Smackraw, le supplément “divas”.

I tell ya what, girl
Dance for me, I’ll keep you overemployed
Just tell me a story
You know the one I mean

Motley Crue, Girls, Girls Girls

 

Ces jours-ci sort sur nos écrans le film tiré du premier tome de la trilogie Millénium, intitulé Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. Une description qui va comme un gant à la cohorte de demeurés misogynes qui scripte les combats féminins à la WWE.

 


Vous êtes venus voir du catch féminin? Hou là, la maison ne fait plus ça depuis des années…

 

Etat des lieux du catch féminin à la WWE


I tell ya what, girl
Dance for me, I’ll keep you overemployed
Just tell me a story
You know the one I mean

Motley Crue, Girls, Girls Girls

 

Ces jours-ci sort sur nos écrans le film tiré du premier tome de la trilogie Millénium, intitulé Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. Une description qui va comme un gant à la cohorte de demeurés misogynes qui scripte les combats féminins à la WWE.

 


Vous êtes venus voir du catch féminin? Hou là, la maison ne fait plus ça depuis des années…

 

Etat des lieux du catch féminin à la WWE

 

Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder le sujet de la déliquescence de la catégorie féminine de la WWE au lendemain de Wrestlemania 25, dont la Battle Royale des Divas, bâclée en quelques minutes et achevée sur la victoire du trav Santina, fut un sommet de nullité. Le constat que nous faisions alors était bien évidemment un constat d’échec: absence de storylines ou scénarios proches du débile absolu, manque patent d’athlètes de haut niveau entrainées pour ressembler à quelque chose in the ring… Bref, très peu de catch et beaucoup trop de pétasses siliconées se dandinant en bikini autour du ring, tel est le terrible et douloureux constat que nous faisions au lendemain du pay-per-view le plus suivi de l’année.

 


— Madame McMahon, je suis championne de lutte et de kick-boxing, j’ai énormément d’idées pour un personnage de diva à la WWE et…
— C’est très bien petite. Reviens nous voir quand tu te seras fait refaire les seins.

 

L’actualité des Divas, du 05 avril au 8 mai

 

Malgré nos réticences d’alors, nous pensions que la WWE et sa Creative Team sauraient rebondir au plus vite afin de sortir de l’ennui, voire du formol, un catch féminin en pleine déshérence. Las, une draft, quelques shows et un pay-per-view sont passés par là… et ce qui nous semblait impossible est aujourd’hui une évidence: cela va de mal en pis et les perspectives nous paraissent de plus en plus sombres.

 

Une draft des plus symboliques

 

De la Draft en elle-même, nous n’attendions pas grand-chose. Les mouvements significatifs ne furent pas légion (normal, il y a trop peu de catcheuses de talent pour qu’ils puissent l’être). Au jeu des chaises musicales, Maryse est passée de Smackdown à Raw avec son titre de «Diva Champion» tandis que sa petite copine Melina faisait le chemin inverse en emmenant avec elle ses grands écarts latéraux et son élégante ceinture de «Women’s Champion». C’est à peu près tout ce qu’il faut retenir de la Draft du mois dernier pour ce qui des mouvements de Divas. Ah non, pardon ! Santino/a reste à Raw où il est rejoint par Hornswoggle. Quand on vous dit que les perspectives sont effrayantes.

 

 


Horny confirme. Effrayante, la perspective.

 

Et à la lecture de la composition des rosters des deux principaux shows, on comprend mieux la difficulté à booker des combats de qualité: les vraies catcheuses sont en nombre insuffisant, ce qui n’est pas une nouveauté au sein de la WWE.
AOn se dit alors que, à Raw, il faudra compter essentiellement sur Beth Phoenix et sa Rosa, Maryse, Mickie James et Kelly Kelly pour animer notre lundi soir (les pitreries étant confiées à Santino(a), aux Bella Twins et au nain tout de vert vêtu) tandis que du côté de Smackdown, Melina, Gail Kim et si l’on veut être gentils, Candice Michelle McCool (c’est un jeu de mots, pas une faute de frappe! Riez!) ainsi que Layla et Eve Torres auront la lourde responsabilité de nous divertir le vendredi. Le programme d’ici la prochaine draft paraît écrit d’avance et les luttes pour les deux titres devraient se résumer à un affrontement Melina vs. Gail (plus éventuellement McCool) au sein de Smackdown et Beth Phoenix vs. Maryse (plus éventuellement Mickie) au sein de Raw. Ce qui ne serait pas si choquant en soi si ces affrontements donnaient lieu à des feuds un tant soit peu construites. Ce qui n’est pas le cas, les deux shows se contentant d’opposer les catcheuses sans les storyliner… quand on n’oublie pas tout simplement de les faire combattre!

