Best asskisser in the world

La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses.

Jean Yanne

 

Je vous propose ici une tentative de décryptage du mythe CM Punk, basée sur une observation du parcours du Second City Saint à la WWE, des opportunités qu'il a obtenues jusqu'à la position qu'il occupe actuellement, accompagné d'une proposition d'explication du pourquoi du comment.

 

 

Bon, Punk, la cause est entendue. Jusqu’à douze ans inclus ils sont à moi, ensuite c’est toi qui en as la garde.

– Ca me convient, John. Vous êtes d’accord, M. McMahon ?

– Evidemment que je suis d’accord, mon p’tit Ciaime. C’est comme ça que je vois les choses depuis le départ.

 

 

Une histoire de CM Punk

 

La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses.

Jean Yanne

 

Je vous propose ici une tentative de décryptage du mythe CM Punk, basée sur une observation du parcours du Second City Saint à la WWE, des opportunités qu'il a obtenues jusqu'à la position qu'il occupe actuellement, accompagné d'une proposition d'explication du pourquoi du comment.

 

 

Bon, Punk, la cause est entendue. Jusqu’à douze ans inclus ils sont à moi, ensuite c’est toi qui en as la garde.

– Ca me convient, John. Vous êtes d’accord, M. McMahon ?

– Evidemment que je suis d’accord, mon p’tit Ciaime. C’est comme ça que je vois les choses depuis le départ.

 

 

Une histoire de CM Punk

 

 

La genèse du Punk main eventer qu'on connaît aujourd'hui remonte aux rumeurs de fin de contrat qui ont fleuri sur le web à la suite de Wrestlemania en 2011 : de nombreux articles assuraient que le contrat du héros straightedge arrivait à terme et que celui-ci ne voulait pas le renouveler, lassé qu'il était de sa situation et de la vie harassante qu'on mène à la WWE. Kovax avait beau sacrifier un poulet chaque soir, l'issue de cette situation apparaissait fort incertaine. A cette époque Punk était un honnête upper-midcarder qui enchaînait les défaites en PPV, avait pris part à plusieurs storylines relativement ambitieuses aux succès variables (en remontant le temps : New Nexus, StraightEdge society, StraightEdge vs Live the Moment contre Jeff Hardy et de nombreuses feuds de remplissage). A ce moment-là de l’histoire, il possédait déjà un palmarès honnête : en cinq ans (2006-2011), il avait amassé six titres (ECW, tag team, IC et 3 WHC venant entre autres de deux MITB) et atteint le statut de Triple Crown Champion dès janvier 2009.

 

CM Punk, éternelle victime des intrigues backstage à la WWE.

 

 

Certains s'en seraient contentés, d'autres n'atteindront même jamais un tel palmarès, mais CM Punk avait plus d'ambition que ça. En tout cas, c'est ce qu'on veut nous laisser croire, mais je reviendrai sur tout cela par la suite. Toujours est-il que vers la fin du printemps 2011, quelque chose se passe. Punk vainc Cena, gagne en PPV (contre Mysterio) pour la première fois depuis plus d'un an, et finit par défaire Del Rio pour atteindre le statut de first contender au titre WWE du Marine.

 

 

Bon, on peut passer aux choses sérieuses maintenant ?

 

 

L'ICW enfle déjà de rumeurs diverses et variées quand Punk claque le discours fondateur de Vegas, une pipebomb atomique qui sera le tube de l'été. Dans le discours en question, Punk casse tous les codes habituels d'une promo kayfabe, mêle habilement le supposé réel au scripté et s'appuie sur une idée simple : il exprime ce que tout le monde pense et écrit sur le net, mais qui n'est jamais énoncé à l'antenne. L'IWC s'embrase. Ceux qui ne sont pas encore fans du personnage le deviennent illico et le tatoué endosse instantanément le rôle de top face main eventer qui s'oppose à la tyrannie de l'establishment. John Cena est une cible idéale. Le contexte est parfait, et MITB 2011 à Chicago restera l’un des meilleurs PPV de l'histoire (le meilleur?) avec l’un des meilleurs matchs de l'histoire (le meilleur?) de la WWE.

 

 

– Je kicke out là ?

Non John, c’est le deux cent trent-sixième tombé du match, on avait dit qu’on arrêtait là.

OK, on reprend à Summerslam alors !

