Occasion manquée

L'occasion échappe et n'attend pas les lenteurs de notre paresse.
Démosthène.

 

Dimanche 3 avril 2016 se tenait à Arlington, Texas le plus grand événement de l’année pour l’entreprise de Vince Mc Mahon ci après nommée « WWE ».  Un stade immense réservé pour les circonstances, 100 000 personnes venues battre le record historique d’affluence qui tenait depuis presque trente ans, et des millions de fans à travers le monde rivés sur leur écran. WrestleMania, c’est le Superbowl du catch, la finale de la Ligue des Champions, le 14 juillet de la compagnie. Autant dire que la soirée pèse lourd et qu’elle est préparée depuis des mois, voire plus. L’entreprise s’est mis une pression supplémentaire pour sa 32ème édition en promettant, puisque « tout est plus grand au Texas », que le show sera le plus extraordinaire de l’Histoire.

Bon, ça y est, c’est passé. Alors, c’était si bien que ça ? A-t-on évité le pire WrestleMania de l’Histoire ?

 

 

Excusez-moi, je sors de la douche.

 

 

Nalyse de WRESTLEMANIA 32

 

L'occasion échappe et n'attend pas les lenteurs de notre paresse.
Démosthène.

 

Dimanche 3 avril 2016 se tenait à Arlington, Texas le plus grand événement de l’année pour l’entreprise de Vince Mc Mahon ci après nommée « WWE ».  Un stade immense réservé pour les circonstances, 100 000 personnes venues battre le record historique d’affluence qui tenait depuis presque trente ans, et des millions de fans à travers le monde rivés sur leur écran. WrestleMania, c’est le Superbowl du catch, la finale de la Ligue des Champions, le 14 juillet de la compagnie. Autant dire que la soirée pèse lourd et qu’elle est préparée depuis des mois, voire plus. L’entreprise s’est mis une pression supplémentaire pour sa 32ème édition en promettant, puisque « tout est plus grand au Texas », que le show sera le plus extraordinaire de l’Histoire.

Bon, ça y est, c’est passé. Alors, c’était si bien que ça ? A-t-on évité le pire WrestleMania de l’Histoire ?

 

 

Excusez-moi, je sors de la douche.

 

 

Nalyse de WRESTLEMANIA 32

 

 

Un p’tit mot sur le Pré-show

 

Une chose est sûre : tout est plus long à WrestleMania. Le spectacle dure presque 8h au total. C’est beau, c’est généreux, les gens en ont pour leur argent mais c’est trrrès long. Conséquence, la majorité du public a décidé de zapper le prélude pour ménager un peu ses escarres. Alors, quand Kalisto et Ryback se mettent sur la gueule pour le titre US, il est un peu étrange de voir l’alignement parfait des chaises vides aux abords du ring.

 

 

Bonsoir le Texas, comment ça vaaaa ?

– ça va merci.

-Moi aussi, tranquille.

– Un peu fatigué mais je me ménage.

 

 

Notons que les absents ne ratent pas grand-chose. Le petit mexicain est doué, mais j’ai tendance à trouver qu’il manque quand même un peu d’épaisseur pour tenir en solo. Il s’agit tout de même de l’homme qui a battu l’homme qui a mis fin au règne de John Cena, et pourtant personne jusqu’à ce que le Big Guy s’énerve ne semblait s’intéresser à son titre. Ryback justement est passé du côté obscur de la force. Tout turn s’accompagne d’un petit push, mais visiblement ce n’est pas suffisant pour lui donner le titre actuel le moins prestigieux de la fédération. Au bout d’une petite dizaine de minutes d’un affrontement convenable pour un Raw, la Salida del sol donne la victoire au champion.

 

 

#KalistoWinslol.

 

 

On continue le préshow avec une affiche qui, sur le papier, rappelle les tristes heures de la division des Divas. Les cinq filles de l’émission où elles sont Totales, à savoir Eva Marie, Brie Bella, Alicia Fox, Natalya et Paige affrontent un mélange de méchantes où Tamina, Naomi, Emma, Summer Rae et la nouvellement catcheuse Lana font équipe. Il y a du talent des deux côtés, mais pas que. Je dois avouer que, si Lana me laisse de marbre avec sa douteuse tenue de combat, Emma me fait mourir de rire avec ses lunettes noires. On dirait une petite collégienne fille à papa qui veut faire la dure à cuire.

 

 

Fashion week.

 

 

Au moment où la cloche sonne, face à cet étalage d’œstrogènes, nous sommes nombreux à visualiser le tragique match à élimination des Survivor Series 2014. Heureusement, ce temps est fini et bonne surprise, la rencontre est agréable à suivre. Entre autres grâce à la longue présence sur le ring de Paige qui saute notamment à l’extérieur sur ses adversaires, mais pas que !

