I’m Arthemiz, and I’m plaaaaaagié!

Copier sur un seul, c'est du plagiat. Copier sur deux, c'est de la recherche.

Wilson Mizner

 

C’est la rançon de la gloire interstellaire qui est la nôtre: en mettant en ligne des centaines d’articles, on a fini par attirer des yeux indélicats et des mains qui manient parfaitement le redoutable move ctrl C / ctrl V. Or les articles, c’est comme les prises de finition: quand on est bien élevé, on ne vole pas ce que font les autres.

 

 

Vamos a la plagiat!

 

 

Plagiat d’un article des Cahiers du Catch par Version Femina / La Voix du Nord

 

Copier sur un seul, c'est du plagiat. Copier sur deux, c'est de la recherche.

Wilson Mizner

 

C’est la rançon de la gloire interstellaire qui est la nôtre: en mettant en ligne des centaines d’articles, on a fini par attirer des yeux indélicats et des mains qui manient parfaitement le redoutable move ctrl C / ctrl V. Or les articles, c’est comme les prises de finition: quand on est bien élevé, on ne vole pas ce que font les autres.

 

 

Vamos a la plagiat!

 

 

Plagiat d’un article des Cahiers du Catch par Version Femina / La Voix du Nord

 

 

C’est une (més)aventure qui guette bon nombre de sites Internet: se faire purement et simplement repomper tout ou partie d’un article par quelque journal papier.

 

Bah oui, mettez-vous un instant à la place d’un journaliste professionnel chargé par sa rédaction de pondre un article sur un sujet qu’il maîtrise moyennement, voire pas du tout. Que fait-il, le journaliste? Option 1 (dite option Albert Londres): il prend le taureau par les cornes, étudie le sujet, appelle des spécialistes pour se renseigner, lit plein de choses sur le thème et finit, après un certain temps de travail, par publier un article correct. Option 2 (dite option gros paresseux qui a séché les cours de déontologie au CFJ): il googlise quelques mots-clés, déniche un article sur le net, en copie des passages entiers, complète un peu avec des extraits d'autres articles également trouvés sur le net, et rend le patchwork ainsi créé à son rédac’ chef, tout fiérot. Ah, c’est quand même pratique, Internet!

 

Cette Option 2, nos amis et inspirateurs des Cahiers du Football l’ont expérimentée à leurs dépens il y a quelques années, au cours d’une affaire qui avait fait un peu de bruit dans le Landerneau à l’époque (les détails ici). Au moins l’indélicat pompeur des CDF avait-il eu la décence (ou la précaution) de les mentionner en passant dans "son" article… Rien de tel dans notre cas, dont voici l'exposé, dans l'ordre chronologique.

 

 

Début février 2010

Le sémillant et enthousiaste Arthemiz Gordon, qui nous fait pratiquement depuis la naissance de notre site l'amitié d'en être un rédacteur régulier — pour ceux qui ne font pas attention aux signataires des papiers, il est notre chroniqueur attitré de Superstars et notre spécialiste maison de l'ICWA —  rédige plusieurs articles consacrés à l'International Catch Wrestling Alliance (ICWA, donc). Avec un enthousiasme communicatif, il nous présente cette puissante fédération de catch française implantée dans le nord de l'Hexagone, interviewe son président Pierre "Booster" Fontaine, passe le roster au crible et illustre tout ça de plusieurs vidéos. Vous pouvez trouver tous ces papiers dans notre rubrique "French Touch".

 

L'ICWA a été choisie par Canal Plus pour fournir le décorum de sa série consacrée au monde du catch, "Catch-moi". Gordon s'est rendu sur le lieu du tournage et y a passé la journée. Il en tire un article détaillé, dans lequel il nous explique le principe de la série, narre les coulisses du tournage, interviewe l'actrice principale (le veinard), etc. Le papier, mis en ligne le 13 février, est ici.

 

Bon, très bien, super, on passe à autre chose.

 

Sauf que.

 

8 mai 2010

"Catch-moi" va être diffusée sur Canal Plus. La presse y consacre plusieurs articles, normal. L'un de ces articles paraît dans Version Femina, édition Nord Pas-de-Calais. Pour info, Version Femina est un supplément hebdomadaire visant au premier chef un lectorat féminin, distribué avec le Journal du Dimanche dans tout le pays et, aussi, avec divers titres de la presse quotidienne régionale, notamment La Voix du Nord dans le Nord. Il est édité par Hachette Filipacchi Médias. Voici un extrait de la présentation de sa version "Nord":

 

"Premier titre de presse féminine dans la région, Version Femina se démarque grâce à son cahier régional, qui propose chaque semaine des sujets rédactionnels, aux thématiques proches des lecteurs : maison, enfant, mode…

Avec une cible principalement féminine, ce magazine est lu chaque semaine par plus de 1 017 000 lecteurs."

