Le bon côté des choses

Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.

Beaumarchais

 

McOcee ne fait décidément rien comme les autres. Lorsque le WWE Universe loue la dynamique de Smackdown, elle nous fait part de ses cinq bonnes raisons d’avoir détesté le show. Et quand, après lundi dernier, les suiveurs du monde entier crient haro sur Raw, elle se pâme devant cet épisode décrié et prend son plus beau clavier pour en chanter les louanges. Allez comprendre.

 

 

Moi j'ai une explication: d'après ce mot de son docteur, elle est complètement tarée.

 

 

Nalyse de Raw du 28 février

 

Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.

Beaumarchais

 

McOcee ne fait décidément rien comme les autres. Lorsque le WWE Universe loue la dynamique de Smackdown, elle nous fait part de ses cinq bonnes raisons d’avoir détesté le show. Et quand, après lundi dernier, les suiveurs du monde entier crient haro sur Raw, elle se pâme devant cet épisode décrié et prend son plus beau clavier pour en chanter les louanges. Allez comprendre.

 

 

Moi j'ai une explication: d'après ce mot de son docteur, elle est complètement tarée.

 

 

Nalyse de Raw du 28 février

 

 

Ce n’est pas la première fois que nous nous interrogeons sur ces pages sur le mécanisme un peu mystérieux qui nous fait apprécier ou non un show. Il est parfois question de cohérence, de suspension volontaire d’incrédulité ou de goût personnel du spectateur. Ce show n’échappe pas à la règle, bien au contraire. L’ayant kiffé de bout en bout, j’admets avoir été très surprise à la lecture des commentaires qui ont fleuri sur notre site et notre forum : nul, affligeant, pathétique, désastreux du début à la fin, que n’ai-je lu à propos d’un show m’ayant tenu en haleine pendant 90 minutes! L’occasion était donc trop belle et je n’ai pas résisté à la tentation de vous exposer les…

 

5 bonnes raisons d’avoir kiffé Raw

 

 

Argument hors catégorie: on a vu les pieds nus d'Eve Torres.

 

 

 

1. The Rock Rox

 

La planète catch est en effervescence depuis le retour du Rock. Les commentaires enflammés pleuvent sur les blogs spécialisés du monde entier et une guéguerre étrange semble être en train de s’installer entre les partisans de Dwayne et ceux de Cena, depuis l’échange d’amabilités ayant opposé le Marine rappeur (on ne sait plus trop) à l’ancienne Superstar devenue acteur. Tant de passion autour de ces deux hommes, voila qui n’a pas fini de me surprendre. Car il y a comme quelque chose d’irrationnel dans les critiques parfois très violentes qui s’abattent sur le Brahma Bull. A en croire ses détracteurs, The Great One aurait trahi les fans en les abandonnant pendant si longtemps. Sept années durant, Rocky les aura snobés, oubliés, n’aura pas jugé bon de se rappeler à leur bon souvenir, et les suiveurs de la WWE ayant le moins de recul ne pardonnent pas ce qu’ils considèrent comme une trahison.

 

Car The People’s Champion les a quittés, a succombé aux sirènes hollywoodiennes, a délaissé les bumps, les tournées épuisantes et le contact avec un public de rednecks au QI souvent proche de celui du lémurien, préférant se dorer la pilule dans sur la côte californienne où il est devenu un acteur plutôt correct à la filmographie honnête, où l'on retiendra par exemple sa performance dans Southland Tales, présenté à Cannes en 2006.

 

Oui, comble de la trahison, The Rock, qui a tout gagné et tout prouvé sur les rings de la WWE, a eu l’outrecuidance de rêver à des lendemains qui chantent, a eu l’égoïsme de quitter le public qui le soutenait depuis tant d’années, combat après combat, feud après feud, pour se jeter dans les bras de la méphistophélique industrie du cinéma. Il est devenu le diable en personne, on questionne sa sincérité, on s’interroge sur les motivations de son come back, on doute de ses qualités humaines.