Malheureusement, par hommage et parce que c’est sa dernière soirée de travail, la responsabilité de la victoire est donnée à Brie Bella qui place une Yes Lock. Mais non, chère WWE, nous les fans n’avons pas besoin que sa femme utilise sa prise de finition pour se rappeler de Daniel Bryan et honorer sa légende. Pour preuve les « Yes » chants utilisés fréquemment en diverses circonstances. A la fin de la rencontre, Nikki sort de nulle part dans une relative indifférence pour célébrer la victoire des filles de la téléréalité.

 

 

Les amis, cher public, ceci est mon dernier match…

– YES !YES ! YES ! This is awesome !

 

 

Le préshow s’achève par un petit combat entre les Usos et les méchants Dudleyboys. Peu d’intérêt dans cet affrontement plié en cinq minutes et gagné par les Samoans. Le segment s’achève par le passage à travers les tables des deux vétérans.

 

 

Table for four.

 

 

Finalement, la nouvelle majeure de ce pré-show, qui fera date, est l’annonce par Lita de la remise en activité de la légendaire ceinture des Femmes pour remplacer l’horrible papillon des Divas.

 

 

Canon, non ?

 

 

C’est ainsi que s’achève ce début de soirée non télévisé. Déjà, les impressions sont partagées. Le niveau dans le ring était moyen, c’est le moins qu’on puisse dire. Certains diront que « c’est normal pour un pré-show. » Mais faut-il que les matchs en prélude à WrestleMania 32 soient du niveau d’un Raw banal ? On peut se poser la question du contenu attendu pour ce bonus devenu systématique avec le Network. Est-ce seulement un moment destiné à prolonger artificiellement la soirée, distraire les premiers arrivants sans trop mettre le feu ? Ou pourrait-on valoriser ce « lever de rideau » pour y tester des choses nouvelles, des jeunes à mettre en valeur pour la suite, ou chercher la popularité d’une nouvelle gimmick ? Le débat peut être lancé et mérite un article spécialisé. Pour ma part, non, je ne suis pas très enflammé par ces trois matchs. Mais au moins, j'ai vu Paige.

 

 

Spectacle télévisé

 

 

Comme à son habitude, la retransmission commence par une interprétation de l’hymne américain. S’ensuit l’entrée survoltée de Dolph Ziggler face à un stade enfin rempli. Ça commence fort.

 

 

Intercontinental Ladder Match

 

 

Trop de participants pour permettre des excentricités pyrotechniques : chacun des engagés dans la bataille entre sobrement sur sa musique d’entrée. Rappelons le casting : Dolph Ziggler donc, le Miz, Sami Zayn, Stardust vêtu de pois, Sin Cara, Zack Ryder et Kevin Owens le champion actuel. Une liste hétéroclite, comme souvent dans ces affrontements à plusieurs, avec des favoris certains et d’autres individus qui semblent là pour faire le nombre. La stipu permet tous types d’actions, et les catcheurs présents ne s’en privent pas. Le match est animé, intense et spectaculaire. Que ce soit en utilisant les échelles ou simplement avec leurs poings et pieds, les athlètes s’en donnent à cœur joie pour s’éclater les uns les autres. La foule exulte lors du face à face Zayn-Owens qui se rouent de coups.

 

 

Tu as perdu, Sam ! Tu es mauvais !

 

 

Le rouquin est le premier à mettre le feu en plaçant sa ThunderBomb sur Ziggler, avant d’être renversé le dos sur une échelle par le leader de la KO-Mania, lui-même victime du Rough Ryder, et ainsi de suite la fête continue. Sami fait très très fort en faisant fi de toute superstition lorsqu’il passe à toute vitesse sous l’échelle et par-dessus la troisième corde pour atterrir sur ses ennemis massés à l’extérieur. C’est ensuite Sin Cara qui fait une tentative de suicide après élan pris sur la corde du haut. Stardust rend hommage à sa lignée en sortant une échelle à pois jaunes personnalisée mais elle ne lui sera pas profitable car Mizou lui porte son finisher sur la structure métallique. Les fans du Texas commencent à chanter leur joie devant un tel spectacle, et ce n’est pas fini.

 

 

Ha merde, en fait elle fait aussi le poids de mon père !

 

 

Le Long Island IZ impressionne en sautant du haut d’une échelle pour écraser son coude sur le torse d’un Miz inconscient. L’ancien Internet champion assure le spectacle et fait bien mieux que jobber. Sin Cara est le premier à effleurer la ceinture… Les Lucha Dragons sont proches de réussir le doublé, mais Owens précipite le Mexicain qui chute sur Stardust et brise avec lui l’échelle, couchée entre le ring et la barrière de sécurité.

