Mon WrestleMania XXIX

Certes, un rêve de beignet, c'est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c'est déjà un voyage.

Marek Halter

 

Après coy, c'est au tour de l'inestimable Yelerm de nous envoyer à la face un sonore bien que virtuel "bisque, bisque rage", en venant nous narrer son aventure new-yorkaise et son WrestleMania vu de l'intérieur. Car lui aussi a réalisé le rêve que nous faisons tous, plus au moins consciemment : celui d'assister enfin au Biggest Stage of Them All. Récit d'un voyage forcément épique.

 

 

Ouais, c'était pas mal. Moins bien que quand j'étais à Chicago pour le match 5 étoiles entre John Cena et CM Punk. Je dirais aussi bien que la loge présidentielle où j'ai bu le champagne et assisté à la finale de la Coupe du Monde 1998, mais mieux que le discours d'investiture d'Obama où j'avais été un peu déçu.

 

 

WrestleMania XXIX raconté par un spectateur

 

Certes, un rêve de beignet, c'est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c'est déjà un voyage.

Marek Halter

 

Après coy, c'est au tour de l'inestimable Yelerm de nous envoyer à la face un sonore bien que virtuel "bisque, bisque rage", en venant nous narrer son aventure new-yorkaise et son WrestleMania vu de l'intérieur. Car lui aussi a réalisé le rêve que nous faisons tous, plus au moins consciemment : celui d'assister enfin au Biggest Stage of Them All. Récit d'un voyage forcément épique.

 

 

Ouais, c'était pas mal. Moins bien que quand j'étais à Chicago pour le match 5 étoiles entre John Cena et CM Punk. Je dirais aussi bien que la loge présidentielle où j'ai bu le champagne et assisté à la finale de la Coupe du Monde 1998, mais mieux que le discours d'investiture d'Obama où j'avais été un peu déçu.

 

 

WrestleMania XXIX raconté par un spectateur

 

 

Tout commence au lendemain de Wrestlemania XXVIII : on découvre que l’édition 2013 se tiendra dans la ville qui ne dort jamais, New York. « Flash Forward » comme dirait Adam Copeland annonçant son tragique départ, nous voici en novembre 2012. Mon compte bancaire est plus vert et une évidence apparaît : je veux aller à Wrestlemania ! Et par la même occasion, dans la Big Apple. Mais tout cela sera conditionné par la réussite de la principale entreprise : avoir des places pour le plus grand événement de catch de l’année. Rien n’est très sûr et si j’en crois les rumeurs, les places peuvent partir très vite. Ma comparse (puisque nous partirons à deux) est aux aguets et à force d’écumer les tréfonds de l’Internet, finit par récolter plusieurs codes censés nous donner accès aux réservations en avance.

 

La date d’ouverture des pré-réservations arrive, c’est le moment fatidique de tester tous ces codes, tels des pirates craquant le dernier Photoshop, en nous disant qu’il y en aurait bien un de bon dans le lot. Nous sommes deux sur le coup, chacun sur un ordinateur différent, une connexion différente, c’est la parano totale, mais nous voulons mettre toutes les chances de notre coté. Le premier est un échec, le second… fonctionne ! Vite, en quelques clics, sous la pression constante des comptes à rebours de Ticketmaster, les places sont réservées, achetées, confirmées.

 

Nous irons à WrestleMania.

 

 

Il y a 8 ans, je me suis blessé. Huit ans après… Yerem va à Wrestlemania.

 

 

Deux billets d’avion en poche, un appartement loué à Manhattan et dix jours de congé posés plus tard, nous voici en route, nous aussi, pour le Biggest Stage. Et ce n’est pas une rupture totale du ligament croisé antérieur gauche subie quelques semaines plus tôt qui m'empêchera de traverser l’Atlantique !

 

C’est le jour où les Cahiers du Catch annoncent l’ambitieux projet de monétisation du site que nous atterrissons sur les terres de l’Oncle Sam. Croyez-moi, il n’aura pas fallu bien longtemps avant de percevoir les premiers indices que Wrestlemania n’était plus très loin.

 

 

(photo de l'auteur)

Bienvenue à New York ! Vos valises sont à gauche, la douane à droite. Vous veniez pour quoi déjà ?

 

 

C’est ainsi qu’au gré de notre séjour à New York, nous avons croisé une multitude de manifestations catchesques à la gloire de ce prestigieux PPV. Affiches suspendues dans la 5e avenue, vidéos de promotion en boucle sur les écrans monstrueux de Times Square, superstars invitées à toutes les émissions possibles et imaginables, population affublée de t-shirt à l’effigie de leurs catcheurs préférés…

 

 

(photo de l'auteur)


Au coin ! Vous êtes punis, pas de ceinture !

 

 

(photo de l'auteur)


Saviez-vous que Chris Jericho anime une émission de combats de robots entre deux concerts et ses matchs ?

 

 

Tiens d’ailleurs, c’est justement à Times Square, alors que j’observe la foule depuis les marches, que me vient une idée saugrenue. Et si j’allais toucher un mot à ces supporters venus de toute part, bravant le vent glacial de l’Atlantique et trahis par leur code vestimentaire ?