 

Et subitement, le voila donc devenu banal, ses promos sont plates et convenues, la pop dont il bénéficie est cheap au possible. Et comme par enchantement, on lui oppose le bon Cena, le Superman des ravis de la crèche qui, lui, n’a pas oublié ses racines. Ah ce brave John, au moins, ne nous a pas abandonnés! Ce respectable Marine qui ne déserte pas, reste fidèle à son poste et son public, de Raw en house show et de Buffalo à Paris, France. Ça c’est de la superstar coco! Et tout à coup, le babyface de la fédération, pourtant si contesté, devient une sorte d’icône parée de toutes les vertus du monde: il est dévoué, loyal, toujours à son poste, ce qui n’est pas le cas du Rock qui a osé poursuivre son chemin et embrasser une nouvelle carrière. Ses promos sont bien meilleures. Son rap réponse à Dwayne est un monument appelé à entrer dans le panthéon des meilleurs discours de la WWE. Et surtout, il est bien meilleur acteur que cette andouille sans charisme de Most Electryfying Man in Sports Entertainment. Ou comment brûler l’idole qu’on vénérait il y a encore de cela quelques semaines pour placer sur un piédestal un mec tout de même sifflé par une bonne moitié des suiveurs de la WWE et  accessoirement souvent décrié sur ces pages.

 

 

Ici dans son sketch très acclamé "Tu connais l'histoire du pédé qui se laisse mettre la main sur l'épaule?".

 

 

Bien sûr, on a tout à fait le droit de ne pas accrocher au retour du Rock. Nul n’est tenu d’apprécier le retour d’une légende. En revanche, ce qui me sidère, c’est la pauvreté des arguments qu’on lui oppose et la violence et la mauvaise foi qui transpirent des commentaires bileux de ses détracteurs. Ne pas être en phase avec le comeback du Rock n’autorise pas à écrire n’importe quoi ou à soutenir avec tant de ferveur les propos aigre-doux du Marine. Car non, de la même façon qu’Henri Guibet n’est pas Robert de Niro, l’acteur Cena n’est pas au niveau de Dwayne Johnson.

 

Il ne s’agit pas de faire du People’s Champ l’acteur incontournable de la dernière décennie mais juste d’admettre l’évidence: le jeu de l’idole des jeunes est monolithique et sa carrière cinématographique se résume à quelques direct-to-DVD parfaitement dispensables et à l’audience heureusement plus que confidentielle. Lorsque Dwayne est invité à remettre un Oscar lors de la grand-messe annuelle du cinéma US, Cena se contente, lui, de faire le kéké aux Slammy Awards. Mais ce que je trouve le plus affligeant dans les critiques qui tombent sur la gueule du Rock depuis deux semaines, c’est celles qui exploitent la thématique de la trahison. Voila un mec plutôt moins con que la moyenne (un Bachelor en criminologie et physiologie obtenu en 1996) qui après une brillante carrière à la WWE – et un rôle fondamental dans le triomphe médiatique de la fédération au tournant du siècle – saute le pas et rêve de voir plus haut. Comment lui reprocher cette ambition tout à fait naturelle? Ça vous viendrait à l’idée de conspuer un joueur de foot qui passerait de Créteil au PSG? Qui délaisserait le National pour se lancer dans le grand bain de la première division? Vous parleriez de trahison? Non? Et si ce footballeur revenait de temps à autre taper dans le ballon avec ses anciens partenaires amateurs, vous crieriez à l’hypocrisie manifeste? Non? Ben là, c’est pareil.

 

Et puis, il faut arrêter avec cette histoire du WWE Universe trahi. Comment peut-on manquer à ce point de recul vis-à-vis d’un simple divertissement de nature foraine? Il faut remettre les choses dans leur contexte et accepter que la carrière d’une superstar ne nous appartient pas et que nous n’avons pas la légitimité de juger les choix de vie de ceux qui nous font kiffer toutes les semaines. John Cena est là et bien là, lui? Putain, mais offrez lui le rôle de sa vie à Hollywood, et on en reparlera de sa fameuse fidélité!

