Money In The Bank 2015 : La voix des échelles

Pour les Irlandais, il y a un paradis spécial.

Laréplik, Le temps est assassin

 

Nous sommes le 14 juin au soir et la WWE organise à Columbus dans l’Ohio son troisième PPV en à peine un mois. La cadence est folle en cette fin de printemps. En cause, le développement du Network qui incite la fédération à proposer de plus en plus de contenu. Vingt-huit jours après Payback, quinze jours après Elimination Chamber, voici une nouvelle grosse soirée pour le monde du catch : Money In the Bank. En vedette de cette nuit, la désormais fameuse mallette miracle, qui offre un contrat en or pour devenir champion du monde à qui la remportera. Mais le show fut si riche en enseignements, en surprises et en spectacle, qu’il serait réducteur de ne retenir que cet événement. Pour le tout premier PPV nalysé par mes soins au sein des Cahiers du Catch, j’ai la joie d’annoncer que je suis tombé sur un beau morceau.

 

 

Un beau morceau de blanc.

 

 

Nalyse de Money in the Bank

 

Pour les Irlandais, il y a un paradis spécial.

Laréplik, Le temps est assassin

 

Nous sommes le 14 juin au soir et la WWE organise à Columbus dans l’Ohio son troisième PPV en à peine un mois. La cadence est folle en cette fin de printemps. En cause, le développement du Network qui incite la fédération à proposer de plus en plus de contenu. Vingt-huit jours après Payback, quinze jours après Elimination Chamber, voici une nouvelle grosse soirée pour le monde du catch : Money In the Bank. En vedette de cette nuit, la désormais fameuse mallette miracle, qui offre un contrat en or pour devenir champion du monde à qui la remportera. Mais le show fut si riche en enseignements, en surprises et en spectacle, qu’il serait réducteur de ne retenir que cet événement. Pour le tout premier PPV nalysé par mes soins au sein des Cahiers du Catch, j’ai la joie d’annoncer que je suis tombé sur un beau morceau.

 

 

Un beau morceau de blanc.

 

 

Nalyse de Money in the Bank

 

 

Kick-Off Show : King Barrett Vs R-Truth

 

L’histoire : Barrett a gagné le tournoi de King of The Ring en mai et parade depuis royalement vêtu. Mais lors du dernier Elimination Chamber pour le titre Intercontinental, l’Anglais est éliminé par R-Truth. Le rappeur s’autoproclame alors nouveau roi, plus exactement « King What’s up ». Cela rend furieux le monarque, et il n’en faut pas plus pour booker un combat en préshow.

 

 

Non mais, on va sérieusement donner la vedette à un mec qui s’habille comme un rappeur ? On cherche à ridiculiser cette entreprise !

 

 

Mon impression avant-match : Les kick-off matchs sont rarement des affiches emballantes. Normal, sinon on les intégrerait dans le show principal. En général, je les zappe et je ne me suis imposé ce visionnage qu’à cause de ma grande conscience professionnelle de rédacteur. A vrai dire, je ne comprends pas cette programmation : le grand mancunien a toujours fait partie de mes favoris à la WWE. Depuis la fin de la Nexus, je déplore son traitement alternatif. Suite à son bon début d’année et à sa victoire dans le tournoi des rois, il méritait naturellement une place dans le match aux échelles au lieu de croupir face à un quadragénaire, si divertissant soit-il.

 

Le match : Bon, la rivalité ne restera pas dans les annales, mais R-Truth est habitué à ce rôle d’amuseur excentrique. Se proclamer roi en volant les oripeaux de l’Anglais est bien son style. Il lui suffit d’un petit discours d’intro et de quelques « What’s up ? » scandés pour chauffer la foule. Puis, après avoir pris quelques coups violents de la part d’un Barrett énervé, le danseur des rues s’impose sur un rollup. César est humilié, et Truth continue de faire le clown.

 

 

Pff, ça commence à plus être de mon âge, je fatigue à force de faire le zouave et de jobber pour les autres…

– Mais Truth, t’as gagné !

– Hein ? En quelle année ?