 

 

Les deux acteurs sont magnifiques, l'alchimie est extraordinaire, le foule au diapason, dans ces moments là on touche à la perfection. Punk finit par l’emporter après une demi-heure de combat et une intervention de McMahon et Laurinaitis en faveur de Cena que le Marine repousse. Puis il disparaît dans le public, ceinture à la main, non sans envoyer un baiser d’adieu à un VKM tétanisé. La suite verra cinq mois de présence au cœur de l'actualité ; en vrac, la ceinture dans le frigo, le retour du héros, le match de Summerslam contre Cena, la perte du titre contre Del Rio qui cashe son MITB (toujours à Summerslam), le match contre HHH, la feud avec Nash et la récupération du titre WWE contre Del Rio à Survivor Series (le second couronnement WWE de Punk).

 

 

Punk est fan de Walking Dead. Le problème, c’est que ses fans le sont aussi.

 

 

Ce second règne aura duré 434 jours, et a pris fin au Rumble dimanche dernier. Tout a été dit à propos de ce run de champion, mais je répétons-le: ce fut le plus long de l'ère moderne (le dernier quart de siècle), les seuls règnes le dépassant datant d'une époque où les weeklies n'existaient pas et où RAW n'était même pas le germe d'une idée dans l'esprit du jeune VKM qui observait son père au poste de dirigeant d'une fédération de catch locale. Mais Punk a fini par perdre son titre contre le Rock…

 

Les forums de l'IWC ont implosé à nouveau : la victoire du Rock, acteur moyen de films d'action grand public et littéralement catcheur du dimanche sans aucune cardio est une déception, pour ne pas dire pire. Rocky fut certes un grand champion et a le statut de légende dans l'esprit de la majorité, mais on a du mal à le voir comme un catcheur réellement au top en 2013. Les dernières minutes du match, un finish suivi d'une intervention du chairman provoquant un restart et la victoire de l'uber top face sur un simple People's Elbow (et pas sur un Rock Bottom depuis le huitième étage) ont également joué dans la déception des fans. Or il me semble que tout cela est très exagéré, et que l'on comprend mal le statut de Punk dans toute cette histoire. Pour moi, Punk est un énième coup formidable de VKM dans la catchosphère, qui accompagne une mutation du business tout entier. En cela, on peut le comparer à Hogan, Austin/Rock ou Cena. De nombreux indices semés un peu partout en plus de faits incontestables permettent d'étayer cette théorie, que je vais vous proposer.

 

 

Déjà, est-ce que Hogan, Austin, Rock ou Cena ont été en couv de WWE’13 ? Non.

 

 

Le premier fait évident : depuis son arrivée à la WWE, Punk est choyé et on a essayé toutes sortes de choses avec lui sans jamais se décourager après un échec, en lui donnant sur un plateau en argent opportunité après opportunité. Punk a passé dix mois à l'OVW (09/05-06/06) où il a tout gagné (second triple crown de la OVW), avant d’apparaître à la télévision à la WWECW. C'est extrêmement rapide si on se réfère au contexte : Punk est un des pionniers qui venaient de l'indy (c'est lui qui a ouvert la voie aux Bryan, Cesaro, Rollins, Ohno et consors) et le temps d'adaptation semble rapide quand on sait que d'autres ont passé des années en développement, et que la WWE avait jusque là toujours voulu « faire » ses propres stars. Punk a commencé sa carrière WWE par une streak de six mois d'invincibilité, et a entre autres pendant cette période participé à un match à élimination des Survivor Series aux côtés de DX et des Hardy Boyz face à Rated-RKO, Knox, Nitro et Helms, avec une victoire des faces sans subir aucune élimination. Lors de sa première année, Punk aura aussi turné deux fois (face-heel-face) et participé à un MITB à Mania XXIII. Punk touche le titre ECW le 1er septembre 2007 et le perd après un règne de 140 jours le 22 janvier 2008, suite à un spear d'Edge, alors champion WHC (excusez du peu). A Mania XXIV Punk gagne le MITB et prend le titre à Edge le 23 juin 2008, jour de son draft à RAW.

 

 

Tiens, d'ici, j'aperçois le Hall of Fame.

 

 

Cette période est très intéressante car elle permet indiscutablement de voir qu'il a la confiance absolue du management général dès le début : une formation accélérée, de nombreuses tentatives variées de mise en valeur, des matchs exposés, des interactions avec les meilleurs et deux titres en plus du MITB. Des gars comme MVP, Shelty B, JoMo, Mr Kennedy faisaient partie de l'environnement de Punk et étaient tous talentueux, mais aucun n'a eu la chance qu'a eue Punk, et les opportunités de briller qu'on lui a offertes. Mais revenons à Punk dont le premier règne mondial à la WWE sera « oubliable » avec une durée de 69 jours et une fin un peu foireuse (punt kick d'Orton et blessure kayfabe, donc titre perdu sans le défendre). La suite va très vite avec un titre tag team aux côtés de Kofi fin 2008 et le titre IC début 2009, ce qui fait de lui le triple crown ayant eu ses trois titres dans le plus petit laps de temps.

