeff et en prend une lui-même. Depuis l'affaite Lita, la haine IRL entre Matt et Edge est connue dans le monde entier et dans ses environs immédiats. On se dit à ce moment-là — Edge est étendu inanimé au centre du ring, les frangins Hardy, chacun tenant une chaise, sont debout au-dessus de lui — que le blond Canadien va payer pour tous ses péchés. Matt lève la chaise… et éclate la gueule de Jeff avec!

 

Un ange passe dans la salle et dans le salon familial des Hardy. Jeff dans les vapes, Edge se réveille et, avec un regard stupéfait et craintif vers Matt, qui reste là, en pleine introspection, rampe pour couvrir le champion. 1, 2, 3, Edge a le titre, et les frangins sont partis pour se livrer une guerre monumentale, Jeff ajoutant un nouveau chapitre à la longue liste d'accidents, mauvais coups et trahisons qu'a été jusqu'ici son existence. Ira-t-on jusqu'à voir une alliance entre Matt et Edge? Ce dernier va-t-il tourner face pour s'allier avec Jeff face à Matt? Toutes les options sont ouvertes à Smackdown, et le match a parfaitement tenu ses promesses.

 

 

Et en plus, Edge a réussi à décoincer la ceinture de chasteté de Vickie!

 

En comparaison, le combat pour le titre à Raw ne fut pas génial, puisque tout le monde attendait avant tout de voir en action Shawn Michaels, devenu depuis peu le boy toy de JBL (lire notre article dans Décryptonite). HBK peut enfin interférer au moment où, après que JBL a malencontreusement mis l'arbitre KO, Cena et JBL sont au sol suite à une double corde à linge. Il entre dans le ring et, comme les deux adversaires se relèvent péniblement… assène à son boss un Sweet Chin Music qui claque à travers toute la salle. On pense que ça y est, Shawn a gagné au loto et peut donc envoyer bouler sa storyline, mais non: Cena n'a pas le temps de réaliser ce qui se passe que Michaels l'étend à son tour. Suite à quoi il dépose JBL sur Cena et se casse, tandis qu'un nouvel arbitre arrive en courant dans le ring. Hélas pour tous les Cena-haters (dont nous sommes), ce dernier se dégage au compte de deux, puis finit par vaincre JBL avec son habituel FU. Le comportement de Shawn a pu paraître étrange: s'est-il fait à l'idée de servir JBL? Si oui, pourquoi le mettre KO? Cela dit, il s'en est expliqué à JBL dans le Raw diffusé le lendemain: s'il lui a d'abord collé un Sweet Chin Music, c'était pour endormir la méfiance du champion et donc pouvoir lui péter un SCM dans la gueule dans la foulée. Et comme il est parti du ring en laissant JBL allongé sur Cena, il estime avoir fait sa part de boulot. Pas sa faute si Cena s'en est sorti… Soit, on a déjà avalé de plus grosses couleuvres. Mais du coup on en est ressorti un peu surpris (d'autant que continuer à se fader Cena champion, c'est quand même insupportable, surtout que maintenant ils passent en boucle à Raw le trailer de son dernier navet — où il incarne un flic victime d'un serial killer qui joue avec lui au chat et à la souris, Dieu fasse que ça arrive en vrai).

 

 

Shawn est tellement fauché qu'il ne s'est plus lavé depuis trois semaines.

 

 

Tout ça, c'est très bien, mais chacun sait que le clou de la soirée était bien sûr le Royal Rumble match!

 

Si l'issue était annoncée, le déroulement a tout de même été jouissif, en dépit de certains petits abus. Primo, on ne rendra jamais assez hommage à la maîtrise de ces mecs. Il y a eu une bonne quinzaine de séquences où, balancés par-dessus la troisième corde, ils sont parvenus à s'y retenir des deux mains, voire d'une seule, les pieds passant à quelques centimètres du sol. Même le Big Show l'a fait! A un moment donné, Morrison et JTG, tous deux dans cette position inconfortable, ont préféré se mettre des coups de tatanes de côté au lieu de chercher à se rétablir. Une vraie leçon de hiérarchisation des priorités.

 

Le début a été tout bonnement excellent avec Mysterio, Morrison et Carlito volant de part et d'autre du ring. L'entrée de Rob Van Dam a également été superbe, quel dommage qu'il ne catche pas le reste de l'année!

 

Il y a eu en plus quelques monceaux de storylines dedans, comme la baston familiale entre Goldust et son demi-frère IRL Cody Rhodes, lequel finit, en bon salopard ortoniste, par balancer maman hors du train, heu pardon, frangin hors du ring. On aurait évidemment aimé voir plus longtemps les high flyers et moins longtemps des lourdauds comme Knox, mais bon, on ne peut pas tout avoir. Et puis, il est probablement impossible de remplir un ring uniquement avec des Morrison, Mysterio, Kingston et compagnie: ces mecs-là ont un catch tellement épuisant qu'ils ne peuvent sans doute pas assurer un tel spectacle non stop pendant une heure, et il faut aussi laisser un peu de place aux gros balèzes qui se mettent des gnons.

 

 

Le moment le plus romantique du Rumble, c'est comme toujours le quart d'heure américain.

 

Les séquences délibérément humoristiques ont été réussies: Ziggler tendant la main à Kane en plein combat pour se présenter et se faisant expédier illico presto dans les tribunes, Marella battant le record de la présence la plus courte sur un ring (chronométré à 1 seconde 26 centièmes), Mysterio jeté dehors mais évitant l'élimination en courant sur les dos de Miz et Morrison, qui venaient de se faire projeter à l'extérieur…

 

Enfin, il est heureux que la Legacy ait intégralement survécu jusqu'au bout, en éliminant au passage des pointures comme Kane et en se défendant les uns les autres comme trois frères. Peut-être les chorégrapheurs auraient-ils dû aller jusqu'au bout de cette idée, et il aurait été parfait que Rhodes et DiBiase se sacrifient de manière plus nette pour permettre à Orton de sortir HHH, mais on pinaille: les deux gardes du corps du Legend Killer ont parfaitement tenu leur rôle.

 

 

"Oh-oh, voilà Hornswogle. Reste derrière nous, Randy."

 

 

On regrettera une fois de plus que HHH ait comme toujours été booké indestructible (il vire Morrison et Miz d'un coup alors que ce sont quand même les champions par équipe, et il dégage Kozlov comme une merde alors qu'il aurait justement fallu donner au Russkoff un gros push, ce qui semblait pourtant bien parti), et on fera la moue devant quelques éliminations qui ressemblent plutôt à des suicides: le gros Mark Henry s'est pratiquement jeté dehors, et nous n'avons toujours pas compris pour quelle obscure raison l'Undertaker a décidé d'enjamber la troisième corde pour rejoindre du mauvais côté le Big Show qui le chokait à ce moment-là. Nous n'avons rien compris au passage d'Hornswoggle non plus, mais c'était sans doute voulu. L'essentiel, c'est un combat haletant du début à la fin et le triomphe final de la nouvelle génération.

 

 

Renconversion parfaitement réussie pour les 2Be3.

 

 

Au final, on a assisté à un Rumble cohérent qui a couronné une Legacy au sommet, a lancé une feud Hardy-Hardy qui promet d'être mémorable, a prolongé la complexe embrouille politico-économico-sportive JBL-Michaels, appuyé le statut de The Next Big Thing Jack Swagger et vu Melina exécuter encore un grand écart facial de toute beauté. Que demande le peuple?

 

 


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