 

Un magazine populaire, donc, et au contenu adapté à la région où il est en vente. Pas étonnant, dès lors, qu'un exemplaire en traîne dans le salon de la famille Gordon, qui réside justement dans le Nord.

 

L'ami Arthemiz, qui ne s'intéresse pas seulement au catch mais aussi aux recettes de cuisine, conseils beauté, tests psycho et autres rubriques récurrentes de Version Femina, feuillette le journal. Soudain, son regard d'aigle s'illumine: tiens, là aussi, il y a un article sur "Catch-Moi", cette série au tournage de laquelle il a assisté quelques mois plus tôt et à propos de laquelle il a publié un article sur les CDC! Voyons ce qu'ils en disent, se dit Arthemiz. Et là, surprise!

 

L'article en question est en bonne partie une reprise pure et simple du sien! 

 

 

Si on nous avait dit qu'on serait un jour plagiés par un magazine, on n'aurait pas spontanément pensé à celui-là.

 

 

Arthemiz se frotte les yeux, se jette sur son ordi et retrouve son papier. Pas de doute: des phrases entières, des tournures complètes, des informations précises qui étaient dans son papier sont recopiées à l'identique ou presque, modulo quelques petits arrangements (notamment parce qu'Arthemiz employait parfois des termes du jargon du catch dont les lecteurs des CDC sont, à l'évidence, plus familiers que ceux de Version Femina). Damn, comme dirait l'autre.

 

 

Voilà, comme ça.

 

L'article est signé d'une certaine Virginie Thailly, qu'Arthemiz ne connaît ni d'Eve ni d'Adam.

 

 

Avant d'aller plus avant, voici le lien vers l'article en question. Et en voici un scan.

 

Vous pouvez le comparer avec celui d'Arthemiz. Pour ceux qui ont la flemme, voici un "face à face" assez éloquent.

 

 

Arthemiz: Caméras, éclairages en tout genre, bannières Canal+ pour décorer les abords du ring, titantron, et surtout l'affiche qui décore entièrement la salle, et qui annonce le retour de notre héroïne sur ses terres: Elle revient, c'est la Bomba Léa.

 

Virginie: Caméras, éclairages, ring et surtout affiche géante annonçant le retour de l'héroïne sur ses terres, « Bomba Léa : Elle revient ! ».

 

 

Arthemiz: La journée commence pour moi vers 12h (…) Nous en sommes au seizième jour et la journée est consacrée aux répétitions du Main-Event qui scellera le dénouement de l'histoire.

 

Virginie: C'est le seizième jour de tournage et il n'est que 12 h 30. Une journée consacrée aux répétitions du main-event de ce soir le combat qui scellera le dénouement de l'histoire.

 

 

Arthemiz: Les acteurs entrent en jeu. Le but est de travailler des mouvements sans la présence du public, afin de faire des raccords en cas de botch durant le show. (…). Les combats seront donc filmés en plan-séquence par une caméra aérienne, afin qu'on ne se rende pas compte des artifices.

 

Virginie: Les acteurs entrent en jeu et enchaînent des mouvements sans la présence du public. Le but : pouvoir faire des raccords durant le show de ce soir. Les combats seront filmés en plan séquence par une caméra aérienne, afin qu'on ne se rende pas compte des artifices.

 

 

Arthemiz: Le but cinématographique étant ici d'enregistrer les réactions du public pour les intégrer à la bande-son.

 

Virginie: Ce soir, les réactions du public seront enregistrées pour les intégrer à la bande-son.

 

 

Arthemiz: Que vient faire l’ICWA là dedans? Elle est la garantie technique, fournissant matériel, conseils et doublures.

 

Virginie: Ici pros du cinéma et catcheurs de l'ICWA de Béthune (International Catch Wrestling Alliance) travaillent main dans la main, cette dernière étant la garantie technique, fournissant matériel, coaching des acteurs et doublures.

 

 

A gauche, le papier d'Arthemiz. A droite, celui de Virginie.

 

 

Pour info, les phrases de Virginie ici citées représentent 38,4% de la totalité de son article.

 

Accessoirement, une partie du reste de son papier est reprise telle quelle d'un article de sa collègue Isabelle Mastin, paru le 5 décembre 2009 dans la Voix du Nordet intitulé  "« Catch moi si tu peux » : les figurants du Béthunois aux premières loges". L'article en question est accessible ici.