 

 

Non, messieurs d'Hollywood, remballez vos chéquiers, je préfère enchaîner les Last Man Standing jusqu'à ce que je me retrouve en fauteuil roulant.

 

 

Et puis, se pâmer devant sa réponse au Rock me fait hurler de rire. On ressort un gimmick de rappeur from out of nowhere le temps d’un show et on nous assène un mauvais rap aux relents homophobes, comme c’est malheureusement souvent le cas dans les promos de votre nouvelle icône. Pitoyable, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit, d’autant que personne ne semble avoir expliqué à Cenaze que la base du rap, c’est le phrasé, autant que les rimes. Il s’inspirerait d’Eminem? Il ne l’a sans doute jamais entendu en battle.

 

Quoiqu’il en soit, le triangle amoureux qui se déroule sous nos yeux a tout pour devenir une storyline passionnante qui devrait atteindre son apogée à Wrestlemania. L’opposition entre The Rock et John Cena est hypée à mort, le Brahma Bull ayant parfaitement répondu à son adversaire du moment lors d’une promo enregistrée, à l’occasion de laquelle il expliqua avec beaucoup de sincérité son départ de la WWE par une envie de voir autre chose, d’accéder au palier supérieur, tout en décochant une flèche venimeuse au Marine: en étant le premier  catcheur à se transformer en acteur hollywoodien bona fide, The Rock a préparé le terrain pour les autres pensionnaires de la WWE, dont John Cena en personne…

 

 

Tu comprends John? J'ai ouvert la voie! Allez, tiens, pour te prouver ma bonne volonté, tu peux être ma doublure pour les cascades suicidaires sur Fast and Furious 6.

 

 

Quel bonheur, en tout cas, de voir cette bête de scène évoluer devant nos yeux. Quelle fraicheur! Je ne m’attendais à rien, au sujet du retour du Rock. Je ne le connaissais pas et c’est avec passion que je le découvre aujourd’hui. C’est peut-être aussi pour cela que la thématique du public trahi me passe assez largement au-dessus de la tête. C’est avec un regard neuf que j’appréhende son retour. J’observe et je constate: ce mec là a la promo dans le sang et depuis que j’accompagne le catch, je n’avais jamais vu autant de talent s’exprimer devant une caméra de la WWE. Rien que pour cela, le show de lundi dernier méritait bien mon intérêt. 

 

Le Miz, lui, n’est pas en reste. Il est costaud dans ses promos, comme à son habitude, et ne souffre pas de la comparaison. Il n’était pas forcément évident pour lui de se situer face à ces deux monstres sacrés que sont le Rock et John Cena mais je considère qu’il tire parfaitement son épingle du jeu et s’en sort à merveille. D’ailleurs, je lui trouve quelques accents de face assez surprenants et apportant de nouvelles teintes de gris à une storyline qui n’en était pas dépourvue. Il est sans doute trop tôt pour le faire turner, mais l’évolution du personnage n’est pas dépourvue d’intérêt.

 

 

The Rock et Cena? Mais leur boulot, c'est acteur! David Arquette, ça ne vous a rien appris?

 

 

Le mini-événement de ce Raw est sans doute la mise à l’écart d’Alex Riley. Défié par Cena, il accepta ce lundi la stipulation proposée par le Marine: en cas de défaite, le binôme qu’il forme avec le Miz cesserait d’exister (en cas d'improbable victoire de l'ancien rookie de la saison II de NXT, Cena devait admettre que le Miz est le plus grand champion de tous les temps). Le challenge fut relevé, sans doute car les deux compères comptaient bien gruger pour terrasser le champion de la fidélité. Malheureusement pour eux, le General Manager avait senti venir l’arnaque et imposa aux deux belligérants un match en cage que notre Marine remporta malgré les multiples interventions d'un Miz hilarant.