 

 

Oh, pardon monsieur, je suis pris dans mon élan, je crois que je vais vous bousculer.

– Mais ne vous en faites pas, c'est notre métier je comprends bien les risques.

– Vous êtes bien civil.

 

 

La fin semble proche, Zayn tue vraisemblablement son rival canadien sur une échelle avant d’offrir un gros frisson de bonheur à la foule lorsqu’il atteint presque la ceinture… Espoirs réduits à néant par Le Miz qui se retrouve absolument seul au sommet. Le Moneymaker est persuadé d’avoir match gagné : trop confiant, il ne sent pas dans son dos monter Zack Ryder qui le pousse et décroche la timbale. Nouveau champion ! Incrédule, la foule explose de joie. L’Underdog ultime, celui dont les bookeurs n’ont pas voulu, triomphe à nouveau et sur la plus grande scène du monde alors que l’on croyait sa carrière finie depuis longtemps.

Voir Zack Ryder gagner, c’est la confirmation qu’un anonyme total peut parfois entrevoir la lumière. C’est Michał Kwiatkowski qui devient champion du monde cycliste, c’est le Danemark qui gagne l’Euro 92, c’est Calais qui arrive en finale de la Coupe de France. Cette sympathie naturelle que l’on a pour le petit, celui qui kiffe réellement son exposition car elle est totalement imprévisible et inhabituelle. Comme il le dira plus tard au micro de Maria Menounos, Zack peut être fier de sa carrière. Il aura eu un magnifique WrestleMania moment.

 

 

Après avoir vu ça on peut mourir tranquille ! Le plus tard possible, bien sûr.

– Oui alors pour ça papa, arrête les stéroïdes.

 

 

Bon, elle commence bien, cette soirée télévisée ! Et on enchaine par une affiche dont les suiveurs n’osaient pas rêver six mois auparavant : Chris Jericho contre AJ Styles. Dommage que ce soit déjà la quatrième du nom, mais c’est un challenge en plus. Les deux artistes pourront-ils élever leur niveau ?

 

 

Chris Jericho Vs AJ Styles

 

 

Voilà donc le Phenomenal sur la plus grande scène du monde, acclamé comme un roi, et ça déjà c’est bonnard comme disent les anciens jeunes. Malgré quelques errements sur sa fin de carrière, la foule continue aussi d’adorer Jericho et l’affrontement est bien soutenu. Le Canadien domine, avant d’être expulsé du ring suite à un sympathique mouvement d’AJ Styles qui anticipe le rebond de Y2J sur le coin du ring pour le contrer et lui infliger un DropKick. Les deux hommes se rendent coup pour coup et alternent les prises spectaculaires : Chris étale la face d’AJ sur le tablier depuis la troisième corde, chacun coince l’autre dans sa soumission, jusqu’à ce que l’Ayatollah of Rock’n’Rollah n’inflige son Codebreaker. Un, deux…simplement deux ! Le Phenomenal survit et réussit même à porter son Styles Clash. Un, deux… Jericho se relève également ! La foule est en délire. La légende de la TNA n’arrive pas à en finir malgré un 450 splash. Il se tient alors sur l’arête du ring, derrière les cordes, et fait lever les premiers rangs avant de s’élancer pour son coup de coude final. Hélas, le vieux roublard tatoué a senti venir et contre en Codebreaker, victorieux celui-ci même si botché.

 

 

De Jong style.

 

 

Au final, les deux rivaux livrent une belle prestation qui a eu sa succession de nearfalls et a ravi la foule. AJ Styles sort une première copie très correcte pour WrestleMania malgré son étonnante défaite. Les mauvaises langues diront que Fandango avait réussi là il échoue, ce qui prouve que la manière compte beaucoup. Il aura peut-être manqué à cette rencontre le petit truc en plus. En vrai, rien ne la distinguait spécialement des trois précédentes.

 

 

New Day Vs The League of Nations

 

 

L’ambiance déjà chaude monte d’un cran lorsqu’une boîte géante de céréales Booty-os se renverse sur la rampe d’accès, laissant s’échapper trois licornes vêtues des légendaires tenues du Commando Ginue et des Saïens soumis à Freezer. La référence manga est bien sûr adorée par les fans, et le trio musicien joue sur du velours. On attendait notamment d’enfin comprendre l’enjeu de cette rencontre. Finalement, pas de ceintures en jeu, pas de match à handicap : Woods, Kingston et E croisent le fer contre Sheamus, Del Rio et Rusev, accompagnés par Barrett qui reste au pied du ring.