 

 

Le bilan : J’espère vraiment que la WWE a de grands plans pour Barrett dans le futur et que ce genre de bouffonnerie ne sert qu’à le faire patienter. L’Anglais est un excellent orateur et un grand monsieur du catch, il l’a prouvé maintes fois contre des athlètes tels qu’Orton, Bryan ou Ziggler. Pourquoi lui faire gagner le tournoi royal s’il s’agit juste de le ridiculiser ensuite ? Autant son rôle de faire-valoir pour le jeune Neville était logique, autant R-Truth ne risque pas de changer de statut malgré sa victoire. Monsieur Nexus mérite de tutoyer un peu plus les sommets. Qu’il trouve vite une place pour une ceinture intermédiaire, voire un partenaire par équipes, je vous en conjure.

 

 

MAIN SHOW

 

 

Ce soir, ce sera bastons, échelles, coups de chaise et tabassages, mais pas pour commencer.

 

L’ouverture du show est un vibrant hommage collectif à l’un des hommes qui a dédié sa vie, sa santé et sa carrière à ce business, et qui nous a quitté à 69 ans cette semaine : Dusty Rhodes, The American Dream. L’Homme Ordinaire, gros, pas très beau, vêtu d’immondes justaucorps à pois, très loin des posterboys, a gagné sa place par sa personnalité, son charisme et sa passion. Il a côtoyé les grands noms que sont Ric Flair, Randy Savage ou Ted DiBiase Sr avant de s’offrir une seconde carrière en entrainant les jeunes talents. Introduit au Hall of Fame en 2007, l’homme était ces dernières années un important pilier du centre de développement d’NXT et la présence dans le roster actuel de deux de ses fils, Cody et Goldust, lui permettait quelques apparitions.

 

Toutes les Superstars et les Divas se sont tenues debout en haut de la rampe, avec en tête et visiblement ému le patron Vince McMahon lui-même. En guise de minute de silence, la cloche du ring retentit dix fois dans le recueillement. L’émotion est intense, les récents membres de la division NXT paraissent les plus affectés. Puis le public rend un vibrant et bruyant hommage au disparu.

 

La tristesse est bien sûr grande, et je suis toujours touché par ces moments sérieux, où le kayfabe disparait, et où l’on peut voir tous les catcheurs de la fédération émus et solidaires, comme si l’espace d’un instant la récréation s’arrêtait, qu’on cessait de faire la bagarre pour de faux, et que tout le monde se serrait les coudes le temps de rendre hommage à celui qui est tombé.

 

 

Pour une fois qu’aucune tête ne dépasse.

 

 

Mais les clowns ont beau chuter, le cirque doit continuer car telle est leur destinée. Le spectacle commence donc, et l’on démarre immédiatement avec la raison d’être du show, son identité et son enjeu principal, le Money In The Bank Ladder match.

 

 

Money In The Bank Ladder Match : Sheamus Vs Orton Vs Reigns Vs Neville Vs Kingston Vs Kane Vs Ziggler

 

L’histoire : C’est désormais une tradition de plus de dix ans comme nous l’a fort bien résumé Yerem dans son article, chaque année la WWE délivre, tel Willy Wonka dans sa chocolaterie, un ou plusieurs tickets d’or donnant accès à la récompense suprême. Le catcheur décrochant la mallette qui surplombe le ring gagne le droit à un match pour le championnat du monde, quand il veut, dans un intervalle d’un an. Treize détenteurs sur quinze ont réussi à encaisser leur bien, c’est dire si le trophée est convoité. Et comme chaque année, une série de Superstars de niveaux variables concourent pour le prix. L’affiche 2015 a été dévoilée durant le précédent PPV Elimination Chamber, puis Kane fut ajouté par la suite dans le menu.

 

Mon impression avant-match : Le MITB, c’est toujours un match qu’on attend. Comme le Rumble, comme le Survivor Series Elimination Match, c’est un événement qui se démarque dans la saison catchesque. Mais cette année, le déroulement préalable est nul. D’emblée, en plein Elimination Chamber, on casse tout suspense en nous révélant six des sept participants. Où sont les matchs de qualification ? De plus, sont inclus d’office des ennemis notoires de l’Autorité tels qu’Orton, Ziggler ou Reigns. Seule la participation de ce dernier sera remise en cause lors d’un Raw où il battra tous les adversaires mis sur sa route. A part ça, si Sheamus et Ziggler semblent à leur place, Neville et Kingston semblent un peu parachutés : le premier, pétri de talent, vient tout juste de débarquer. Le second est déjà champion par équipes. Pourquoi pas de Barrett, Harper, Wyatt ou l’excellent Cesaro ? Cette carte est bancale et me fait craindre le pire. Le pire, ça serait un Roman Reigns surmontant tous les obstacles pour s’imposer face à l’Autorité. Bon, nous sommes seulement six mois après le fiasco du Rumble, et j’ose espérer que les bookeurs auront compris leur erreur.