 

Exit donc Alex Riley, ce qui n’a pas eu l’air de traumatiser le champion en titre. Au contraire, il me semble sortir renforcé de ce Raw atypique: en explosant la tronche de Cena en fin de show et en beatdownant salement Daniel Bryan auparavant, juste « parce qu’il le peut », il devient peu à peu une menace crédible pour son adversaire à Mania. Mieux, débarrassé de son valet, il est désormais prêt pour un push plus individuel bien mérité. La suite devrait être assez excitante même s’il serait bon que The Rock soit présent physiquement de temps à autre pour que le build de la storyline soit parfait. Sa présence à chaque show serait à mon sens contreproductive, car il faut en garder sous le pied d’ici Mania, mais Dwayne ne pourra se contenter éternellement de promos enregistrée depuis sa demeure californienne.

 

 

Fais ton plus beau sourire, John! J'envoie cette photo au Rock, il m'a promis de la montrer à ses copains réalisateurs de série Z! Y a peut-être cinq secondes de figuration dans un film d'horreur pour toi au bout!

 

 

2. The Game is back

 

Triple H est donc de retour et pour lui aussi, cela sent fortement le dernier tour de piste. A l’instar d’un The Rock, d’un Taker ou d’un Jerry The King Lawler, l’essentiel de la carrière d’Hunter est derrière lui et la toile bruisse déjà de rumeurs en tout genre: ça spécule fort autour de la date de mise en retraite de la légende et il se murmure  que l’affrontement titanesque qui se profile à Wrestlemania pourrait bien mettre un point final aux aventures catchesques du Game. Après HBK l’an dernier, Triple H pourrait raccrocher lui aussi ses slips en cuir noir et ses genouillères pour se retirer définitivement des rings, même si on se doute bien qu’il occupera quoiqu’il advienne d’éminentes fonctions au sein de la WWE.

 

Hunter, pour des raisons qui m’échappent un peu, est certainement la légende la plus contestée de la fédération de Stamford. Malgré un soutien sans faille des fans les plus jeunes (ou peut être « à cause de », allez savoir), le WWE Universe dans sa composante la plus smart est en général d’une sévérité excessive à l’égard du champion. On lui reproche entre autres son booking sur mesure, une certaine lenteur, son palmarès mais surtout une influence en coulisses liée à son statut de beau-fils du boss. Et je reconnais que j’ai bien du mal à m’associer à ces critiques voire même à les comprendre. La WWE est une entreprise familiale et comme dans toutes les entreprises familiales, le top management est confié au cercle le plus proche, pour le meilleur et parfois pour le pire. Vince a repris le business de son papa qui lui-même le tenait de son propre père. Et lorsque Mister McMahon se décidera à abandonner le pouvoir (dans une bonne vingtaine d’années), c’est fort logiquement que sa fille et son gendre reprendront les rênes du business, avant que Murphy Claire et Aurora Rose ne deviennent les Divas dominantes du XXIème siècle. Rien de choquant à cela, à moins de considérer le catch comme un vrai sport. Dans ce cas, oui, la règle du jeu serait biaisée à l’avance et la compétition faussée dès le départ. Oui mais voilà, le catch, ce n’est pas du sport, c’est du divertissement scénarisé et ne pas comprendre qu’un élément soit sciemment favorisé me dépasse un peu.

 

Evidemment, cela poserait problème si HHH avait la stature d’Hornswoggle, le talent au micro de Rey Mysterio et les neurones (ou plutôt le neurone) de R-Truth. On pourrait dans ce cas parler de népotisme éhonté et de booking scandaleux. Mais ce n’est pas le cas: Triple H est un colosse qui culmine aux alentours de deux mètres, une montagne de muscles qui passe des heures en salle de musculation, un orateur plutôt brillant, un professionnel irréprochable capable de terminer un match sur une jambe et surtout une tête extrêmement bien faite. Et c’est une superstar qui jouit d’une popularité énorme auprès des fans les plus jeunes et déclenche des pops monumentales. Dès lors, qu’y a-t-il de scandaleux à le voir au sommet de l’affiche depuis tant d’années? Rien? Merci d’avoir suivi, il n’y a en effet pas grand-chose à redire, n’en déplaise au public de smarts qui se plait à dauber sur le King of Kings à la première occasion, le plus souvent de façon complètement irrationnelle, comme c’est le cas depuis son retour.