 

A Mania XXV Punk gagne à nouveau le MITB, cash in victorieusement le 7 juin sur Jeff Hardy et s'ensuit l'excellente et mémorable rivalité entre Jeff « live the moment » top face Hardy et CM « straight edge » tout juste heel turned Punk. Cette période permet à Punk de glaner deux titres WHC de plus (49 et 42 jours de règne) avant de feuder contre le Taker (screwjob et perte du titre en opener de HIAC avec en toile de fond une polémique médiatique sur Punk qui aurait pris la grosse tête). Ont suivi la StraightEdge Society avec ses très longs et originaux segments, et le New Nexus. Malheureusement ces deux périodes ont vu Punk se blesser et mal finir à cause de circonstances malheureuses et d’un booking qui semblait naviguer à vue. A posteriori je pense qu'on était en pleine période de test et que Punk avait beaucoup de latitude pour tenter d'imposer quelque chose de nouveau, dans la lignée de ce qu'il avait proposé contre Jeff Hardy. La suite de cette époque nous ramène au début du Summer of Punk décrit plus haut.

 

 

On reconnaît un leader motivé à l'intensté de son langage corporel.

 

 

En gros sur ces trois années, je garde un excellent souvenir de la rivalité Punk-Hardy, et tout le reste a ressemblé à de grosses opportunités pas toujours bien saisies (la faute à la malchance, à des erreurs du management ou de Punk) avec des succès mitigés (de bons matchs globalement, des histoires innovantes, mais des potentiels qui semblaient énormes et qui ont été gâchés). Tout cela a constitué énormément de temps d'antenne et tout le monde connaît CM Punk depuis. Mieux, Punk s'est imposé comme un métamorphe génial à tous niveaux : tout à tour heel ou face, performeur solo ou en stable, leader iconique ou défié pour son autorité, catcheur ou commentateur, technicien ou comedy man, heel aigri ou rigolard, aux cheveux longs et à la barbe fournie jusqu'à la tête rasée, on a voulu imprimer dans notre mémoire qu'il savait tout faire et changeait sans arrêt. Tout cela fait aussi partie d'une stratégie globale à mon avis autant que d'une recherche.

 

 

Ah merde j’ai oublié ce détail : Hardy, c’est pas le logo de Pepsi qu’il a tatoué sur l’épaule, c’est celui de Johnny Walker.

 

 

Pour moi, l'idée derrière tout ça est que VKM cherchait depuis très longtemps à faire de Punk un personnage iconique : son plan sur la durée visait à établir Punk comme champion de l'IWC, car cet ex-indy a tout ce qu'il faut pour plaire aux fans hardcore et anti-establishment, à commencer par son background. Son approche du catch qui semble aller à l'encontre du management en fait la copie conforme de Austin adaptée à son temps. A la fin des années 90, le kayfabe était encore roi : insulter et tabasser son boss face au public avait valeur de catharsis et enflammait les foules. Dix ans après, l'anticonformisme passe par d'autres moyens, mais le fin fond de l'idée est le même : ce qu'on ressent comme anticonformiste a toujours autant de pouvoir de séduction.

 

La perception globale de la réalité a pris le pas sur le kayfabe, car il s'est imposé comme une nouvelle lentille entre le kayfabe et la réalité. L'ère de l'internet et la reality era font que les grilles de lecture ont trois niveaux : le pur kayfabe et le premier degré absolu qui sont la terre de prédilection des marks étant un extrême, opposé à la stricte réalité qu'on nous présente le moins possible et qui correspond à la vérité fondamentale des gens et des choses, et entre les deux ce que j’appellerais la perception de la réalité, qui n'est rien d'autre qu'un second degré de kayfabe à destination des smarts que nous sommes. Ce point est extrêmement important : il inclut toute la communication globale, la présence dans les médias, les rumeurs distillées habilement et tout ce qui touche aux catcheurs hors du pur kayfabe. C'est sur ce point précis que la légende de Punk s'est construite à mon humble avis.