 

 

En plus, The Rock est occupé à faire la promo de San Andreas en ce moment.

 

 

Le match : Sept hommes sur le ring, des gros, des p’tits, des voltigeurs, des massifs, ça en fait des combinaisons possibles. Le début du combat est entièrement dominé par Sheamus. La force de l’Irlandais fait des ravages. Puis Kofi et Neville se livrent un duel virevoltant avant que les deux ne se fassent détruire le dos par le beau Roman. C’est ensuite le moment d’Orton, la Vipère claque des RKO à tout-va, notamment sur Neville qui chute depuis le haut de l’échelle. Ça bastonne sec. Le grand irlandais revient et d’un Brogue Kick sur Orton semble avoir match gagné. Heureusement, surgi d’on ne sait où et absent depuis le début du match, Ziggler permet à la bataille de se poursuivre. Aidé par Neville, il expulse le rouquin. Kane rejette tout ces braves gens hors du ring, avant qu’ils ne reçoivent collectivement le saut suicidaire de Reigns.

 

 

L’Ascension de Jésus vers les cieux, applaudi par les apôtres.

 

 

C’est alors le premier tournant du match : dans leur horrible accoutrement violet, les deux autres membres du New Day profitent de la débandade générale pour relever Kofi, le placer au centre du ring, et surveiller ses arrières. Hélas, ils font mal le travail, et sont neutralisés par l’ancien Powerhouse du Shield qui fait le ménage en Spearant Orton, et se retrouve seul, tout seul au milieu du ring. Tout le monde est mort autour, la voie est royale, le Samoan grimpe…

 

La lumière s’éteint, des images inquiétantes s’affolent sur l’écran. Bray Wyatt apparait au centre du ring, désormais vêtu d’un tablier en cuir. Il fait chuter Reigns, lui présente sa petite sœur Abigail, et s’en va sans mot dire. Il ne reste plus grand monde, dès lors. Le premier qui se lève va pouvoir l’emporter. Et c’est ce diable de Sheamus, comme dirait Christian Jeanpierre, qui malgré un baroud d'honneur de Neville s’en va cueillir la récompense à ma grande joie de pronostiqueur comblé.

 

 

Que la Guinness coule à flots !

 

 

Le bilan : Ouf, je suis content que la WWE ait évité l’écueil d’une victoire de Roman Reigns. Comme l’on disait sur l’article de Yerem, la grande plus-value du MITB, c’est son imprévisibilité. Un vainqueur parmi sept à dix catcheurs, un an potentiel de latence pour utiliser son bien, ça laisse la place au suspense. La Superstar la plus en vue du moment n’est pas forcément celle qui l’emportera.

 

Le choix de Sheamus me parait excellent : l’homme a déjà prouvé moultes fois son talent, il n’est pas une trop grosse surprise et deviendra un champion méritant. J’aime bien l’alternance chaque année entre un total newbie qui pourra quérir un premier règne, et un athlète confirmé qui relancera sa carrière. Le match en lui-même m’a séduit au-delà de mes espérances. A part un Kane transparent et un Ziggler un peu en dessous, tout le monde a joué sa partition. Orton, Neville et Kingston ont eu leur moment de régalade. L’interférence du New Day a donné quelques instants une configuration encore jamais vue.

 

J’imagine que l’essentiel du débat viendra de l’intervention de Bray Wyatt. Je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que placer Reigns dans une rivalité de midcard, un peu éloignée du reste, lui fera du bien. Mais la WWE joue vraiment un jeu bizarre avec le Mangeur de mondes. Elle semble croire suffisamment en lui pour lui donner les clés de moments cruciaux, mais préfère le faire interférer dans des matchs à enjeu que de le placer directement dans l’affiche. Après sa venue dans la cage pour attaquer Ambrose à Hell in a Cell, il récidive au match des échelles. Enfin, un moment donné, il faudra quand même lui donner de probantes victoires. Sa rivalité contre Cena l’avait lancé sur des hauteurs qu’il n’a jamais atteintes par la suite. Surtout, le gourou barbu navigue sans aucune vision à long terme. A peine finie une rivalité, il passe à une autre, sans aucune liaison ni justification. Pourquoi s’en est-il pris à Ambrose? On ne saura jamais. Pourquoi après avoir cherché après l’Undertaker pendant des semaines, s’est il attaqué à Ryback? Pourquoi soudainement jette-t-il sa colère sur Reigns, on n’en saura pas plus. Et quand il gagne contre ces adversaires, pourquoi ne fait-il jamais référence à ses victoires? Voilà un personnage qui était génial à son arrivée et qui a perdu beaucoup de son intérêt.