 

L’espoir renait pourtant dans la foulée de la draft via un Maryse vs. Gail Kim de très bon niveau et qui verra la championne en titre s’adjuger une victoire d’adieu à Smackdown contre la transfuge de la TNA lors du show du 24/04 après avoir été défaite par la même Gail Kim une semaine plus tôt (Smackdown du 17/04). Les combats entre ces deux divas sont toujours très agréables à suivre et même si Gail Kim a du talent pour deux (on pense qu’elle arriverait même à faire passer les Bellas Twins pour de vraies catcheuses), force est de constater que Maryse dispose d’une vraie personnalité et qu’à défaut d’être vraiment spectaculaire sur le ring, elle fait le métier de façon fort convenable. Mais si l’espoir renait fugacement, le doute nous ronge tout de même: pourquoi booker un bon Maryse vs. Gail Kim l’avant-veille du Backlash et nous infliger une pitoyable séquence «comique» lors du pay-per-view? Quelques shows plus tard, la raison nous saute aux yeux: Vince se contrefout de la catégorie féminine et les matchs bookés ressemblent plus à du remplissage de programme quand on est en panne d’idées qu’à autre chose.

 


L’humiliation de Gail Kim ne connait pas de limite. En plus d’un booking desastreux, Vince l’oblige à poser en compagnie de Philippe Séguin.

 

Raw au fond du trou

 

Lors de Backlash, point de divas au programme, car il nous paraît difficile de qualifier la séquence Santina(o) vs. Beth Phoenix et la pantomime du bisou du Great Khali de catch féminin. Cirque, divertissement de seconde zone, humour destiné aux moins de cinq ans et aux autres fans de John Cena… appelez ça comme vous le voulez, mais évitons d’employer les termes «catch» ou «lutte» pour désigner ce qui nous a été servi ce soir-là. Le Great Khali tentera tant bien que mal d’embrasser Santino(a) tandis que Beth Phoenix défiera le géant indien, souhaitant en découdre elle-même avec l’étalon italien. Et ce qui devait arriver arriva: Khali colle une beigne à Beth qui s’effondre, inanimée. Santina(o) en profite alors, demande à l’arbitre de faire retentir la cloche et fait le tombé sur la Glamazon. Victoire de la pitrerie sur le catch. Pour le spectacle in the ring, revenez la semaine prochaine… ou pas.

 


Que les spectateurs se rassurent. Les implants mammaires devraient être posés avec le prochain per-per-view.

 

Alors que l’on croit avoir touché le fond lors du pay-per-view du 26 avril, le pire est pourtant à venir. Il nous paraissait impossible de tomber plus bas, mais la capacité de la WWE à nous surprendre ne connait décidément pas de limite. Le comble du ridicule et du vaudeville bas de gamme est donc atteint lors du Raw du 27 avril de sinistre mémoire. Ce soir là, un tag team qui aurait pu/dû (cul!) être intéressant oppose sept jeunes femmes et Santino(a). Le match s’engage, donc et assez rapidement, une des deux Bellas (laquelle, nous serions incapable de vous le dire; il paraît que même les bookers ne s’y retrouvent pas) quitte l’arène pour aller se réfugier sous le ring. Oh oh oh! se dit alors Axl, avachi sur son canapé et picorant du pop corn à la bière, mais que va-t-il se passer? Il ne se doute pas encore qu’il va assister à la mort du catch féminin au sein de Raw. Le meurtre est organisé en deux temps, trois mouvements: premier temps, ce n’est pas une mais… deux Bellas qui ressortent de dessous le ring! Deuxième temps, pour achever la bête, Hornswoggle surgit à son tour de sous le ring en ricanant, entre les deux Bellas mortes de rire qui lui font un… bisou sur la joue! Damn! S’ensuit une période de confusion sur le ring qui verra Santino(a) en profiter pour faire le tombé, cette séquence grand-guignolesque se concluant par un Hornswoggle prenant la fuite, horrifié par ce qu’il vient d’entre-apercevoir sous la jupe de Santina(o). On a eu toute les peines du monde à ne pas casser notre écran lors du visionnage du show et, croyez nous ou pas, mais le retranscrire à l’écrit est aujourd’hui encore extrêmement douloureux.

