Royal Crumble

Pour les plus gourmands, intercalez entre les pommes et la pâte une barquette de framboises écrasées.
Cyril Lignac
 

L’esprit des amateurs de catch a ceci de particulier que lorsqu’il s’attend à quelque chose, et que cela n’arrive pas, il s’exclame « Sapristi ! Les surprises auxquelles je m’attendais n’ont point eu lieu ! La déception envahit mon être, telle une abjecte marée noire sur les plages ensoleillées de mon cœur », là ou toute autre personne aurait plutôt tendance à penser qu’une surprise à laquelle on s’attend n’est plus une surprise.


Tout ça pour dire que ce Rumble n’a pas été aussi surprenant qu’on l’espérait. Mais n’en concluons pas pour autant qu’il a été mauvais. Le Royal Rumble, c’est un peu comme les crumbles que préparent nos mamans : même si on connaît leur goût par cœur depuis trente ans, on en mange toujours avec plaisir.

 


 

Royal Crumble ! Ah ah ah ! C’est amusant, ça !

 

 

Nalyse du Royal Rumble 2012

Pour les plus gourmands, intercalez entre les pommes et la pâte une barquette de framboises écrasées.
Cyril Lignac
 

L’esprit des amateurs de catch a ceci de particulier que lorsqu’il s’attend à quelque chose, et que cela n’arrive pas, il s’exclame « Sapristi ! Les surprises auxquelles je m’attendais n’ont point eu lieu ! La déception envahit mon être, telle une abjecte marée noire sur les plages ensoleillées de mon cœur », là ou toute autre personne aurait plutôt tendance à penser qu’une surprise à laquelle on s’attend n’est plus une surprise.


Tout ça pour dire que ce Rumble n’a pas été aussi surprenant qu’on l’espérait. Mais n’en concluons pas pour autant qu’il a été mauvais. Le Royal Rumble, c’est un peu comme les crumbles que préparent nos mamans : même si on connaît leur goût par cœur depuis trente ans, on en mange toujours avec plaisir.

 


 

Royal Crumble ! Ah ah ah ! C’est amusant, ça !

 

 

Nalyse du Royal Rumble 2012

 

Parce qu'on en attendait bien des surprises, de ce Rumble ! Essayons d’en dresser une liste :

 

John Cena, poussé à bout par Kane, embrasse la haine et devient heel.


CM Punk est déchu de son titre à la suite d’une machination de John Laurinaitis.


Chris Jericho gagne le Royal Rumble Match.


Chris Jericho fait un truc énorme qui met fin au monde tel que nous le connaissons.
 

Disons-le tout net : rien de cela n’est arrivé. Le Rumble s’est déroulé du début à la fin dans un classicisme total, mais suffisamment bien exécuté pour tenir le spectateur en haleine.

Principale exception notable à la qualité générale du PPV : le match d’ouverture pour le championnat Heavyweight, un triple threat en cage entre Daniel Bryan et ses challengers Mark Henry et le Big Show. Court, plutôt lent, peu passionnant, le combat se conclut par la sortie du champion par le haut de la cage, au grand dam du Big Show qui tentait de le retenir depuis un bon moment.

 


 

Ce mec-là commence à me faire suer.

 

 

Comme d'habitude, Daniel Bryan interpréta le rôle du petit catcheur technique qui profite de son agilité pour échapper aux gros lourdauds, Mark Henry fut très en retrait (sans doute à cause de sa blessure récente) et le Big Show joua les bourrins. Ce type de match est censé profiter aux combattants agiles plutôt qu’aux montagnes de muscles et de gras, et a sans doute été choisi pour que Bryan puisse enfin gagner de façon clean contre ses énormes adversaires. Il est cependant regrettable que les bookers n’aient toujours pas décidé de lui faire remporter un match normal et à la loyale dans cette feud : son personnage n’en est pas grandi. Espérons au moins que la rivalité entre les trois hommes se terminera ainsi, le talentueux Bryan mérite des adversaires un peu plus techniques. Notons au passage que l’arrière de la ceinture semble avoir été refait puisqu’il est doublé d’une matière qui rappelle la peau de crocodile.
 

Encore moins passionnant, mais moins décevant parce qu’on n’en attendait rien fut le match (non annoncé à l’avance, si je ne me trompe pas) entre Drew McIntyre et Brodus Clay, toujours accompagné de ses accortes danseuses.
 

 

 

La TNA monte en puissance : maintenant c’est la WWE qui la copie.