 

Tout à leur haine, les anti-HHH lui reprochent tout et surtout n’importe quoi. Et depuis sa promo de lundi dernier, les critiques pleuvent sur le champion. Que lui oppose-t-on au juste depuis l’annonce de son match contre l’Untertaker à Mania? Eh bien tout et son contraire. Triple H serait jaloux de son pote HBK qui a enflammé les salles lors de sa feud contre le Deadman, il veut son Wrestlemania moment plus que tout avant de se retirer et comme d’habitude il se révèle incapable de jobber, de mettre en valeur son adversaire. C’est tout pour sa gueule et tant pis pour les autres. Quand je lis de telles inepties je suis partagée entre l’envie d’exploser de lol et le désir de tuer un animal à mains nues histoire de calmer un peu la colère qui m’anime. Car les mêmes qui reprochent à Hunter sa mégalomanie et son incapacité à s’incliner reconnaissent dans le même temps qu’évidemment le Phenom sortira vainqueur de cet affrontement entre légendes, la streak du Taker étant aussi sacrée à la WWE que le saint Graal! Ou comment pourrir HHH sur son incapacité à se coucher tout en reconnaissant qu’il jobbera à Mania pour accroître d'une unité la streak du fossoyeur mort-vivant. Y’a pas quelque chose qui vous chiffonne un brin dans ce raisonnement à la mords-moi-le-nœud? Il y a là comme une sorte de haine viscérale qui obscurcit le jugement de certains suiveurs et leur fait écrire des bêtises monumentales. Il ne s’agit évidemment pas de remettre en cause le goût personnel des détracteurs du Game. Après tout, nous avons tous nos lubies et nos marottes et il est bien naturel que la subjectivité soit de mise au moment de juger des qualités d’un catcheur. Ne pas aimer Triple H est parfaitement légitime mais n’autorise pas à écrire n’importe quoi ni à utiliser des arguments pour le moins contradictoires.

 

 

Regardez ce salopard! Avec sa bouteille de flotte, il pique le gimmick de CM Punk! Avec sa queue de cheval, il pique la coiffure de Drew McIntyre! Avec sa veste en cuir, il mord sur l'héritage de Bret Hart! A mort!

 

 

Sur la forme, il n’y a pas grand-chose à opposer à la promo du Game de ce lundi. Hunter est une bête de scène et maitrise tous les éléments nécessaires à un exercice qu’il affectionne et pratique depuis plus de quinze ans, et il me parait difficile de le critiquer sur ce point. Mais passons plutôt au fond de son discours, qui a fait couler pas mal d’encre virtuelle sur tous les forums et blogs spécialisés de la planète catch. Car Hunter n’y a pas été de main morte. Pour faire simple, selon HHH, le Taker et sa streak constituent le dernier challenge à relever pour un champion qui a déjà tout gagné et collectionne les titres depuis 1994. Mieux, il considère que le Deadman n’a pas non plus d’adversaire à sa mesure dans le vestiaire de la WWE, si ce n’est bien sûr, The Game en personne.

 

Le discours aurait été moyennement apprécié par certains éléments du roster? La belle affaire! Car en effet, au regard de la formidable carrière de ces deux légendes, quel challenge pourrait bien motiver les deux hommes dans la perspective de leur participation à Wrestlemania? Au crépuscule de leur carrière,  ces deux-là ont déjà combattu tous les main eventers de la fédération et sont arrivés à un moment de leur parcours où il est devenu difficile, du fait de leur statut et de leur position particulière dans la carte, de leur trouver des défis à la hauteur de leur légende. Car le Taker et HHH ne catchent plus dans la même division que les Cena, Orton et compagnie, qui leur rendent une bonne dizaine d'années. Ils n’ont plus rien à prouver à quiconque. Dès lors, les faire se rencontrer s’impose comme une sorte d’évidence.