 

 

Hé, Roman ! Tu connais celle du fou qui dit « accroche toi à la mallette, j’enlève l’échelle ? »

 

 

Divas Championship match : Nikki Bella © Vs Paige

 

L’histoire : Paige est revenue de sa courte expérience cinématographique, et s’est à nouveau tournée vers le titre féminin. Il y a deux semaines, elle perd une occasion en or contre la championne Nikki car celle-ci utilise sa sœur comme doublure fatale en plein match. La supercherie coûte le match à Paige, mais comme tout le monde l’a vu, l’Anglaise obtient une revanche.

 

Mon impression avant-match : C’est une crainte et une source de débats acharnés. Le règne record de 295 jours détenu par AJ Lee qui nous manque tant est menacé par la Bella blonde qui en est à plus de 200 jours. La WWE osera-t-elle effacer des tablettes sa Diva la plus géniale de ces dix dernières années au profit de Nikki ? Je ne voue pas aux gémonies madame Cena qui interprète avec brio le rôle de l’insupportable poufiasse prétentieuse, et dont le catch plutôt rude est assez agréable à suivre. Mais il y a quand même un fossé entre les deux sœurs qui correspondent parfaitement à la Diva vue par Papy Vince et les excellentes wrestleuses que sont AJ, Paige ou les reines d’NXT. J’espère bien que le règne de la jumelle finira bientôt et qu'une nouvelle ère s'ouvrira.

 

 

Bon, ça fait six mois que j’ai un title shot toutes les trois semaines, il serait temps que ça marche non ?

 

 

Le match : Peu avant l’affrontement, Paige claque une belle promo au micro de Renee Young qui confirme mes espérances. Elle promet d’essayer de changer le monde de la division féminine, même si elle se sent bien seule face aux jumelles. Et elle promet de le faire pour la mémoire de Dusty Rhodes qui l’a entrainée à NXT. Alors, j’y crois.

 

Au moins, depuis le lancement du mouvement #GiveDivasachance et le succès de la division féminine d’NXT, les PPV permettent de voir des matchs entre filles plutôt longs et agréables à suivre. Paige et Nikki donnent du bon travail : spectaculaire saut périlleux de l’Anglaise sur son adversaire hors du ring, la championne l’écrase ensuite sur les barricades… C’est pas encore au niveau de Sasha Banks Vs Becky Lynch, mais ça progresse. Et puis, Paige est hyper à l’aise maintenant.

 

Alors que les deux belligérantes se retrouvent assommées hors du ring, Brie surgit de sous le tablier et remplace sa jumelle. C’est idiot vu qu’elle n’a même pas la même couleur de cheveux, mais l’arbitre n’a pas le temps de le remarquer : madame Bryan saisit l’Anglaise dans un roll-up, celle-ci contre… trois secondes, Paige est déclarée nouvelle championne ! Brie, affolée, révèle la supercherie : cette victoire ne compte pas puisqu’elle n’est pas la femme légale. Elle le prouve dans une séquence gênante où elle enlève les mouchoirs de son soutif qui lui donnaient une silhouette plus semblable à celle de sa sœur, et exhibe fièrement ses tatouages les plus indécemment placés pour prouver son identité. Mal lui en prend, elle reçoit une belle beigne de la part de la jeune Britannique. Enervée, Paige ne voit pas revenir Nikki qui en profite pour placer son Torture Rack et remporter le match. L’élue de mon cœur a beau se tenir la tête entre les mains, c’est trop tard. J’ai mal pronostiqué, les Bellas s’en sortent encore.

 

 

Oops, we did it again.