 

 

Le début de l’affrontement, pendant lequel l’Ecossais parvint à résister un peu à son ventru adversaire, fit naître dans mes yeux suaves une lueur d’espoir surmontée d’un sourcil interrogateur : le Funkausore allait-il enfin livrer un vrai match ? Eh ben en fait, non. McIntyre a lui aussi été squashé comme un étron canin. Il faudrait qu’on se décide à mettre sur la route de Clay un combattant à sa mesure. Pourquoi pas Mark Henry, tiens ? un match entre ces deux-là serait plein de finesse…

 

 

Au moins je n’ai pas tiré le numéro 14…

 

 

Le reste du show fut plutôt de bonne facture. Même le match féminin, combat par équipes qui opposa les Bella, Beth Phoenix et Natalya à Alicia Fox, Kelly Kelly, Eve Torres et Tamina, n’a pas été aussi insupportable que d’habitude. Plus long que les deux minutes traditionnelles, comportant quelques beaux mouvements (notamment de Kelly Kelly, dont les qualités de gymnaste laissent rêveur) se laissa voir sans provoquer l’envie d’appuyer sur la touche avance rapide de sa télécommande. Au fait, c’est les méchantes qui ont gagné.

 

 

On a eu peur, mais finalement personne n'a pété.

 

 

Laissons maintenant choir les filles, les danseurs et les obèses impotents et parlons plutôt de sang et de sueur, de larmes et de muscles, de feu et de chaise roulante. Parce que ce soir, John Cena va affronter Kane, et ils sont très énervés.


Mais projetons-nous quelques minutes avant le match. Lorsque Zack Ryder arriva en fauteuil roulant avant de se faire accueillir hypocritement par un John Laurinaitis tout sourire, je me suis dit qu’il y avait baleine sous gravillon : quel serait l'intérêt de faire venir Zackot si ce n’est pour lui faire jouer un rôle dans le match ?

 

 

Quand même, les meetings de Ségolène en 2007, c’était quelque chose !

 

 

La suite de la soirée donna raison au perspicace observateur que je suis. En effet, après un match peu marquant mais pas désagréable dont le résultat fut un double décompte à l’extérieur (les belligérants pensant plus à se foutre sur la gueule qu’à remporter le combat dans les règles), l’affrontement physique se poursuivit dans les coulisses, où Kane prit le dessus sur le Marine à coups de chaise. Coïncidence cocasse : le hasard les avait conduits juste en face de la porte du bureau où Ryder attendait tranquillement. Et ce qui devait arriver arriva : Kane défonça la porte, étouffa Ryder et le conduisit au centre du ring pour lui porter un tombstone piledriver, malgré les supplications d’Eve. Même Cena ne parvint pas à le secourir et finit à moitié assommé pas un chokeslam, pendant que les services médicaux évacuaient l’ancien champion US sur une civière.


On ne peut s’empêcher de penser que la feud tourne un peu en rond. Kane veut que Cena « embrasse la haine » et devienne aussi méchant que lui, certes. On a bien compris. Mais ne peut-il trouver un autre moyen qu’envoyer inlassablement Zack Ryder à l’hosto toutes les semaines ?
 

 

Je voulais un push, je l'ai eu. Mais finalement, j’aurais peut-être dû rester faire le con sur Youtube…

 

 

Remarquez, on se souvient encore de l’épisode resté célèbre dit des « enquêtes de l’inspecteur Kane ». Rappelez-vous : nous étions en 2010, l’Undertaker, après avoir été découvert inanimé, gisait dans le coma et dans une chambre d’hôpital. Vexé comme un pou, Kane décida de mener l’enquête, en utilisant une méthode toute personnelle. Là ou un enquêteur moins rusé aurait bêtement collecté des indices et cherché à interroger des témoins, Kane choisit de casser la gueule à tous les gens qu’il rencontrait en hurlant « c’est toi qui a envoyé mon frangin dans le coma ? » Et même si la suite de l’histoire nous apprit qu’en fait c’était lui le coupable, il nous prouva que la finesse n’était pas son fort.

Rien de vraiment nouveau donc dans cette feud. Tel Dark Vador, Kane veut emmener Luke Skycena sur le chemin de la route du côté obscur, et il a encore du boulot, parce que Cena est un mec vachement sympa. Pour nous le rappeler, on nous diffusa d’ailleurs un clip tout niais montrant John en train de faire des trucs de mec sympa, comme sourire ou faire des câlins à des enfants.

Et comme Wrestlemania approche et que le Rock a toujours mieux à foutre que de venir dans les émissions de la WWE, il a eu droit lui aussi à son clip pour nous montrer que lui aussi est sympa, mais pas sympa pareil. Même que lui, il tourne dans des films.
 

 

L’année prochaine à Wrestlemania 29 : The Rock vs The Great Khali !