 

 

It's over 9000 !

 

 

Les champions commencent fort, utilisant leur traditionnel tabassage dans un coin sur l’Irlandais. Xavier joue du trombone mais ne rit pas longtemps. La situation s’inverse, et le larron bien coiffé encaisse de sales instants de la part des méchants internationaux. Jusqu’au tag profitable, et Big E qui se précipite entre les cordes pour chuter sur le Bulgare, le rouquin et l’Anglais. Mais il reste Del Rio qui réussit à détruire à lui seul les deux autres membres du New Day. Les hommes légaux, malgré la pagaille, sont Sheamus et Kofi au milieu du ring. Le Ghanéen est projeté dans les cordes et encaisse un Bullhammer dans le dos de l’arbitre puis un Brogue Kick dévastateur.

 

Les méchants l’emportent, et ils sont très contents d’eux. Le King anglais se permet même de prendre le micro, lui qui a causé la victoire de son équipe bien que n’étant pas sur la feuille de match. Il fanfaronne, mais est vite interrompu par des musiques que la foule connait par cœur : qui voilà sur la rampe d’accès ? Shawn Michaels ! et Mick Foley ! Eeeeet Stone Cold Steve Austin ! Les trois légendes viennent régler leur compte aux freluquets : Sweet Chin Music sur Del Rio, Mister Socko pour Sheamus, énorme Stunner sur Rusev, et un panaché des trois pour Wade. Surexcités par cette triple apparition, les champions par équipe viennent danser avec les Hall of famer.

 

 

J'aime trop ton boule, j'aime trop ton boule de mec…

 

 

Mais Stone Cold l’a prouvé dans le passé, il est une vraie p’tite pute qui déteste qu’on lui vole la vedette : Stunner sur Xavier Woods. La foule adore. Ce mec est intouchable, je pense même qu’il aurait pu porter sa prise à Daniel Bryan ou à Konnor the Crusher sans recevoir la moindre plainte du public. Ce segment final est tout aussi jouissif que l’entrée de New Day, et ils permettent par leur enrobage de rendre marquant un affrontement qui fut très moyen entre les cordes. On a vu mieux des deux côtés.

 

 

Brock Lesnar Vs Dean Ambrose, No Holds Barred Street Fight match

 

 

Les fans les plus durs et les plus exigeants attendaient ce match comme le vrai main event de WrestleMania, l’affiche la plus alléchante. A ma gauche, le monstrueux Brock Lesnar, la bête incarnée, promesse de violence et de destruction. A ma droite, le masochiste fou furieux Dean Ambrose qui ne recule devant rien. Les deux se détestent, et tous les coups seront permis. De quoi se délecter d'un spectacle rappelant les grandes heures de l’ECW. Il n’en sera rien.

 

 

Mais il est tout petit !

– Non chéri, rassure toi, il est juste loin.

– Ha, ouf merci.

(Discussion normale au Texas)

 

 

En fait, il n’y a même pas eu de match. Juste une démonstration. Comme on aurait pu s’y attendre au vu de leurs confrontations lors des Raw précédents, le Lunatic a été inexistant. Résistant, certes, le natif de Cincinnati a passé la grande majorité de la rencontre à encaisser des Souplesses dans tous les sens pour un total de 13. Il doit ses quelques petits instants de sursaut à un vicieux coup de poing dans les noix du Minotaure et à l'usage des chaises. Mais ni la tronçonneuse de Terry Funk ni la batte barbelée de Foley, pourtant de sortie pour exciter la foule, ne seront utilisées. Chaque tentative est contrée par Lesnar qui l’emporte en seulement douze minutes grâce à un F-5 sur les chaises.

 

 

Eeeeet de treize !

 

 

La montagne a accouché d’une souris, et cet affrontement ressemble beaucoup plus aux squashs que le Mercenaire inflige à ses ennemis lors de Networks PPV qu’aux affiches haletantes et spectaculaires des grands soirs du Big Four. Déception à la hauteur de l’attente et résultat qui ne sert personne. Brock Lesnar est fort, on le savait déjà. S’il utilisait cette nouvelle victoire pour asseoir son statut légitime de favori au titre mondial, passe encore, mais tout le monde sait que cela ne sera pas le cas. Après deux bons matchs et la sympathique séquence par équipes, l'enthousiasme retombe.