 

Alors oui, The Game aurait pu lors de sa promo faire référence à son pote HBK défait et poussé vers la sortie par le Phenom, ou même glisser un mot ou deux à propos de celui qui l’a tenu éloigné des rings pendant près d’un an, l’anciennement redoutable Sheamus. Oui, j’en conviens, ce sont deux sujets qui n’auraient pas dépareillé dans sa promo de lundi dernier. Mais il faut bien admettre que c’est bien secondaire et n’entache pas l’angle choisi de je-ne-sais-quel péché originel. On retrouvera certainement des références à Shawn Michaels tout au long de la feud entre les deux stars. Quant au cas Sheamus, il a été réglé en deux temps trois mouvements à la fin de la promo : Beatdown des familles, Pedigree sur la table des commentateurs, circulez y’a plus rien à voir, l’Irlandais est à moitié mort. Sheamus méritait-il mieux que ce passage à tabac expéditif? Oui, c’est possible. Mais le blanc-bec est en plein depush, ce qu’il me semble difficile d’imputer au Game. Et puis, rien ne dit que le chemin des deux hommes ne se recroisera pas d’ici Mania. D'ailleurs, Triple H n'a pris l'avantage que par la grâce d'un low blow, que l'on peut aussi interpréter comme le signe qu'il connait bien le danger que représente l'albinos…

 

 

Ouais, je lui ai mis un coup de pied dans les burnes. Mais c'est juste parce que j'avais pas mon sledgehammer sur moi.

 

 

La storyline des deux légendes qui n’ont plus rien à démontrer (ce qui est vrai) et auxquelles il ne reste que ce défi à relever me semble le meilleur chemin que les bookers pouvaient prendre. Et puis, quelle façon de valoriser encore un peu plus la streak du Taker! Rendez-vous compte, c’est la seule chose qui pousse un mec comme HHH à se lever le matin et à reprendre le chemin de l’entrainement! Il n’est bien sûr pas écrit à l’avance que cette storyline, ni a fortiori le match en lui-même, atteindront les sommets de la confrontation entre le Taker et Shawn Michaels qui a électrisé Mania deux années de suite. Mais à ce stade, rien ne me semble justifier ce procès d’intention. On en reparlera dans quelques semaines.

 

 

3. Michael Cole est prodigieux

 

A propos de cette storyline, j’ai bien conscience qu’on est typiquement dans le sujet clivant, par définition. Après tout, Michael Cole n’est qu’un commentateur heel dont le push est très récent, et se voit opposer une vieille gloire bedonnante en la personne de Jerry Lawler. A priori, il peut paraitre difficile de passionner les foules avec un tel pitch. Le juste milieu me semble difficile à atteindre: on adore ou on déteste. Et si j’ai avoué à maintes reprises mon aversion pour Lawler, que je ne supporte décidemment pas, j’admets sans mal être bluffée par la performance de Cole qui me sidère promo après promo. Il se murmure que Vince voit en son commentateur le futur monster heel de la fédération  dans la catégorie authority figures, et pour ma part, je m’en lèche les babines de plaisir.

 

Ce lundi, Cole a lancé un défi au King, en posant ses conditions: les deux hommes s’affronteront à Wrestlemania, mais Cole aura le privilège de choisir l’arbitre de leur combat et bénéficiera de la présence de son coach privé dans son coin, conditions que le vieillard lubrique et certainement incontinent s’empressa d’accepter. Alors évidemment, il ne faut pas s’attendre à des sommets techniques à Wrestlemania. King fait tout juste illusion sur un ring et Michael Cole est commentateur, pas catcheur. On sera certainement plus proche du « comedy match » que du combat enchainant spots de folie et acrobaties depuis le haut de la troisième corde. Ce n’est pas un John Morrison vs. Daniel Bryan qui nous attend, mais bien un match entre un commentateur de show et une vieille baderne sur le retour. Mais le talent de Cole, tout simplement prodigieux en promo et qui déclenche à chacune de ses apparitions une heel heat assez phénoménale, ainsi que les conditions qu’il impose à son adversaire font que tous les ingrédients me paraissent réunis pour que leur règlement de comptes soit un bon petit feel good moment du Mania vingt-sixième du nom.