 

 

Le bilan : Paradoxalement, cette victoire des jumelles me conforte dans ma position. Elles trichent et usent de tous les vices depuis désormais trop de temps pour que cela reste impuni. Les twin tags, les coups fourrés, tout cela nourrit la frustration des fans et devrait finir par une remarquable défaite un jour ou l’autre, et ce jour viendra avant les trois mois qu’il reste à Nikki pour avoir le règne le plus long. La fin du combat pêche quand même par son incohérence : lorsque l’arbitre voit la supercherie de Brie, il pourrait disqualifier la championne ou au moins attendre que celle-ci regagne le ring pour relancer équitablement le match. Mais c’est vrai, Paige paraît bien seule face aux deux sœurs. Pendant tout le match, on a vu l’entier roster féminin regarder la bataille sur des écrans, comme si les filles espéraient un changement. Mais elles ne sont pas assez grandes pour s'en occuper elles-mêmes ? Cela fait six mois qu’AJ et Paige sont les seules vraies opposantes aux Bella. Que fait la grande et puissante Natalya ? Et la vétéran et ancienne championne Layla ? Et les jeunes Naomi ou Summer Rae qui pourraient légitimement demander leur tour ? Il ne reste plus qu’à espérer une vraie montée en puissance des filles de NXT. Bientôt. J’y crois.

 

 

Intercontinental Championship : Ryback © Vs Big Show

 

L’histoire : Meurtri au cou, Daniel Bryan a dû rendre son titre de champion Intercontinental avant de partir à l’infirmerie. A Elimination Chamber, face à cinq autre candidats, Ryback sort vainqueur et obtient ainsi son premier trophée depuis son arrivée à la WWE. Le lendemain, alors qu’il s’apprête à défendre son bien face au Miz, il est interrompu par le Big Show qui le menace et annonce ouvertement son intention de s’en prendre à la ceinture blanche. Match booké.

 

Mon impression avant-match : La ceinture blanche est souvent celle des techniciens et fait office de showstealer, les affrontements récents mettant en jeu Barrett, Harper, Ziggler ou Bryan l’ont prouvé. En l’absence imprévue du petit barbu, il ne me paraît pas non plus choquant d’enfin récompenser Ryback, critiqué mais qui se bat pour faire son boulot. Par contre, cette rivalité sortant de nulle part est proprement déprimante. On avait quitté le Big Show comme grand ami de Seth Rollins et de l’Autorité, le revoilà toujours méchant mais changeant complètement de cible sans raison. Un gros monsieur contre un encore plus gros monsieur, c’est une affiche qu’on a envie de zapper. Et l’on passe sur la légitimité du géant… Et Bray Wyatt qui a récemment battu le Big Guy ? Et Barrett ou R-Truth ? Non, a priori, rien à sauver pour cet affrontement.

 

Le match : Surprise avant le début du combat, le Miz qui est chez lui dans l’Ohio rejoint les commentateurs. Il n’a pas digéré l’intervention du Big Show qui lui a coûté un title shot il y a deux semaines, et promet de régler ça prochainement. Puis la bagarre commence. Elle est courte, et comme prévu pas très intéressante. N’empêche, voir le géant soulevé par une souplesse, je pense que ça vous scotche une arène quand on le vit en direct. Déjà que depuis un écran… Non, compte tenu de l’affiche qui faisait peur, le match en lui-même est plutôt correct. Mais les deux lutteurs ont commis l’erreur de provoquer le Miz et ce dernier profite d’un moment de répit pour attaquer le plus grand athlète du monde et son adversaire. La cloche sonne, le Big Show gagne par disqualification, et le Money Maker s’enfuit tout content de lui.

 

 

“The four-metre long human slug”

 

 

Le bilan : Ce match n’avait sur le papier aucun intérêt ni légitimité. La victoire du vétéran de 2m15 était impossible, et l’inverse n’aurait pas rajouté énormément à la gloire de Ryback. Mais avec le Miz rajouté dans l’équation, tout change. C’était juste un argument pour faire avancer une histoire et naitre une rivalité. Vous me direz que c’est plutôt le travail d’un weekly, et vous aurez raison. Mais je me réjouis plutôt de voir le Most Must See champion entrer dans la danse. Après avoir écrit un papier sur R-Truth, je pourrais bien en faire un sur le natif de Cleveland tant je l’apprécie dans son rôle de tête à claques. J’espère même qu’il en sortira avec la ceinture sur les hanches. Avant de la céder à un vrai artiste comme Ziggler quand même, faut pas déconner.