 

 

Women Championship : Charlotte © Vs Becky Lynch Vs Sasha Banks

 

 

Après le traditionnel petit coucou des nouveaux Hall of Famer, c’est le moment pour les filles de montrer qu’elles peuvent tenir la dragée haute aux garçons. La révolution des Divas ayant pris sa source à NXT, la comparaison avec le récent affrontement entre Bayley et Asuka sera forcément faite. La barre est haute, et cela commence très bien par les entrées, puisque les protagonistes ont fait un effort à la hauteur de l’événement. Becky Lynch est toujours très belle dans ses cosplays, mais elle est éclipsée par Snoop Dog venu chanter en live l’entrée de sa Boss de cousine, ainsi que par Charlotte vêtue d’une luxueuse et pompeuse robe de son papa sous une pluie de feux d’artifice. Ces entrées customisées, l’enjeu du nouveau titre féminin, une carte de rêve, un public très concerné, tout cela donne presque à ce combat une allure de main event. Et ce fut le cas.

 

 

Snoop Doggy Dogg, qu'est-ce qu'on attend ?

 

 

Si l’on attendait encore un signal fort du renouveau de la division féminine, il est là. Le plus beau spectacle de la soirée fut assuré par trois athlètes exceptionnelles à qui on a donné les moyens de réussir. Je recommande vivement ces quinze minutes intenses et dynamiques, où se sont succédés les nearfalls, les souplesses arrière, les kickings de Lass, les soumissions, les sauts vers l’extérieur et les hommages de Sasha Banks à Eddie Guerrero. Alors que tout le monde attendait un triomphe de la Boss pour consacrer la plus talentueuse femme de l’entreprise et marquer les débuts d’un nouveau cycle, la championne bien aidée par son papa réussit à conserver son bien, ou plutôt à mettre la main sur le désormais nouveau trophée suprême des femmes. En effet, pendant que Charlotte maintient Becky dans son Figure Eight, le vieux tient la jambe de Sasha pour l’empêcher de casser la prise.

 

 

A 70 ans, on peut être encore l'idole des jeunes.

 

 

Si le résultat finalement assez convenu et répétitif (combien de fois Ric a sauvé les miches de sa fille ?), il permet d’étaler un peu les Feel Good moments dans le temps. Ce match en était un à lui tout seul, et permet de regarder la division des filles avec grand espoir en rayant le mot Diva du vocabulaire. Goûtons enfin l’explosion de feux d’artifice sur tout le stade, hommage à la nouvelle championne et à toutes les femmes qui ont réussi à renverser la situation d’une division laissée pendant des années à l’abandon.

 

 

Hell in a cell Match : Shane Mc Mahon Vs The Undertaker

 

 

Contrairement à l’affiche hardcore de Lesnar, cette rencontre avait plutôt tendance à inquiéter les suiveurs. Il faut dire que les quelques instants de baston offerts par le dauphin et le mort-vivant lors des soirées précédentes n’étaient pas pour rassurer sur leurs niveaux. Un non catcheur de 46 ans contre une légende qui porte le poids de plus de 25 années de carrière sur le dos, on peut légitimement douter de leur bonne condition physique. Rappelons brièvement l’enjeu qui fait tout le sel du combat: Si Shane Mc Mahon l’emporte, il gagne le contrôle de Raw et coûtera la carrière du Dead Man. En revanche, s’il s’incline, le patron reste le patron et le Phenom peut continuer sa route. Ce qui déjà est assez stupide : si Shane gagne, il devient le boss et peut donc tout à fait renverser la décision de son père, non ? Allez, c’est parti. Shane arrive avec ses trois garçons, symboles de l’avenir.  Déjà que chaque entrée macabre et lente de l’Undertaker est un évènement à lui tout seul, savoir que c’est peut-être la toute dernière, ça marque. Même si on la verra en live à Bercy-si les amis !

 

 

– Les enfants ! Ceci est un match sans disqualification ! J'en veux un qui saute à la gorge de la vieille sorcière et deux sur ses couilles.

– Yes, daddy !

 

 

Comme prévu, le rythme est très lent et les coups de poing de Shane sont ridicules. Le début de la rencontre fait vraiment peur et on craint la purge. Supérieur physiquement, l’Undertaker prend le dessus et déroule ses prises. Le Last Ride ne suffit pas, pas plus qu’un spectaculaire Chokeslam sur l’escalier que l’homme en noir a ramené sur le ring. Shane n’abandonne pas non plus dans le Hell’s gate et réussit même à renverser la situation : DDT sur l’escalier, prises de soumission et surtout sa spéciale, un Coast to Coast dans la poubelle en alu placée sur le Dead Man. Bon, c’est toujours pas très vif, on se repose beaucoup entre deux prises, mais les mouvements spectaculaires sont là.