 

Ainsi, des phrases de Virginie Thailly qui sentent le vécu, comme "Mehdi Ouahab revisionne la dernière scène tournée" ou encore "De chaque côté du ring, des rangées de spectateurs attendent sagement le prochain clap." sont copiées sur l'article d'Isabelle Mastin.

 

Quant à la conclusion de Virginie Thailly ("Dans cette nouvelle saison, les téléspectateurs retrouveront Mathias, trois ans plus tard après sa rupture d’avec Léa, qui a arrêté le  catch  et qui semble l’avoir oublié."), il suffit de la googliser pour se rendre compte qu'elle est citée  à l'identique sur de nombreux sites parlant de la série, et vient donc très probablement du dossier de presse concocté pour l'occasion par Canal.

 

Entendons-nous bien: ce qui nous intéresse, nous, c'est le plagiat éhonté de l'article d'Arthemiz Gordon publié sur les CDC. Que les journalistes d'un même journal se refilent des bouts de papiers entre eux, ou bien que le dossier de presse soit repris tel quel dans un article, cela n'a rien de nouveau et ne nous concerne pas. Si on le mentionne, c'est parce que cela nous semble montrer la façon dont Virginie Thailly a abordé l'écriture de son article: google + couper/coller, et hop.

 

Sauf que voilà, les Cahiers du Catch, ce n'est ni La Voix du Nordni le dossier de presse de Canal. C'est [ton mélodramatique] un site de passionnés qui rédigent gratuitement, pour leur plaisir et celui, du moins on l'espère, des lecteurs du site, des articles sur leur hobby commun. [/ton]. Gordon n'a pas été payé pour son papier, évidemment, puisque les CDC, c'est comme le crime, ça ne paie pas. En revanche, Virginie Thailly, elle, est une journaliste professionnelle qui a évidemment perçu de l'argent pour un article qu'elle a en grande partie recopié depuis notre site. Sans jamais nous demander l'autorisation, sans jamais nous prévenir, ni au moment de la "rédaction" de son article, ni après sa parution. Charmante méthode.

 

 

Vintage journalism!

 

 

Toujours le 8 mai 2010

Gordon prévient la rédac des CDC de ce fâcheux incident.

 

 

11 mai

Après conciliabule entre l'auteur plagié et la rédac, nous trouvons sur le net le mail de Virginie Thailly et lui envoyons un mail dans lequel nous faisons part de notre surprise et de notre mécontentement. Mais vu qu'on ne va pas non plus lui coller un procès, on lui propose une solution qui nous satisfera symboliquement: puisqu'elle écrit dans ce journal très lu dans le Nord, où la mode du catch est encore plus en vogue que dans le reste du pays, nous lui demandons si elle peut rédiger un autre article sur le phénomène du catch, dans lequel elle mentionnera les CDC. On a bien conscience que cela ne nous amènerait pas forcément des dizaines de milliers de lecteurs supplémentaires, mais bon, ça sera déjà ça, toujours un peu d'exposition mainstream, ça ferait pas de mal. Nous la prévenons également que si elle refuse, nous n'aurons pas d'autre choix que de révéler l'affaire sur notre site, ce qui nuira probablement à sa réputation. A ce moment-là, on se dit que Virginie a juste fait une bêtise, se disant qu'on était un site officiel de l'ICWA ou un truc dans le style, et qu'elle pouvait reprendre des parties entières de nos papiers pour alimenter les siens. Et nous espérons que, prenant conscience de son erreur, elle nous présentera ses excuses et acceptera notre proposition de règlement à l'amiable.

 

 

12 mai

Virginie nous répond d'un mail très bref par lequel elle accuse réception de notre mail.

 

 

16 mai

Nous découvrons que l'article incriminé de Virginie est en ligne sur le site "La Voix au féminin", version spécialement destinée aux femmes de La Voix du Nord.L'article a été mis en ligne le 13 mai, soit le lendemain du jour où Virginie a accusé réception de notre mail. Elle était donc au courant de notre mécontentement mais n'a rien fait pour s'opposer à la mise en ligne du papier. Pour info, voici ce qu'on trouve dans les "conditions légales" publiées sur ce site:

 

"L'ensemble des éléments constituant le site www.lavoixaufeminin.fr (textes, graphismes, logiciels, photographies, images, vidéos, sons, plans, noms, logos, marques, créations et œuvres protégeables diverses, bases de données, etc.…), ainsi que le site lui-même, relèvent des législations françaises et internationales sur le droit d'auteur et la propriété intellectuelle.

 

La Voix du Nord Multimédia, dispose de la jouissance de ces éléments à titre exclusif, hormis les éléments réalisés par des intervenants extérieurs qui n'auraient pas cédé leurs droits d'auteur."