 

 

Champion Vs Champion : John Cena Vs Kevin Owens

 

L’histoire : Tout fier d’être devenu le champion des USA, Cena se grise en lançant chaque semaine un Open Challenge. Mais le lendemain de Payback, l’homme qui débarque n’en veut pas à sa ceinture étoilée. Il s’agit de Kevin Owens, l’impressionnant champion NXT. Et lui en veut personnellement à John Cena, à l’icone des enfants et au posterboy de la plus grande fédération de catch au monde. Lui qui depuis quinze ans arpente les salles et les rings du monde entier ne supporte pas d’être traité comme un petit débutant. Il a prouvé sa valeur en devenant champion du show jaune et en écœurant tous ses adversaires. Il veut se frotter au Superman. Cena ne refuse jamais un défi : mal lui en prend et à Elimination Chamber, à l’issue d’un excellent fight, le Champ est démoli. Coup de tonnerre à la WWE, Kevin Owens est là.

 

Mon impression avant-match : On ne refuse pas une deuxième édition d’une affiche pareille ! Même si, après la dérouillée qu’a encaissée le Marine, rien n’obligeait l’ex-Steen à lui donner une revanche. En quinze jours, les deux rivaux ont enchainé les performances au micro et si Cena a été gerbant de mièvrerie en allant sortir des petits enfants malades de leur formol, Owens a été redoutablement efficace. A tel point que, comme pour Rusev ou Wyatt précédemment, le prétendu grand méchant de l’histoire se retrouve avec plus de popularité que le 15 fois champion du monde. C’est perturbant un peu, non ?

 

 

Personne ne me dicte ma conduite, je ne veux pas vous faire plaisir, je suis là pour gagner des sous et démolir des gens qui ne m’ont rien fait.

– Whéééé ! Fight, Owens, Fight !

 

 

Le match : Regardez-le. Encore meilleure que l’édition précédente, cette baston atteint des sommets d’électricité. Aucun des deux ne cède un millimètre à son adversaire. Owens se permet de voler le « You can’t see me ». Des coups, des droites, des DropKicks, des AA, des Bombs… Tout y est. Kevin Owens, c’est en fait le condensé absolu de tout ce qui se fait de mieux dans le métier depuis dix ans : la German Suplex de Brock Lesnar, le Senton Bomb de Jeff Hardy, le Kick de Shawn Michaels, le Codebreaker de Jericho. Tout ça réuni dans le corps épais et brutal d’un seul homme. Le public assiste sans conteste à un match qui fera référence encore longtemps. Au bout de la fatigue, Cena réussit à porter son Stunner et un dernier Attitude Adjustment. Le Marine remporte la revanche, mais tout le monde comprend que le Québecois aussi a gagné quelque chose d’indescriptible ce soir. D’ailleurs, en bon honnête homme, John serre la main de son rival battu et lui lève le bras. Attitude qui part d’une bonne intention, mais beaucoup trop condescendante : Owens n’a que faire du respect de son aîné. Il démonte le Champ et lui éclate le dos sur l’arête du ring, comme il l'a fait à Sami Zayn avant lui. On est bien partis pour la belle.

 

 

Hééé, mais c’est pas lui qui fait ça normalement !

 

 

Le bilan : Peut-être ai-je eu la chance pour ma première nalyse de PPV d’assister au Match of the Year 2015 ? J’espère que non, cela signifierait que la WWE va faire plus fort, mais on a incontestablement assisté à une superbe performance. Le genre qui vous scotche sur votre canapé et qu’on n’a pas envie de voir finir. L’histoire va continuer très probablement pour une belle qui semble logique. Mais j’ai envie de voir ces deux-là à Summerslam, et il reste encore Battleground entre-temps. De plus, la feud se prolongeant renvoie aux oubliettes le titre US de Cena qui va donc avoir un long règne sans adversaire. Quant à Owens, sa situation devient délicate : trop fort pour NXT mais encore champion des jeunes. Va-t-il, comme Paige, laisser son titre vacant pour rejoindre la grande arène ? Si non, comment peut-on imaginer un tel destructeur perdre son trophée, même contre des athlètes comme Samoa Joe ou Balor ? Le challenge est rude pour la WWE, mais pour le moment putain que c’est bon.