 

 

Non parce que y a que de la daube à la télé là, genre Raw ! (issu du colossal http://cmpunkgifs.tumblr.com)

 

 

Dernière série de faits incontestables : le règne de 434 jours. On a déjà tout dit de ce règne au niveau chiffre, mais peut être pas assez creusé son contenu. Le règne en lui-même est à l'image de la carrière de Punk, avec des rebondissements majeurs et une hétérogénéité importante. Tour à tour top face ou top heel, Punk a eu plus de T-shirts différents pendant cette période que n'importe qui. On raille souvent les t-shirts changeants de John Cena, mais Punk a explosé tous les records sur ce règne. Tout cela a permis de ne pas se lasser de Punk ; imaginez un règne dans le même temps de Cena, 434 jours de Cena champion consécutifs, et vous verrez que la gestion du renouvellement a été vraiment efficace. D'ailleurs en parlant de Cena, et ce dernier l'a bien dit dans son discours lors du RAW qui a suivi le Rumble : en six rencontres, Cena n'a jamais réussi à vaincre Punk pour le titre. Le Champ' a jobbé pour CM, c'est incontestable. Les finishs non clean n'y changent rien, Punk a été montré comme plus malin et plus efficace, en un mot : meilleur. D'ailleurs l'opposition entre marks ciblés par les actions kayfabe ayant Cena comme champion, et smarts ciblés par les actions second degré ayant Punk comme champion, sont pour beaucoup dans l'établissement d'une égalité de considération entre les deux.

 

 

Le saviez-vous ? En devenant top face, vous gagnez vingt points de force et quinze points de résistance !

 

 

Autre argument très important, on a sacrifié Ryback à Punk. Le Skip Sheffield reloaded nous avait été vendu comme le nouveau big man à potentiel de la fédération. Ce format de champion a toujours été perçu comme le dada de VKM en termes de visage de la compagnie. Il a été buildé comme un nouveau Goldberg pendant des mois, et au moment où Cena s'est blessé, on a choisi de sacrifier Ryback à Punk plutôt que de trouver une solution alternative. Et en réfléchissant bien, de nombreuses possibilités existaient : l'idée de Major qui consistait à envoyer un face valeureux et ayant un historique commun avec Punk en la personne de Kofi était excellente, mais ne ménageait aucun suspense. On a préféré conserver Punk au cœur de l'intérêt des suiveurs en lui opposant le catcheur qui par définition semblait pouvoir briser son règne et avait tout à perdre : or il a justement tout perdu en brisant sa streak sur Punk.

 

Le symbole du sacrifice de son futur grand à Punk par VKM me semble un des signes les plus forts du degré auquel Punk est crucial. Enfin Punk a  fini par perdre face au Rock, mais quand on regarde les builds comparés de Cena-Rock et Punk-Rock, on voit une différence de traitement importante. Cena a toujours été montré inférieur à Rocky, en toute circonstances, et a perdu à la régulière sans aucune intervention. Punk a été montré toujours combatif, n'a jamais baissé les yeux et Rocky a fini plusieurs fois fracassé, apparaissant comme vulnérable. Le match lui même a vu des circonstances affecter le Rock, mais aussi Punk : quand ce dernier se re-blesse au genou, on ne peut s'empêcher de se dire qu'il n'était pas forcément à 100% et que ça peut expliquer sa défaite. En bref, on maintient dans l'esprit de tous que Punk est vraiment très fort, du niveau du mec le plus fort à la WWE.

 

 

– Cinq jours avant la fin de l’année, c’est Noël. Et tu as été un vilain garçon.

– Eh merde, j’ai énervé le père fouettard.

 

 

Autre point important : les ratings n'ont jamais été aussi mauvais qu'en fin d'année 2012. CM Punk comme champion a considérablement grevé les ratings de RAW, c'est malheureusement un fait. La tentation a dû être forte de faire gagner Ryback ou Cena, ce qui aurait inévitablement fait rebondir les chiffres (comme cela avait été le cas l'an dernier avec Del Rio champion, et Cena qui avait repris le titre pendant trois semaines). Mais VKM a préféré persévérer avec Punk champion, et ça me semble un énième signe très fort. A noter aussi que pendant longtemps en début de règne de Cihaime, John Cena faisait tous les main events de PPV de manière très discutable et on a tous gueulé sur plusieurs matchs qui n'avaient pas leur place en fin de soirée ; eh bien je reste persuadé que ça a été un moyen de protéger Punk et d'éviter qu'une potentielle baisse importante des ventes ne remette en cause la stratégie globale mise en place.

 

 

– Khhh… et dire que certains auraient voulu avoir Punk-Bryan en main event… Khhh…

M’en parle pas Johnny, y a des gens qui entravent rien au business.