 

 

Les vieux déchets, ça se recycle ! Lol, je suis bouillant moi ce soir.

 

 

Profitant de l’évanouissement de son adversaire, O’Mac prend une drôle de décision en dévissant les boulons de la cage à l’aide d’une pince. Forcément, ce qui devait arriver arriva : le Phenom speare le fils maudit et le mur s’écroule, les laissant gésir sur la table des commentateurs espagnols. C’est la porte ouverte (lol) à toutes les interventions possibles pour un match si lourd d’enjeu. Pourtant, très étrangement quand on connait les habitudes de papy Vince, les deux combattants bénéficieront d’une paix royale. Personne ne cherchera à interférer dans la rencontre. Faut croire qu'il était très confiant. Hors de la cellule infernale, les deux hommes passent à travers une table. Shane est le premier à se relever et  assomme le Dead Man à l'aide d'une boite à outils providentielle. Le regard de McMahon s’allume d’une folie nouvelle. Il a compris que face à l'Undertaker dans son jardin, seul un coup d’éclat extraordinaire peut lui donner la victoire. Il tente le tout pour le tout et grimpe sur le toit de la cage. La foule, sentant venir le spot de ouf, hurle sa joie, couvrant ainsi les appels à la raison de JBL et Michael Cole qui ne seront pas écoutés : Shane Mc Mahon, sous les yeux de ses enfants et de 100 000 personnes, saute de six mètres de haut et s’explose sur une table vierge. Au dernier moment, l’Undertaker a évité le coup.

 

 

Et merde. Control-Z, putain !

 

 

En plus d’être le moment le plus impressionnant de tout le show dont on verra un paquet de ralentis, il s’agit bien évidemment du tournant du match : Shane ne s’en relèvera pas. Le Dead Man traine son corps inerte sur le ring, lui donne une émouvante accolade en marque de respect, et lui éclate la nuque d’un Tombstone fatal. Finis les espoirs de conquête pour le fils prodigue, finis les rêves de révolution pour le public. L’Undertaker a été le maître dans son jardin, dans sa stipulation et Shane part sur civière.

 

 

André The Giant Memorial Battle Royal

 

 

Condamnée au pré-show pendant deux ans, la Bataille royale hommage au grand français gagne souainement en exposition ce qu’elle perd en participants (20 contre 30). Une floppée de jobbeurs envahit le ring, on reconnait les Social Outcasts, le revenant Sandow et la caution NXT représentée par Baron Corbin. Puis, les personnalités plus importantes gagnent le droit d’arriver sur leur musique d’entrée. C’est le cas de DDP et des trois monstres Kane, Mark Henry et le Big Show. Puis, surprise sympathique, le dernier entrant s’appelle Shaquille O’Neal ! Le basketteur est encore plus grand que tous les géants de la WWE. Malheureusement pour lui, comme toujours dans les batailles royales les plus grands sont les cibles prioritaires. L’ex star de la NBA dégage en même temps que le plus large athlète du monde, victimes du collectif.

 

 

Big Show The Giant has a posse.

 

 

Ensuite, le casting de jobbeurs s’entre élimine. Les Social Outcasts sortent le couple Goldust-Truth, avant d’être détruits par Kane. Mon petit chouchou Tyler Breeze ne fait pas meilleure impression et est sorti par Mark Henry. Finalement, le Big Red Machine gicle simultanément Bo Dallas et Darren Young et croit avoir gagné la soirée, mais il a oublié Baron Corbin qui arrive par derrière et remporte donc la bataille royale !

Victoire qui permet aux non suiveurs d’NXT de découvrir le gaillard, promis à rejoindre immédiatement la grande ligue. Les fans du show jaune, eux, se désespèrent de voir cet abruti maladroit voler l’exposition que bien d'autres jeunes talents mériteraient d’avoir.

 

 

Une récompense prometteuse pour un p'tit jeune ravi d'être là.

 

 

Records battus

 

 

Il ne reste qu’un match sur l’affiche, et c’est le combat tant attendu pour le titre suprême. Mais avant ça, une bande de ravissantes Pom-Pom girls introduit le plus grand champion de la discipline d’après Mc Mahon lui-même : Dwayne The Rock Johnson ! Le Samoan débarque avec un lance flammes et son nom en lettres de feu. C’est complètement kitsch mais c’est très drôle et Rocky est bien sûr le maître pour mettre la foule dans sa poche en quelques phrases.

 

 

IF YOU SMMMEEEELLL un peu le crâmé, c'est normal.