 


La mort en direct avec toujours cette même interrogation depuis la coulée de boue colombienne. A-t-on le droit de tout publier? Le journaliste n’aurait-il pas dû intervenir?

 

On a déjà eu l’occasion d’écrire que les délires autour du personnage de Santino(a) ne nous dérangeaient pas outre mesure. Après tout, les clowneries de la WWE ne datent pas d’aujourd’hui et certaines performances comiques de Santino micro à la main sont plutôt bien menées, l’animal ayant des talents d’acteur que l’on ne peut que souligner. Mais comme à son habitude, il semble que la Creative Team ait du mal à écrire le point final de cette storyline qui s’enlise semaine après semaine et nous prive de catch féminin depuis maintenant trop longtemps. Espérons maintenant qu’une porte de sortie honorable sera offerte à Santino (bon courage aux bookers pour en refaire un personnage crédible au sein de la division masculine) et que ces bouffonneries dont l’humour est désormais plus proche de la fin de banquet (voir encore le Raw d’hier) qu’autre chose cèdent leur place à une storyline bien construite entre les deux stars féminines du roster: Beth Phoenix et Maryse. Ces deux jeunes femmes ont du talent sur le ring, une personnalité en dehors, qu’on leur file donc un micro et une storyline bien construite and let the feud go on! Le talent de Mickie James et dans une moindre mesure celui de Kelly Kelly devraient également pouvoir offrir de belles choses aux amateurs de catch féminin.

 


Sans compter que pour Beth Phoenix, ça doit commencer à devenir pénible.

 

Smack up and down

 

Ce n’est pas la première fois que nous parlons du cas de Gail Kim, dont la rédac’ des Cahiers du Catch apprécie la technique in the ring et le style de voltigeuse. Voir une catcheuse surnager dans cet océan de médiocrité catchesque est un vrai bonheur pour les yeux et c’est un plaisir de voir Gail Kim combattre toutes les semaines ou presque. Elle allie de plus une technique irréprochable à une vraie et saine agressivité pendant ses combats, et la faiblesse du roster devrait logiquement aller dans le sens d’un énorme push en sa faveur. Oui mais voila: depuis sa victoire contre Maryse avant le Backlash, elle ne gagne plus. Si on peut trouver logique la dernière victoire de Maryse, celle qui devait sceller son départ de Smackdown (après tout, offrir une telle porte de sortie à la championne en titre n’est pas totalement incongru, bien au contraire), le booking de ses derniers combats nous paraît assez désastreux ou au mieux, très mal inspiré. Défaite par McCool lors du Tag Team match du WWE Superstars du 30 avril, à nouveau battue par la mère Michelle lors du Smackdown du 8 mai, Gail Kim ne gagne plus — et pire, elle doit accepter deux défaites de rang contre une catcheuse qui est bien gentille mais qui ne possède pas le dixième de son talent. Ses deux défaites de rang ne présagent rien de bon quant à son avenir immédiat et nous plongent dans un abîme de perplexité. Gail Kim serait-elle victime de l’ego trip de Mister McMahon ? C’est qu’on imagine assez bien le fourbe Vince prendre un malin plaisir à faire comprendre au monde entier qu’une main eventer de la TNA n’a pas le niveau pour s’imposer au sein de la WWE, ce qui est tout de même assez débile si l’on se souvient que Gail Kim était bookée «championne WWE» avant son départ pour la TNA. Est-elle limitée par un mic skill déficient? Dégage-t-elle le charisme d’une huitre lors de ses promos? Difficile à dire, personne ne lui a encore confié de micro…

 


Malgré les paroles rassurantes de l’arbitre, Gail n’en revient toujours pas. Le double effet McCool est passé par là.