 

On rit jaune.

 

 

Salut, on est les CDC et on aimerait discuter un peu de propriété intellectuelle.

 

 

18 mai

Rien de nouveau. Aucun mail de Virginie. Du coup, nous la relançons, expliquant qu'en l'absence de réponse immédiate de sa part, nous porterons l'affaire "en place publique", à savoir qu'on racontera tout ça sur notre site.

 

Elle nous répond froidement ce même jour, pour nous dire… "Pour information vos emails et par conséquent vos requêtes, ont été transférées directement au service juridique du journal La Voix du Nord."

 

Waaaah, le service juridique! Super! On lui demande immédiatement quand est-ce que nous aurons des nouvelles dudit service juridique, et quelle est la personne chargée du dossier. Comme ça, on pourra voir ça directement avec le responsable juridique!

 

Hélas, Virginie ne répondra jamais à ce dernier mail. A ce jour, nous n'avons plus eu de ses nouvelles.

 

 

20 mai

Rien de nouveau. On commence à se dire que l'affaire risque de durer, or nous n'avons aucune intention d'attendre benoîtement un éventuel appel du service juridique de la Voix du Nord pendant encore des semaines ou des mois. Nous prenons donc les devants et trouvons les coordonnées de Bruno Contestin, directeur juridique du groupe Voix du Nord.

 

Nous le mailons pour lui expliquer l'affaire (dont il doit déjà être au courant, si Virginie Thailly l'en a effectivement informé) et pour exposer notre point de vue. Seulement, à ce moment-là, il n'est plus question de ne demander qu'une mention des CDC dans un article de la Voix du Nord.

 

Virginie Thailly a été rémunérée pour un article en bonne partie écrit par Arthemiz Gordon. Le fait que ce dernier était chômeur à l'époque et ne roule pas précisément sur l'or aggrave notre ire. Nous demandons dès lors à la fois la publication d'un article nous citant expressément et le versement à Arthemiz d'une indemnité financière correspondant à la somme touchée par Virginie Thailly pour son article. (Evidemment, on a bien l'intention de subtiliser le fric au passage et de le boire, mais ça, Arthemiz l'ignore, hahaha!).

 

 

27 mai

Une semaine sans réponse de la part de M. Contestin. Nous le relançons. Là-dessus, alleluia, il nous répond! "Je prends connaissance de votre message à cet instant. Je fais le point en debut de semaine prochaine avec notre journaliste afin d'étudier ce dossier et reviens vers vous des que possible."

 

 

7 juin

Rien de nouveau. Nous le relançons.

 

 

9 juin

Toujours rien. Nous prévenons M. Contestin de l'imminente publication sur les CDC de toute l'histoire.

 

 

11 juin

Bah voilà, c'est aujourd'hui, et on en a pour ainsi dire assez, d'où la révélation de cette affaire édifiante sur nos pages, en espérant que ce récit sera également diffusé sur les sites qui scrutent le fonctionnement des médias.

 

En résumé, l'affaire, c'est ça:

1) un site Internet publie un article rédigé par un de ses contributeurs bénévoles;

2) l'article est recopié en grosse partie dans une publication papier diffusée à 1 million d'exemplaires, signé d'une journaliste maison;

3) en dépit de nos protestations, l'article est mis en ligne sur le site de la publication en question;

4) nos nombreux mails reçoivent une réponse lapidaire nous informant de la saisine du service juridique;

5) le service juridique nous fait lanterner des semaines.

 

 

Voilà qui en dit long sur les méthodes d'un certain type de journalistes et sur le mépris dans lequel ils tiennent des sites de bénévoles… sites dans lesquels ils n'hésitent pourtant pas à puiser quand les connaissances ou l'inspiration viennent à leur manquer.

 

 

C'est quoi que t'es en train de lire, les CDC?

Oui. Ah non, pardon, c'est "la Voix au Féminin". Faut dire que ça se ressemble drôlement.

 

 

Peut-être avez-vous trouvé cet exposé trop long et détaillé, mais il nous semblait important de raconter l'histoire telle qu'elle s'est passée. Dites-nous ce que vous en pensez et n'hésitez pas à faire circuler ce post. Ce n'est pas grand-chose, of course, mais on est assez énervés par le mépris dont nous avons fait l'objet tout au long de ces démêlés.

 

Dans la présentation qu'elle fait d'elle-même sur un blog, Virginie Thailly affirme aimer "peindre les gens avec des mots". Il faut croire qu'elle aime tout autant le faire avec les mots des autres.

 

 

Ouais. Ou sinon, on peut juste recopier sur les autres, ça marche aussi.


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