 

 

Wrestlemania 28 aura lieu dans deux mois. D’ici là, il faudra que Cena en ait fini avec Kane pour se concentrer sur sa feud avec le Rocher. Dans ce contexte, la WWE joue avec nos nerfs. Le heel-turn officiel de Cena (je parle ici d’un véritable changement de comportement, non du fait qu’il soit détesté d’une partie du public, ce qui est déjà attesté), voulu par une bonne partie des fans depuis des années, est enfin clairement évoqué depuis le début de sa rivalité avec le Big Red Monster et chaque étape nous donne l’impression qu’on en est plus proche. Toute la question est de savoir si le Marine restera fidèle à son engagement dans le domaine de la gentillesse ou s’il se laissera ronger par la haine et le désir de destruction de l’humanité. Le problème ayant maintes fois été évoqué dans nos articles, dans notre forum et dans tous les sites de catch, et aucun élément nouveau n’étant en notre possession, je m’arrête là, pour mieux vous parler du match le plus prometteur de cette soirée, le championnat WWE entre CM Punk et Dolph Ziggler.

 

 

À la WWE, même les exhibitionnistes sont PG.

 

 

Les différents matchs entre Ziggy et Punky à Raw avaient été forts prometteurs. Je trépignais donc d’impatience à l’idée de les voir s’affronter en PPV, pour le titre, et avec un suspense supplémentaire dû à la présence de Laurinaitis en arbitre spécial. Quelle sinistre machination le GM intérimaire allait-il ourdir ?

 

On pensait en avoir un avant-goût quand, vêtu de son seyant maillot à rayures, il prit le micro. Allait-il annoncer que le match était transformé en lumberjack match avec un ring entouré de tous les heels du roster ? Que le titre pouvait exceptionnellement changer de main par décompte à l’extérieur ? Quel le combat serait à handicap, avec droit d’utiliser des armes à feu pour Ziggler ? Il n’en fut rien : Johnny déclara comme un benêt que, par souci d’équité, il laissait sa place à un autre arbitre et qu’il se contenterait de surveiller les abords du ring.

 

« Quel salopard, se dit alors le spectateur ! Il fait ça parce qu’il a un plan ! » Cette impression se confirma lorsqu’il ordonna à Vickie Guerrero de quitter les lieux. Laurinaitis jouait forcément les professionnels consciencieux pour mieux arnaquer Punk !

Et pis en fait, non. Évidemment, on y a presque cru quand il s’occupa de l’arbitre malencontreusement assommé au lieu de valider l’abandon de Ziggler qui tapait sur le sol, pris dans un anaconda vice. Et quand il s'entêta à essayer de secourir son collègue inconscient au lieu de faire le compte de trois au bénéfice de Punk peu de temps après, on en était sûr : Johnny allait tout faire pour empêcher Punk de gagner. Mais finalement, le vaillant Punk vainquit l’adversité et l’injustice, et lorsqu’il couvrit finalement son adversaire pour le tombé, une fois l’arbitre à nouveau conscient, le GM ne fit rien pour s'opposer à sa victoire, se joignant même à l’autre officiel pour compter avec lui.

 

Pour une fois, les bookers font preuve d’une certaine finesse.  Rien finalement ne nous permet de dire que Laurinaitis n’était pas sincère quand il secourait son collègue, et il a tout compte fait preuve d’impartialité et de professionnalisme tout au long du match. Mais l’on peut aussi penser qu’il a tout à fait volontairement ignoré les moments où il aurait pu accorder la victoire à Punk pour comprendre au bout du compte qu’il ne trouverait pas d’occasion d’avoir son ennemi et qu'il serait plus productif de faire semblant d'être un vrai pro, pour mieux se venger plus tard. Son personnage est donc empreint d’une complexité relative (on reste dans le domaine du catch) qui n’est pas pour me déplaire et qui change un peu des rôles de patrons prétentieux et salauds.


Le match en lui-même fut évidemment de haute tenue et même si les ficelles étaient grosses, le suspense fut efficacement entretenu. Je rêve désormais d’un affrontement entre Punk et Ziggler à Wrestlemania.


Bref, pas de changement de titre ce soir, ni d'avancée significative dans les feuds. Mais ce n'est pas très important cat le moment fort de la soirée est évidemment celui qui déterminera le prochain challenger à l’un des titres majeurs et lui donnera le droit de tenter sa chance au prochain Wrestlemania, je veux bien sûr parler du Royal Rumble Match !

Évacuons de suite le problème de la malédiction du numéro 14, admirablement expliquée en ces colonnes en ces colonnes par mon camarade Spanishannouncetable. Le 14 de cette année déjouera-t-il la malédiction ?

 

 

Probablement pas.

 

 

C’est donc Jinder Mahal qui a tiré le numéro 14. On peut donc s’attendre à son renvoi dans les prochains mois, voire à son décès brutal sous cinq ans.