 

Si l’on connait déjà l’identité du coach de Cole (ce sera Jack Swagger alors que je m’attendais à Alex Riley), le nom de l’arbitre spécial n’a pas été révélé. Ce qui offre de belles perspectives pour les semaines à venir. Swagger, lui, devra se contenter de ce rôle secondaire mais il marquera au moins Mania de sa présence, ce qui n’est déjà pas si mal pour le jeune catcheur qu’il est encore. En attendant, il a fait des nœuds avec la jambe du King lundi dernier et on attend maintenant avec impatience les retrouvailles entre le vieil homme blessé dans sa chair et son orgueil et ses agresseurs. Voila donc des bases solides, susceptibles de me faire kiffer à court et moyen terme : j’espère de tout cœur que la WWE nous proposera des vidéos de l’entrainement de Cole par le All American American et je caresse le rêve secret de voir dans un futur plus ou moins proche, le commentateur prendre les rênes du show du lundi soir.

 

 

Tu vois Jerry, Jack m'a déjà appris à faire des pompes!

 

 

4. Les Bella Twins sont magnifiques

 

Depuis que les Cahiers du Catch existent, nous écrivons pis que pendre à propos de la division féminine de notre fédération d’élection. D’ailleurs, déréliction et déliquescence sont nos expressions favorites au moment d’évoquer la situation particulière des Divas de la WWE. On a tout dit, tout écrit à leur sujet : elles sont nulles techniquement, les gimmicks sont aussi plates que la Wallonie, le main event ne se renouvelle pas, les storylines ne valent pas tripette et on s’emmerde, on s’emmerde terriblement. Rien n’a changé, me direz-vous. Bien au contraire, les Divas poursuivent inexorablement leur descente en enfer et le comble du ridicule est atteint avec ce push du symbole de la nullité crasse de la division féminine, je parle bien sûr de celui des Bella.

 

Sauf que oui mais non. Et là, j’ai bien conscience d’avoir sur le sujet un avis très peu partagé par le reste du WWE Universe, ce que j’admets sans mal. Ben oui, moi, les Bella Twins, je les trouve magnifiques dans ce nouveau rôle qui est le leur et qui correspond tout à fait à l’image qu’inconsciemment je m’étais fait des sœurs jumelles. Mais pour me faire comprendre, il va me falloir vous raconter un de mes rêves, fait il y a de cela un an, un an et demi.

 

Je me trouvais dans une fête étudiante où l’alcool coulait à flots et la drogue circulait de convive en convive. Nous étions dans le jardin d’une grande bâtisse qui, pour les besoins de mon rêve, était largement pourvue en fenêtres et autres baies vitrées. Toujours pour les besoins de mon voyage onirique, la demeure possédait plusieurs étages et disposait d’un large escalier permettant de passer de l’un à l’autre. Evidemment, des fenêtres stratégiquement placées nous permettaient de voir ce qui se passait dans les dits escaliers. Enfin, de deviner, car ceux-ci étaient plongés dans la pénombre. Soudain, mon regard fut attiré par une curieuse forme, tapie sur les marches. Mes yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité, je compris rapidement qu’il s’agissait là de nos Bella Twins nationales. Elles étaient assises, comme prostrées, dans le noir, inquiétantes et mystérieuses, leur longue chevelure brune masquant une grande partie de leur visage. Et elles ne bougeaient pas d’un pouce. Croyez moi, elles étaient vraiment flippantes, les deux jumelles et j’ai compris ce soir là quelle était la vraie nature des Bella: celle de deux tarées psychopathes. La fin du rêve, je la garde pour moi.

 

 

Qu'est-ce que je vous disais?