 

 

(photo de l'auteur)


WrestleMania met un pied sur Broadway.

 

 

Un adepte de Dolph Ziggler croisé au FAO (le magasin de jouets rendu célèbre par le film Big), des « smarts » immortalisant leur périple new-yorkais par une photo de groupe et d’autres chantant à tue-tête le tube de Living Colour (re)devenu l’hymne de CM Punk ? Je note quelques questions sur un carnet, me dis que ça pourrait être chouette un portrait des fans pour un papier CdC et je me dirige vers ce qui semble être un adorateur de Sheamus. Je le salue de mon plus bel accent franglais, lui dit que j’imagine qu’il va à WrestleMania (ce petit quelque chose d’obvious cher à Teddy Long) et que j’aimerais lui poser quelques questions pour un article.

 

Et là c’est le drame, ce fan à l’allure bonhomme, n’a rien de la sympathie du guerrier celtique et me renvoie à mes marches sur Time Square d’un « No » sans bavure. Je ressens en moi l’échec d’un jeune démarcheur de rue désirant soutirer quelque don pour une association de défense des koalas au Pérou (info à vérifier…). Mon élan de journalisme total s'arrêtera là et je me convaincs rapidement que je saurai me contenter d’un reportage plus classique et moins frontal.

 

 


Brooggggggkiiiiiiiick !

 

 

Le jour J est enfin arrivé.

 

Billets de train à la main (eh oui, cette année WM est à New-York-mais-pas-vraiment), nous sautons dans le train de banlieue dont l’objectif principal est de déverser des milliers de fans en furie dans le Metlife Stadium. L'atmosphère est excitante, il est rare de croiser un voyageur qui n’a pas son t-shirt de catch ou qui ne prononce pas les mots « WrestleMania », « Undertaker » ou « John Cena ».

 

 

(photo de l'auteur)


Peu importe le costume pourvu qu'on ait l'affichette !

 

 

Dans le wagon, nous sommes derrière un groupe de potes venus d’un état lointain. Ils sont accros, mais c’est une bonne ambiance qui règne. Ils chantonnent les theme songs de CM Punk, lancent des « AWWWWESSOOOME ». Je tends l’oreille, ils partagent leurs attentes, leurs craintes sur cet événement qu’ils attendent depuis si longtemps. On y parle de streak brisée, de cash in, de heel turn. Le train s’approche de la gare, je peux apercevoir le Metlife Stadium au loin, ainsi que l’Izod Center où aura lieu ce Raw si particulier, mais auquel je n’assisterai pas.

 

« Tous les voyageurs venus voir des mecs en slip se taper dessus pour de vrai descendent » aurait pu annoncer le chef de gare. C’est dans une excitation croissante, au son des « Woooooo » de Ric Flair (une constante du public tout au long de la soirée) que nous nous rendons au « Box-office » où nous sommes censés échanger nos « vouchers » contre les vrais billets. Et là, stupeur : alors que ceux déjà munis d’un billet entrent sans peine dans l’enceinte, une file monstrueuse attend tous ceux qui, comme nous, ne sont munis que d’une ridicule contremarque. L’effervescence fait place au stress : on va louper le début ! En effet, il est alors 18 h et le show est censé débuter une demi-heure plus tard. Cela paraît compromis ! J’enclenche mon chrono, calcule le chemin parcouru dans la queue en cinq minutes et fais des projections mentales sur l’heure à laquelle j’aurai mes billets. Le temps passe, je finis par relativiser : « Tant pis, c’est con, je vais sûrement louper le début, mais j’y serai quand même. »

 

 

(photo de l'auteur)

Vous voyez le bout de la file, tout là-bas ? C'est juste le début.

 

 

Une grosse demi-heure plus tard, c’est au milieu d’une cohorte de fans déguisés en tout genre (Macho Man, IRS et autres membres de la DX), que je récupère nos précieux Graals. C’est d’un pas décidé que nous entrons dans les travées du stade, le public semble agité, normal, le pré-show a commencé. Soudain, alors que je n’en suis qu’à mi-chemin, j’aperçois un écran géant retransmettant en direct la victoire du Miz (que j’ai alors vécue comme la défaite de Wade Barrett). C’est la folie totale, mais rien de comparable à ce qui nous attend. Je m’apprête à rejoindre mon siège avant de me rendre compte que je suis à quelques mètres derrière ce qui ressemble bien à… oui oui… Kofi Kingston et JR ! Une photo témoin et je reprends ma course, un compte à rebours géant enclenché prédisant le début du live mondial.

 

 

(photo de l'auteur)

Ne bougez pas, ne faites pas un bruit, je suis sûr qu'ils ne nous ont pas vus.

 

 

C’est avec deux hot-dogs, des cheese-fries et deux bières célèbres entre les mains que nous gagnons enfin nos places. L’effet est immédiat « Wooooahhaaa ! » : démesure du décor, stade plein à craquer, électricité partout. Les hélicos survolent le stade, clairement nous assistons à un événement de haut rang. Le compte à rebours atteint le zéro fatal qui lance les promos. Nous n’entendrons jamais les commentaires de Cole, Lawler et JBL. Je le savais, mais j’avoue que c’est une sensation définitivement étrange.