 

Nous savons également depuis peu grâce à Axl que le porteur du numéro 17 a lui aussi toutes les chances de voir la fin du monde tel qu’il le connaît après sa participation au match. Il s’agissait cette année de Booker T, titré plus de trente fois à la WWE et à la WCW, et qui a d’ores et déjà fait une très belle carrière. Mais il faut bien reconnaître qu’elle est derrière lui et qu’il ne fera sans doute plus grand-chose. La théorie d'Axl n'est pas infirmée pour le moment.


Donc oui, Booker T, commentateur de son état, assis à la table qui sied à son métier, a participé au Rumble. Son nom s’afficha sur le Titantron, sa musique retentit, et on le vit se lever de sa chaise et ôter sa veste, au grand étonnement de Michael Cole, qui n’avait donc pas le moins du monde été choqué de voir son collègue se pointer au boulot sans pantalon, vêtu d’un simple slip et de genouillères sous sa chemise et sa veste de costard. Jerry Lawler nous avait déjà fait le coup plus tôt dans la soirée. Et un peu plus tard, ce fut le tour de Cole lui-même.
 

 

Quand j’aurai gagné, vais-je défier Daniel Bryan ou CM Punk ? Ah ! Cruelle indécision !

 

 

La bataille royale a été cette année d’assez bonne qualité malgré un début un peu mollasson, et les passages obligés furent tous au rendez-vous.

 

On a comme d’habitude eu droit à l’apparition de quelques vieilles gloires (Jim Duggan, Road Dogg), au retour de gens qu’on n’avait pas vus depuis longtemps (le Great Khali, Randy Orton), à l'apparition d'une femme (Kharma, la femme dont les ovaires sont plus gros que les couilles de Del Rio, qui se paya même le luxe de placer son finisher sur Dolph Ziggler et dont on espère qu’elle fait là son vrai retour), ou à des passages comiques (le duel de chaussettes entre Santino Marella et Mick Foley, la prestation très appréciée par le public de Ricardo Rodriguez après une entrée dans une voiture piteuse sur la musique de son patron).

 

 

Alors pour la Road to Wrestlemania, c’est pas compliqué : vous prenez la rocade et juste après le Midas, c’est la première à gauche.
 

 

Autre grands classiques : le type qui sort du ring mais qui n’est en fait pas passé par-dessus la troisième corde et peut dont revenir comme une fleur 20 minutes plus tard (le Miz), celui qui passe bien au-dessus des cordes mais qui réussit à ne pas toucher le sol avec les pieds (John Morrison n’étant plus disponible, c’est Kofi Kingston qui fit l'acrobate).

Parmi la foule parfois indistincte des participants au match, deux hommes ont brillé davantage que les autres. D’abord le Miz, entré en première position et éliminé vers la toute fin, dont on a cru longtemps qu’il serait le vainqueur, et Sheamus, numéro 22 et grand vainqueur final après un duel plein de suspense avec Chris Jericho.

 

Tiens, d'ailleurs parlons-en, de Chris Jericho. Si l’on a bien compris, les vidéos mystérieuses diffusées pour son retour étaient censées annoncer pour ce dimanche la fin du monde tel que nous le connaissions. Si c’était une fausse piste pour faire croire à la victoire de Y2J et éloigner les soupçons du vrai vainqueur prévu, c’est réussi. Un nombre incalculable de gens était persuadé que la victoire de Jericho était acquise et que la question ne se posait même pas. Mais si c’était juste ça, c’est tout de même dommage. Tout ce bazar aurait été orchestré uniquement pour que l’on ne s’attende pas à ce que Sheamus remporte le Royal Rumble Match ? C’est beaucoup pour pas grand-chose. Espérons qu’un plan plus grand soir prévu pour Jericho; sinon je boude.


Dans la même optique, le coup du « absolument tout le monde peut participer au match » répété par la WWE avec insistance aura lui aussi servi à éloigner nos yeux du blanchâtre rouquin puisque'il ne fit que justifier l’entrée sur le ring de types déjà impliqués dans un autre match plus tôt dans la soirée (le Big Show et Dolph Ziggler), sans autre incidence sur le déroulement du match.

Sheamus est donc le vainqueur. Sa victoire lui donne normalement droit au championnat de son choix mais, membre de Smackdown et face, il devrait selon toute logique se diriger vers la ceinture détenue par Daniel Bryan. Si la feud entre Ziggler et Punk pouvait continuer jusqu’à Wrestlemania, ce serait la promesse de deux potentiels excellents matchs.

 

Voici en tout cas une victoire marquante de plus pour Sheamus, à mettre au palmarès d'un des futurs très grands noms de la WWE.

 

 

Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : « À nous deux maintenant ! »


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