                                 

 

Il faut croire que la WWE a accès au contenu de mes rêves car c’est exactement le chemin suivi par les bookers de la division féminine. Et je les trouve parfaites dans ce rôle taillé sur mesure pour les deux jeunes filles. Alors, fort logiquement, je les kiffe depuis des semaines, depuis qu’elles sont devenues ces deux folles furieuses qui s’en prennent à Gail Kim et n’hésitent pas à se jeter sur Bryan à la moindre occasion. Il y a des séquences de baston en backstage assez monumentales et j’avoue ma surprise: je ne m’attendais pas à voir les jumelles y mettre autant d’intensité. Alors bien sûr, la Battle Royale de ce lundi, dont l’enjeu était le statut de challenger numéro d’Eve, la championne en titre, fut trop rapide pour être intéressante. Il s’agissait surtout de confirmer le push des Twins et de les faire accéder en un clin d’œil au title shot. Et pour ce faire, quoi de plus efficace qu’une bataille royale entre divas? Bien entendu, les jumelles l’emportèrent et profitèrent de l’occasion pour savater la championne en titre venue crier sa rage (les Twins ont triché) sur le ring. Oui, le match fut mauvais mais encore une fois ce n’était qu’un prétexte, le seul moyen de placer rapidement les Twins sur le chemin du titre, pour mon plus grand bonheur.

 

 

Et dire qu'il y en a dix autres qui patientent sous le ring…

 

 

5. Randy Orton est plus reptilien que jamais

 

Randy, depuis son turn, oscille entre le bien et le mal. Devenu face, il n’est pas rare de le voir adopter des comportements typiquement heel, ce qui me semble parfait dans la perspective de la construction de son gimmick. En faire subitement un gentil gars un peu mielleux, lorsque l’on connait son passif, ce serait clairement nous prendre pour des cons. C’est un mec prêt à coller un RKO à sa propre grand-mère, pas à lui donner le bras pour traverser la rue. Dès lors, le voir retrouver ses accents de bad boy en promo, ou observer à quel point il est encore la bête sauvage capable de kicker son adversaire dans le crâne juste par plaisir me semble très bien vu de la part des bookers, d’autant plus quand son adversaire du moment se nomme CM Punk. Car le brave CM n’est pas non plus ce personnage heel monolithique que l’on imagine. Ses promos sont le plus souvent ambigües au possible, même lorsqu’il n’exploite plus la sulfureuse thématique du mode de vie straightedge. Lundi, il a bien tenté de dissuader la Vipère d’exploser le skull de McGillicutty, mais sans succès. Le reptile avait ce soir-là son regard de fou et n’a guère hésité avant de passer à l’acte. Ses expressions faciales de dément n’ont pas fini de me surprendre. Toujours est-il que ça fait un membre du New Nexus de plus à l’hôpital. A ce jeu là, je ne serais pas surprise que cela se termine en mano à mano entre les deux champions, à Mania. Quand on connait les qualités in ring et en promo des deux hommes, je signe tout de suite et des deux mains.

 

 

Voix n°1: ALLEZ RANDY DEFONCE LUI LE CRANE!

Voix n°2: OUAIS! OUAIS! DECAPITE CE CONNARD!!!

Voix n°3: Non, Randy ne fais pas ça!

Voix n°1 et n°2: Ta gueule CM Punk, on t'a reconnu!

 

 

Alors que j'éprouve parfois des difficultés à discerner un seul motif de satsfaction dans un épisode de Raw, celui-ci m'en a offert cinq, et des majeurs qui plus est (mais même des aspects secondaires comme le retour d'Evan Bourne et de son fantastique finisher m'ont ravie). Je regrette pour tous les mauvais coucheurs qu'ils aient trouvé l'épisode consternant et, si je ne me fais pas d'illusion quant à ma capacité à les faire changer d'avis, j'espère en tout cas avoir fait valoir quelques éléments expliquant mon enthousiasme et je prie, brothers and sisters, pour que nous communions tous ensemble dans une satisfaction béate une fois Wrestlemania venu!

 

 

– Hunter, y a des fans qui disent que ça aurait été mieux si au lieu de faire notre match à Mania, j'aurais affronté Barrett et toi Sheamus.

– Ils achètent nos ppv, les fans?

– Non, ils les visionnent gratos sur le Net.

– Alors ils n'existent pas.

 


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