 

 

TagTeam Championship : New Day © Vs The PrimeTime Players

 

L’histoire : Lors du premier Elimination Chamber par équipes de l’histoire, le New Day, supérieur en nombre, a conservé son titre. Mais il a fallu compter sur la résistance de Darren Young et Titus O’Neil, qui ont fait forte impression ce soir-là, assez pour gagner une place de challengers, bien aidés par la blessure de Tyson Kidd.

 

Mon impression avant-match : J’ai bien aimé la place du duo d’aboyeurs dans la structure métallique. Je vois cet affrontement comme un bon petit match de milieu de carte, sans avoir aucune crainte quant au maintien du titre par l’équipe de positivistes.

 

Le match : Kofi Kingston a tout donné dans le match des échelles, ce sont donc Xavier Woods et Big E qui défendent leur bien. Saluons encore une fois le travail qui a permis de renverser la situation et de transformer cette fade association gentille en un clan de délicieux méchants prétentieux. Big E est au meilleur de sa forme. Les champions travaillent longuement Darren Young, mais suite à un changement, Titus O’Neil fait le ménage violemment et réussit à coucher Woods pour le compte de trois. Surprise choc, premier changement de titre de la nuit, les PTP sont enfin champions pour la première fois de leur carrière.

 

 

On dirait que Big E va avoir des aveux à nous faire.

 

 

Le bilan : Allez, on va dire qu’ils méritent. Titus et Darren sont loin d’être des génies du ring, mais ils ont de l’énergie, ils ont travaillé ensemble pendant des mois et sont enfin récompensés. Je suis content pour eux, d’autant plus qu’ils sont actuellement assez populaires. Je ne pensais vraiment pas que New Day céderait déjà. Il est très rare, voire exceptionnel ces dernières années qu’une équipe réussisse à récupérer son titre perdu. Les Usos sont les seuls à l’avoir fait depuis 2011. Peut-être qu’une revanche impliquant Kofi dans l’équation changera la donne. Plus sûrement d’autres équipes vont arriver dans la bataille. Les PTP sont clairement des champions de passage. Je prédis bientôt le sacre, bien plus mérité celui-là, d’Harper et Rowan. Fuyez.

 

 

WWE World HeavyWeight Championship Ladder Match : Seth Rollins © Vs Dean Ambrose

 

L’histoire : Il y a cru, Ambrose. Lorsqu’il porte son Dirty Deeds au champion à Elimination Chamber et qu’un nouvel arbitre porte le tombé, il a vu son rêve réalisé. Mais c’était sans compter sur le réveil du précédent juge zébré qui disqualifie après coup Rollins, lui permettant ainsi de conserver son titre. Depuis, l’instable n’a eu de cesse de réclamer une revanche, prenant la ceinture dorée en otage. L’architraître a accepté, persuadé de sa force. Mais il a perdu le soutien de Kane et de ses sbires. Il voulait prouver qu’il pouvait gagner seul ? Faites attention à ce que vous souhaitez…

 

Mon impression avant-match : A la mi-show, Ambrose délivre une belle promo de frappadingue au micro de sa dulcinée Renee. Quelques minutes avant l’affrontement, Rollins doit affronter le regard de l’Autorité. Si Steph est très corporatiste et lui met la pression sur la survie de l’entreprise, Triple H lui parle en tant que catcheur. C’est le moment de prouver au monde qu’il mérite d’être l’élu. Rollins et Ambrose se connaissent par cœur, ils ont livré un paquet de beaux matchs. Je suis confiant, et vu la popularité stratosphérique du Lunatic depuis quelques semaines, je me demande si une grande surprise n’est pas à venir.

 

 

– Tu m’fais la courte ?

– T’es con ?

– Bah, j’aurai essayé.

 

 

Le match : La stipulation à l’échelle permet toutes les excentricités possibles. Dean Ambrose est comme un poisson dans l’eau, et il étouffe totalement son adversaire pendant dix bonnes minutes. Coups de poing, de pieds, échelles à travers la tronche, Clothesline à sec, le chien fou domine. Le bicolore prend cher dans les gencives. Mais le match bascule lorsqu’il réussit à porter un violent coup de chaise au genou de son rival qui grimpait. Les mouches changent d’âne. Méthodiquement, vicieusement le chacal travaille la blessure, afin d’handicaper fortement les déplacements de Dean. Soumissions, coups d’échelle et de chaises, c’est un mauvais moment pour le natif de Cincinnati. Il sait quand même se reprendre, brise les parties de Seth sur la troisième corde avant de lui envoyer une magnifique Clothesline. La partie dégénère ensuite au cœur de la foule. Ces deux-là se détestent, et à coups de matchs comme ça, sont peut-être en train de créer un antagonisme mythique dans la lignée des Hart-Michaels ou des Cena-Orton.