 

Si au sein de Smackdown, un espoir subsiste donc en la personne de Gail Kim (Vince finira bien par lui offrir le push qu’elle mérite, on veut tout du moins le croire), les pitreries des Cryme Tyme auxquelles sont associées Layla et Eve sont là pour nous rappeler que nos espoirs sont des plus fragiles, même en ce qui concerne le show du vendredi soir. Les deux concours (danse et bras de fer) que nous ont infligés les rigolos de la Creative Team ont en effet très rapidement tourné au ridicule le plus total. L’idée en soi n’est pas forcément si mauvaise (opposer deux divas dans ce genre de concours aurait pu déboucher sur une feud plutôt sympa si elle était bien menée, remember celle ayant vu, il y a quelques années, Matt Hardy et MVP s’opposer aux échecs, au basket et même au bouffage de pizzas) mais la médiocrité des deux compères de Cryme Tyme (on a fini par comprendre qu’ils savaient dire « Yo yo yo » et « Check this out » mais à part ça?) et le «talent» des divas mises en scène en fait une séquence absolument calamiteuse. Les deux gars sont nuls, on n’entend pas les deux filles (ce qui est logique, sans micro, c’est plutôt compliqué), bref nos deux divas en sont réduites à un rôle de potiches aphones et on ne voit pas cette feud se poursuivre in the ring. Ce qui n’est peut-être pas plus mal tant on doute du réel talent des deux demoiselles impliquées.

 


Au moins pendant ce temps, c’est vrai qu’elles ne catchent pas.

 

Tant qu’à monter ce genre de rivalités au sein de la division féminine de Smackdown, pourquoi ne pas utiliser ses main-eventers, laisser les divas s’exprimer et construire des storylines plus dynamiques et prétextes à quelques combats enflammés? On ne demande pas grand-chose et nous sommes persuadés que quelques petits riens suffiraient amplement à notre bonheur. Imaginons nous cinq minutes à la place de Vince et de son équipe: on dégage les Cryme Time, on oppose McCool à Gail Kim dans des petits concours, on leur file le micro pour qu’elle fassent leur promo, yeux dans les yeux, poitrine opulente contre poitrine généreuse, on les laisse se filer deux ou trois claques en backstage, on règle le différend né des concours par quelques combats entre les deux miss, avec en point d’orgue le droit de venir chercher le titre de Melina au prochain per-per-view, et le tour est joué! Sans même parler de la possibilité de tresser de vraies histoires entre les filles et les garçons, comme à l’époque où Trish et Lita se castagnaient avec Christian et Jericho, par exemple, comme vous l’avez récemment vu ou revu sur notre Wall of Vidéos. Il y a quelques mois, on avait cru assister à la renaissance de ce genre de storyline, quand Kane s’était épris de Kelly Kelly, qui couchait avec nul autre que Randy Orton et a détourné la colère du Red Monster sur la petite gueule de minet de Miz. Mais l’histoire a été brusquement enterrée, à notre grand dam. Booker au sein de la WWE, c’est un métier. Vince sait où nous joindre, le formulaire «contact» des Cahiers du Catch est fait pour ça !

 

Vous l’aurez compris, les raisons d’espérer un retour des divas sur le devant de la scène ne sont pas légion et on se demande vraiment si Vince a de vrais projets pour sa division féminine. On se souvient d’une interview où Stéphanie confiait que son père ne voulait plus assister aux débordements parfois scabreux qui ponctuaient les shows de la WWE à l’époque de l’Attitude Era et qu’il ne voulait plus voir de Divas mises en scène de cette façon. Ce qui est louable. Ce que Vince n’a semble-t-il jamais voulu comprendre, c’est qu’il est parfaitement possible de construire de belles storylines autour des superstars féminines sans pour autant faire preuve de vulgarité comme ce fut le plus souvent le cas à la fin des années 1990, début des années 2000. Cependant, gardons espoir. Il se murmure que pour faire face à l’érosion des audiences (Raw se casse la gueule semaine après semaine), Vince aurait confié à Stéphanie le soin de rebooster le contenu du programme du lundi soir. Et c’est bien connu, aux Cahiers du Catch, in Stephanie we trust! Yes she can! Au boulot Steph, on veut des farm fight, des histoires d’amour, des claques qui résonnent en backstage, des promos endiablées sur le ring, bref, on veut que les Divas soient enfin de retour!

 


Bon d’accord, on n’a peut être pas encore tout à fait touché le fond.


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