 

 

Ce mec a évidemment un putain de don et un charisme quasiment matériel. Sa voix, ses intonations, il maîtrise tout pour être captivant. Dommage qu’il dise si souvent des conneries. Bon, là, il est pas venu dire grand-chose à part que Finally, WrestleMania a battu son record de fréquentation avec 101 763 personnes venue assister au plus chaud de tous les shows. Mais les lumières, soudainement s’éteignent et 101 763 smartphones éclairent le chemin de la famille Wyatt vers le ring. Bray est venu s’en prendre à celui qui symbolise la réussite, le pouvoir mais aussi le mensonge. Et il est prêt à éviscérer le Rock sur le ring, ce qui risque d’affecter grandement la classification PG de la soirée.

 

 

Je m'baladais sur l'avenue, le coeur ouvert à l'inconnu…

 

 

Mais le massacre vient du cousin de Roman Reigns : attaqué sur sa légitimité, sur sa carrière et son honneur, il répond en imitant Bray comme un gamin et se moque du physique des trois frères. Piqué dans son amour propre, il tape un semi strip tease pour se retrouver en slip de combat et réclamer sur le champ un match contre le gourou. Finalement, Eric Rowan remplace son chef, l’arbitre sonne la cloche, Rock Bottom, c’est plié. Le People Champ avait promis d’écrire l’histoire ce soir, il réussit à effacer le match de Chavo et Kane des tablettes : six secondes seulement de combat. Furieux, les Wyatt l’encerclent et s’apprêtent à se venger. C’est sans compter sur l’intervention inattendue du héros de toujours, le guerrier revenant de blessure : John Cena, le Champ himself.

 

 

John, mon ami ! Sais-tu que notre affrontement à WrestleMania 28 est le plus visionné sur le WWE Network ?

– Ha bon, c'est vrai ?

– Autant que la fréquentation annoncée ce soir. Lol.

 

 

Le retour du 15 fois champion du monde est moyennement accueilli par la foule qui scande les « John Cena sucks » au rythme de sa musique. A deux, le scenario n’est plus le même : à coups de dévastateurs Five Knuckle Shuffle et People’s Elbow, les légendes éliminent la famille en or. Il faut souligner que c’était tout de même le premier WrestleMania sans un match du Marine depuis 2003.

 

 

WWE Championship match : Triple H © Vs Roman Reigns

 

 

Voilà enfin le moment tant attendu et redouté. Il y a tout de même une certaine attirance un peu voyeuriste malsaine envers cette rencontre : comment la WWE va-t-elle se sortir de la merde dans laquelle elle s’est mise en choisissant contre vents, marées, humiliations et polémiques de conserver Roman Reigns, honni héros, contre Triple H, populaire méchant ? Changements de plans ? Interventions ?

 

Tout reste en suspens lorsque Steph Mc Mahon sort des entrailles de la terre, habitée par la haine, masquée d’une tête de mort. La reine s’élance dans une diatribe délicieusement méprisante envers la masse anonyme de perdants qui la regardent, se plaçant elle et son mari loin au dessus de la mêlée pathétique. Ce soir, elle promet la destruction de tout espoir et la domination suprême de Triple H. Le Roi des rois régale la foule de son entrée baroque et rock’n’roll comme chaque année. Il entre ici en champion pour la première fois depuis 2009 et n’a pas perdu de condition physique, au contraire. Enfin, le challenger sort des vestiaires pour gagner le ring, la réaction de la foule se retrouvant bien couverte par la musique mais les huées transpercent lorsqu’il se dresse fièrement sur le turnbuckle ou lorsque Lilian Garcia le présente.

 

 

Merci pour votre pognon, bande de sous-merdes !

 

 

Quelques jours avant le grand soir, la rencontre était annoncée comme un No Disqualification match, permettant de multiples interventions. Finalement et sans motif, il n’en est rien.

Les deux hommes se haïssent et se rouent de coups à tour de rôle, mais le malaise persiste : chaque domination du challenger est accueillie par des huées, alors que les réveils du Game sont acclamés. Même lorsque le champion profite d’une intervention de Steph pour placer un lowblow, la foule applaudit. Jusque là dominé, le vétéran en profite pour prendre le contrôle. Comme depuis des mois, il utilise la dernière table de commentateur pour martyriser le visage du beau Roman et lui porte un beau Neckbreaker sur le sol. Le match se poursuit un bon moment hors des cordes : Reigns est projeté sur la table mais se relève et Speare Triple H à travers la barricade qui s’écroule sous le choc. Stephanie supplie ce gland d’arbitre de commencer le décompte à l’extérieur, car tout match nul sauve le trône de son mari. Mais rien n’y fait et le combat continue.

 

 

Mange tes morts, Roman !