 

 

Et je finirai avec une pièce cruciale du puzzle auquel on a eu droit cette année : le DVD de CM Punk. Je pense avoir prouvé de manière relativement indiscutable que Punk a eu plus d'opportunités que n'importe qui dans la même période, or le fantastique DVD de Punk insiste sans arrêt sur son côté vilain petit canard et son opposition au monde entier, son esprit combatif et sa faculté à réussir seul. Cette lecture est absolument discutable, mais tout aussi géniale. Ca fait du disque un outil de propagande fabuleux, sachant que le DVD en lui-même surpasse tout ce que la WWE a édité jusque-là : des images d'archives venant de toutes les fédés et une mise en scène très haut de gamme ont dû coûter un bras à VKM, mais l'impact et la qualité d'un tel outil de propagande dans la vision globale que VKM a de Punk entraient totalement dans la stratégie et justifiaient bien un investissement important. 

 

 

– Un jour Austin, toi et moi, on sera au sommet des deux plus grandes fédérations de catch du monde, j’en fais le serment !

J’y crois, CM, j’y crois !

– Allez on se dépêche les mecs, on doit rendre la salle dans une demi-heure, y a les filles de l’école d’à côté qui viennent pour leur entraînement de basket.

 

 

En conclusion il me semble clair que depuis que Punk est là, il est destiné à faire quelque chose de grand. VKM s'est depuis toujours intéressé de très près à CM, et l'a mis dans des conditions de rêve pour s'exprimer, autant qu'il avait par le passé bichonné un Cena ou un Rocky qu'il avait très tôt identifiés comme ses superstars à venir. Voilà qui rend très ironiques les reproches d'« asskisser » faites au Rock et à Cena justement, car leurs pushs doivent plus à l’intérêt de VKM qu’à leurs flatteries à son égard, et car Punk possède à mes yeux le même statut que les gens qu'il attaque (à commencer par l'oreille de VKM).

 

Le génie de la situation est que tout chez Punk est fait pour charmer l'IWC. Tous ses discours reprennent les critiques de fond qu'on voit circuler et qu'on relaye en permanence sur le net, Punk se présente comme la voice of the voiceless ; il est en fait la voice of the internet voices. L'impression qu'il fait partie de notre groupe est patente tant il maîtrise les codes de notre pop culture et de notre vision du monde, et les oppositions dans lesquelles il est sans arrêt impliqué vont dans ce sens. Le métabuild qui entoure Punk est très travaillé, ses oppositions parfaitement calibrées. Punk se bâtit comme le négatif de Cena et déclenchera bientôt les mêmes « mixed reactions » à ceci prêt que ses supporters et ses opposants seront au contraire de ceux du Marine. La métastoryline qui l'entoure est très travaillée, le soin qu'on apporte à son personnage et les possibilités qu'on lui laisse sont juste formidables. Je pense que tous les autres catcheurs doivent être verts de jalousie devant autant d'investissement, à commencer par Cena qu'on enferme dans un rôle monolithique et qui doit le lasser depuis une éternité. Cena adorerait probablement turner, changer de personnage, repartir sur quelque chose de complètement différent et avec des storylines innovantes, mais cela semble impossible, alors que dans le même temps Punk a fait plusieurs turns et a vécu plusieurs vies de catcheur.

 

 

– Prends ma main, je t’emmène au pays du mal.

Hey, y a pas écrit Festus là ! … Et crois bien que je le regrette.

 

 

Tout cela ne remet en rien en cause le talent de Punk : personne d'autre sans doute n'aurait eu le talent ou le background pour permettre une telle élaboration de personnage et prendre cette place. De plus je suis persuadé que Punk a largement participé à l'élaboration créative de sa carrière. Il a transformé en purs bijoux les joyaux bruts qu'on lui a remis comme autant d'opportunités, et je ne remets en aucun cas en cause le talent absolu du natif de Chicago. Mais je suis persuadé que cette trajectoire n’a été possible que parce que la WWE l'a voulu très tôt, et à toujours poussé dans ce sens. Si j'avais besoin d'une preuve je dirais que l'histoire de Zack Ryder prouve que quand la WWE ne veut pas de quelque chose, ça n'aboutit jamais.

 

Au final je crois que Punk est réellement identifié comme top star potentielle depuis très longtemps par VKM, et que tout son build a consisté, sans doute de manière très expérimentale, à en faire le champion d'une nouvelle ère. Ce succès à toujours été lié à une perception de l'IWC qui imaginait s'approprier Punk, alors que c'est sans doute le contraire qui a eu lieu. L'aboutissement de ce travail est excessivement réussi, et on tient sans doute là le dernier cadeau majeur de Vince au monde du catch. Cadeau dont on peut tous se réjouir ! A vous de me dire si cette thèse vous parait convaincante, et j'en profite pour remercier Axl pour son aide dans la réalisation de ce papier !

 

 

Merci patron ! Merci patron ! Ce que vous faites ici bas, un jour Dieu vous le rendra !


Publié

dans