 

Alors que tout le monde ou presque s’attend à entendre l’hymne de Swagger ou Del Rio, ce sont ceux du Big Show, de Sheamus et d’Orton qui retentissent, suivis de près celui du Shield. Difficile d’apercevoir de quelle travée ils descendent, on me dit que « Si si, ils sont là, regarde, regarde, là-bas ! »

 

 

(photo de l'auteur)


Y a pas à dire, ils savent y faire en spectacle, la WWE.

 

 

Le combat commence. Et de la même façon que pour les commentateurs, nous n’entendons rien du match et des coups qui pleuvent. Seules quelques actions explosives font suffisamment claquer l’air pour parvenir jusqu’à nos oreilles. Clairement, et ça sera une autre constante de la soirée, aussi éloigné du ring et au cœur du public, il est difficile de se concentrer complètement sur ce qui se passe sur le ring. Car ce soir, pour nous, l’essentiel est ailleurs, il est dans l’atmosphère virevoltante qui remplit le stade.

 

Les matchs s'enchaînent au rythme des chants des supporters. Lorsque vient le match de Swagger (son entrée en jeep aurait tellement mérité d'être diffusée), j’accompagne un des seuls chants « We The People » et « Let’s go Swagger ! ». Ce n’est clairement pas le favori des foules.

 

On profite du match de Ryback et Henry pour acheter quelques t-shirts (Ziggler pour Madame, CM Punk pour Monsieur) avant d’assister à la seule apparition du Show-Off à WM (à notre grand désarroi). À partir de ce moment, des chants We Want Ziggler retentiront tout au long de la soirée, et particulièrement pendant les matchs les moins fous (HHH vs. Lesnar pour ne pas le citer, hélas).  Fandango aura droit à une des seules entrées hautes en couleur et à une victoire de rang face à Jericho.

 

Le thème de CM Punk retentit, interprété par Living Colour, suivi de celui de l’Undertaker. Et croyez-moi, fan enjoué ou observateur blasé, là c’est la chair de poule assurée. Assister aux entrées du Phenom et du King of Kings, tous deux absents des tournées européennes, était notre motivation première.

 

 

(photo de l'auteur)


On a beau être perché au deuxième étage des gradins, la chaleur des torches nous arrive en même temps que la musique du Taker.

 

 

L’affrontement entre le Deadman et le natif de Chicago est évidemment un moment intense, la série d’invincibilité est en jeu et chaque action dangereuse fait se lever les fans dans les tribunes. C’est dans une frénésie totale que le verdict tombe. CM Punk ne sera pas le « One » dans « Twenty and One ».  Un gamin à côté de moi avait tout prédit, il fête le résultat une pancarte 21-0, peinte à la main quelques minutes avant le match.

 

Triple H met une fessée à Brock, la séquence sur l’escalier réveillant un peu la foule, assoupie par ce match moins intense en vrai qu’a la télé. À ce moment, je m’imagine déjà encourager la moustache de Cody, mais comme vous le savez, c’est le main event qui a suivi. On pense alors qu’on a manqué le 8 Mixed Tag Team Match parce qu’il a dû être diffusé en pré-show… Tant pis, pas le temps de cogiter que le champion et son challenger entrent en scène. L’ambiance est étrange, on sent que les spectateurs sont ravis d’assister à ce match, mais sans trop de conviction.

 

On ne peut pas y couper, et on finit par encourager Cena, pressés que The Rock disparaisse des écrans de télé pour retourner à ceux du ciné. Entre Cena Sucks et Rocky Sucks, ma comparse ira même jusqu’à chanter You both suck. Le festival de finishers sera le dessert final, celui un peu trop sucré, un peu trop bourratif, qu’on mange quand même parce qu’après tout il est là, sous nos yeux.

 

(photo de l'auteur)


Lumières !

 

 

Le final est un florilège de feux d’artifice. WrestleMania s’achève ainsi dans un chaudron bouillant, mais qui n’aura pas débordé, la recette ayant été privée de ses ingrédients relevés (turn, cash in, résultat vraiment inattendu) qui l’auraient rendu… AWWESSSOOOOME.

 

Le retour à Manhattan sera éprouvant, 80 000 personnes s’échappant du stade avec un seul train pour les accueillir. Il faut prendre son mal en patience, mais la magie est toujours là, dans l’air, dans les files d’attente. Les fans chantent, débattent du résultat, sont déçus, sont ravis, n’ont qu’une envie, celle de rentrer, se disent que quand même, Dolph Ziggler, demain…

 

il va casher ?

 

 

(photo de l'auteur)


J'ai perdu la ceinture, mais je reste de cire.

 

 

Quand on va à WrestleMania, on voit des superstars partout, même où elles ne sont pas :

 

 

(photos de l'auteur)

 

 

 

 

 

(photos de l'auteur)

Pas chères, pas chères, mes chemises de hall of famer !

 

 

Avant d'être challenger n°1, j'étais fantôme, et je vendais des pilules.

 

 


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