 

 

Ô temps, suspends ton vol. Vite, vite, s’il te plait !

 

 

Rollins coince une échelle entre le ring et la table des commentateurs, mais c’est lui qui passe au travers. Les deux hommes se déchainent ensuite sur la Spanish Announce Table, où Ambrose place son Dirty Deeds. Le blond semble bien parti pour gagner mais son genou blessé ralentit sa progression sur l’échelle. Rollins a le temps de revenir. Finalement, après une mémorable baston, les rivaux se trouvent face à face au sommet. C’est l’instant de vérité, ils se déchirent, ont chacun la main sur la précieuse ceinture, tirent… Le trophée se décroche, les deux hommes chutent de concert… A la réception, Ambrose lâche la breloque. Rollins l’emporte sur le fil, et quitte le ring félicité par Triple H. Dean est passé si près…

 

 

Bhoo, même pas mal en fait, ça fait rien du tout ! Nananère !

 

 

Le bilan : Trente-cinq minutes de fight intense. Dean Ambrose et Seth Rollins sont allés ensemble plus loin qu’ils ne l’avaient jamais été. Dans une division où catchent encore John Cena, Randy Orton, Sheamus et le Big Show, ils ont prouvé une fois de plus qu’ils pouvaient porter un main event sans problème. J’ai d’ailleurs fait le calcul : depuis la dissolution du Shield, il y a eu quatorze PPV. Sur ce total, douze d’entre eux incluaient l’un des trois membres du gang de Justiciers dans le main event. Seules les deux affiches Cena-Lesnar sortent du lot. Le casting du Bouclier est une réussite incontestable, qui montre bien la différence avec la Nexus qui n’avait pour elle quasiment que l’effet du nombre. Rollins, Reigns et Ambrose sont bel et bien le présent de cette fédération, et ce match l’a confirmé. Les deux rivaux ont tout donné pour un public aux anges, usant à merveille de la stipulation. C’est l’un des meilleurs Ladder Match que j’ai pu voir. Si le titre avait changé de main, il serait resté comme un moment historique. Malheureusement, le sort a été défavorable au chouchou de la foule. Rollins parait plus fort encore désormais. Qui se mettra sur sa route avant Summerslam ?

 

 

En résumé, trois temps forts ont émaillé ce PPV de l’Ohio.

 

D’abord, une spectaculaire et divertissante guerre pour la mallette qui a récompensé Sheamus en guise de consécration pour son retour en méchant. Tous les participants ont correctement travaillé dans un scenario bien écrit malgré la faible légitimité de l’affiche.

 

Ensuite, évidemment, le match pour le prestige entre Cena et Owens a accouché d’un monumental affrontement. Vingt minutes de plaisir à visionner et à se remémorer à l’heure des récompenses annuelles.

 

Pour finir, la bataille de l’échelle pour le titre suprême a donné lieu au plus long main event de ces derniers mois. Plus d’une demi-heure durant laquelle Rollins et Ambrose n’ont pas catché, non, ils se sont battus. Comme deux mecs qui se détestent. Ce moment suintait la haine et la tension, et l’intensité était au rendez-vous.

 

Rien qu’avec ces trois combats, le PPV est réussi de mon point de vue. Entre-temps, les matchs de seconde zone ont plus ressemblé à des affrontements de weekly. La rivalité inintéressante entre Ryback et le Big Show va peut-être seulement servir à lancer une autre histoire plus utile avec Mizou. Paige n’en finit pas de perdre injustement, et cela finira par se payer. Seul changement de titre ce soir, les ceintures TagTeam arrivent étonnamment dans les mains de ceux qui ont si souvent jobbé et servi de guignols qu’on peut leur accorder la clémence, en espérant juste qu’ils ne la gardent pas trop longtemps.

 

Mais après un tel show, il semblerait logique de déboucher sur Summerslam pour clore de nombreuses rivalités en beauté. Or, il reste d'ici-là encore deux mois et Battleground. La WWE pourra-t-elle se renouveler et conserver de belles affiches jusque là ? A voir…

 

 

En attendant, moi, j’ai mal à ma jambe.

 


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