 

 

Touché à l’épaule, le Big Dog subit ensuite plusieurs soumissions du Game en serrant les dents avant de réussir à porter un nouveau Spear ! En plein centre du ring, la victoire est certaine… mais la Queen éjecte l’arbitre et l’empêche de finir son compte. Elle monte alors sur le tablier pour insulter le pauvre homme en zèbre, avant d’encaisser à la surprise générale un nouveau Spear ! Voilà enfin la foule un peu réveillée par cette action inhabituelle. Rampant hors du ring, la fille chérie tend à son mari de quoi en finir : le SledgeHammer.

 

 

Hé, Ambrose, tu sais que je visite de temps en temps la femme du chef ?

 

 

Hunter s’empare du marteau, le dresse vers son vis-à-vis mais tant qu’il ne l’a pas touché l’arbitre ne sonne aucune disqualification. Il ne le touchera jamais : Reigns évite le coup, rebondit sur les cordes, nouveau Spear, victoire. La musique tonne dans l’arène, les feux d’artifice explosent tout autour du stade. Un nouveau roi est couronné : pour la troisième fois en même pas six mois, Roman Reigns devient WWE Champion.

 

 

Hé les mecs, j'ai gagné ! Bah, ils sont tous partis ? Ha oui. Ce doit être pour éviter les bouchons.

 

 

Le combat aura tout de même duré vingt-sept minutes. Pourtant, à part une traversée de barricades et un Spear sur la taulière, rien de marquant ne l’aura animé. Allons-y plus directement : c’était un mauvais match, pas du tout à la hauteur de l’événement et incapable d’inverser la grogne du public. Le Samoan n’a pas convaincu ni impressionné. Il n’a pas réussi à élever son niveau au point de retourner la foule avec lui, malgré un adversaire en bonne forme. Il est vrai que son niveau d’impopularité est maximum, mais il a déjà par le passé contre Bryan ou le Big Show réussi à faire taire les critiques en sortant une grande performance. A WrestleMania 32, c’était l’occasion ou jamais. Elle est ratée.

 

Le show est achevé, et force est de constater que la déception du main event pèse lourd. C'est la tête d'affiche, le bouquet final, celui qui est mis en avant. La WWE courait à la catastrophe en conservant le scenario initial, et ce fut le cas. Le bilan global du WrestleMania en est affecté. En vrai, le PPV dans son ensemble laisse un goût mitigé et pas à la hauteur des promesses. Le pré-show fut du niveau d'un Raw moyen. Puis, la soirée s'est parée de magie et d'exceptionnel. Le Ladder match, les débuts d'AJ Styles et le show du New Day furent réussis. Saluons surtout une révolution marquée par l'exceptionnel match féminin qui a été véritablement le climax du show.

Cela dit, le monde entier attendait surtout trois affiches : le match hardcore, le match en cage et le main event. Le premier a grandement déçu, le deuxième a rempli son cahier des charges niveau spectacle sans aller au-delà des attentes, et le final fut donc raté. A tous les niveaux, cette trente-deuxième édition si attendue est clairement un ton en dessous des deux précédentes. Il est vrai que les organisateurs ont dû compter avec de nombreuses défections et blessures, mais cela n'excuse pas tout et le casting disponible aurait dû offrir une bien plus grande fête.

 

 

THAT was wrestling !

 

 

Tiens d'ailleurs, et si l'on comparait ce qui s'est passé avec mon Worst WrestleMania ever fantasmé ? Dans cet article ironique, j'avais envisagé des situations improbables et totalement dérangées dont certaines m'avaient valu d'être traité d'esprit malade. Je n'en étais pas peur fier !

J'avais correctement pronostiqué le squash rapide des Dudleys par les Usos, ainsi que la victoire de la Ligue of Nations et celle de Zack Ryder ! En revanche, le rôle de la Wyatt family fut plus anecdotique que je ne le pensais, personne n'a interféré dans la cage et l'Undertaker n'a kissé aucun ass. J'en suis presque déçu. Il est d'ailleurs remarquable que tout le show se soit déroulé dans un consensus total et très propret : pas d'interventions illicites, pas d'arnaques, pas d'overbooking bigger than life. Et si c'était ce grain de folie qui avait manqué ?

 

Alors, certes du point de vue purement comptable, ce WrestleMania est un succès qui bat la précédente édition en terme d'audience, de fréquentation, de ventes et de produits dérivés. Mais personnellement, je craignais à la fois le pire tout en attendant bien mieux. Nous verrons désormais ce que le reste de l'année nous réserve. Peut-être que délivrés de la pression de bien faire pour le GranDaddy, bookeurs et athlètes vont enfin nous régaler ?

 

 

A l'année prochaine !


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