Du sang et des larmes (avec un peu de camomille)

Let the blood run red
Let them all be dead
Thor, Let the Blood run red

 

C’est le cas tous les mois, mais ce fut particulièrement flagrant ce dimanche : les PPV de la WWE sont un lieu étrange où se côtoient comédie de boulevard et tragédie grecque, indifférence et enthousiasme, ennui assommant et violence terrifiante, où  le kitsch le plus risible s’unit dans un fascinant ballet à une sorte de grandeur mythologique propre à nous émouvoir au fin fond de ce qui fait de nous des êtres humains (un peu comme le heavy metal, quand on y pense). On l’a dit souvent en ces colonnes, mais ça ne fait jamais de mal de le répéter : le catch, c’est la vie !

 

 


Et pourtant, allez savoir pourquoi, il y a encore des gens qui ne prennent pas ça au sérieux.

 

 

Nalyse de Hell in a Cell 2015

 

Let the blood run red
Let them all be dead
Thor, Let the Blood run red

 

C’est le cas tous les mois, mais ce fut particulièrement flagrant ce dimanche : les PPV de la WWE sont un lieu étrange où se côtoient comédie de boulevard et tragédie grecque, indifférence et enthousiasme, ennui assommant et violence terrifiante, où  le kitsch le plus risible s’unit dans un fascinant ballet à une sorte de grandeur mythologique propre à nous émouvoir au fin fond de ce qui fait de nous des êtres humains (un peu comme le heavy metal, quand on y pense). On l’a dit souvent en ces colonnes, mais ça ne fait jamais de mal de le répéter : le catch, c’est la vie !

 

 


Et pourtant, allez savoir pourquoi, il y a encore des gens qui ne prennent pas ça au sérieux.

 

 

Nalyse de Hell in a Cell 2015

 

Indépendamment du vieux débat concernant l’opportunité d’organiser chaque année un PPV fondé sur la stipulation Hell in a Cell, pensée à l’origine pour être exceptionnelle et destinée à conclure de façon définitive des feuds particulièrement intenses, il faut bien avouer que la carte ne faisait pas rêver. Un match de championnat opposant l’excellent Seth Rollins au vieillissant Kane, la revanche d’un combat médiocre entre Ryback et Kevin Owens, une division féminine toujours engluée dans des histoires indignes des cours de récréation… Et pourtant, force est de constater que tout ne fut pas à jeter.

 

Par exemple, le kickoff, nous n’en attendions rien de particulier, et nous avons eu… rien de particulier, mais rien de moins non plus ! Le match opposant Cesaro, Dolph Ziggler et Neville à Rusev, Barrett et Sheamus était sorti de nulle part, n’avait pas de feud précise à son origine, et même la WWE s’en foutait un peu puisqu’elle en a interrompu la diffusion pour placer une publicité pour son nouveau reality show. Il s’agissait juste de mettre face à face des heels et des faces, histoire de remplir un peu de temps d’antenne pour faire patienter les gens. Mais ce rôle fut bien rempli. Le match n’a amené aucun segment susceptible d’amener à une nouvelle histoire (hormis, peut-être, la présence de Stardust et de ses deux guignols aux venus aux abords du ring en spectateurs), mais s’est laissé voir sans déplaisir. Un affrontement sympatoche, qui ne mange pas de pain, mais mettant en scène des gars suffisamment bons pour qu’on ne s’ennuie pas trop. Après tout, est-ce qu’on demande vraiment plus à un match de kickoff ?

 

En revanche, ce qu’on demande au premier combat du PPV proprement dit, c’est d’être suffisamment bon pour chauffer la foule. Et là, ce fut parfaitement réussi ! Non à cause du match (nous y reviendrons), mais de la seule identité de l’un de ses participants.

 

L’opener a donc été le nouvel open challenge de John Cena. Rappelons le principe à ceux qui ne seraient pas au courant : il s’agit pour Cena, champion des États-Unis en titre, de se pointer sans connaître son adversaire et d’accepter de défendre son titre face au premier passant qui se présentera. Parce que, voyez-vous, John Cena est un homme courageux

 

 


Je suis un homme courageux.

 

 

On ignore en revanche la procédure à suivre si deux hommes ou plus se portent volontaire au même moment. Mais ne chipotons pas, on ne va pas se mettre à chercher de la logique à la WWE. Bref, on ne savait donc pas au début de la soirée qui allait être le challenger de la ceinture à la bannière étoilée. Et c’est en haussant un sourcil vaguement étonné que nous entendîmes le premier indice : une musique martiale, vite accompagnée d’un petit moustachu en fauteuil roulant électrique dernier modèle (car il a probablement une très bonne mutuelle).

 

 


Oui, j'ai une très bonne mutuelle.

 

 

Zeb Colter était donc là, en chair et en os (et en poils), et c’est sans se rouler par terre de joie que l’on imagina alors que l’adversaire du Marine serait Jack Swagger. Mais quelque chose était différent, car l’homme qui a la moustache plus large que le chapeau se lança dans un émouvant discours appelant en gros à l’unité de tous les humains, sans distinction de sexe, de religion ou de couleur de peau, bien éloigné des habituelles tirades xénophobes dont son personnage est coutumier. Aurait-il décidé de devenir manager d’un étranger, un non américain, un pas de chez nous ?

 

Oui.

 

Et là, hop, enthousiasme, joie, félicité et satisfaction (en tout cas en ce qui concerne votre serviteur, et une bonne partie du public) ! Car l’homme qui fit son entrée était bien un étranger. Un Mexicain, pour être précis. Avec des couilles. Deux. Très grosses.
 

 

 


Soy Alberto del Rio y mis cojones son más gruesos que todo lo que usted puede imaginar en su sueños más locos. Si.

 

 

Eh oui ! Bébert le Couillu, que l’on croyait fâché à mort avec la WWE (rappelons qu’il a été viré il y a plus d’un an après avoir frappé un employé de la compagnie qui avait pourtant bien cherché les emmerdes puisqu’il avait tenu des propos pour le moins racistes au bouillant Mexicain), physiquement très affuté (m’étonnerait pas qu’il ait pris des produits susceptibles de faire rétrécir ses légendaires couilles) fait un retour pour le moins surprenant. Comme quoi, la WWE est capable de garder des secrets quand elle le veut. Et ça, ça fait tout de même bien plaisir.

 

Le match lui-même fut malheureusement moins enthousiasmant. Les deux hommes ont assez d’expérience et de talent pour livrer une très bonne prestation, mais plusieurs éléments vinrent quelque peu gâcher l’affrontement. D’abord, le combat fut très court. Il s’agissait certes d’un opener, il était logique qu’il ne dure pas un quart d’heure, mais un match d’à peine plus de cinq minutes entre des catcheurs de ce calibre, c’est tout de même assez dommage. Ensuite, Cena avait curieusement l’air assez peu concerné. On peut dire ce qu’on veut de lui, mais il paraît difficile de remettre en cause son amour profond pour son métier. John Cena a le catch dans le sang. Il était donc assez étonnant de le voir sembler aussi peu concerné par ce match.

 

Un match dont le plus gros défaut est sans doute sa fin : une victoire propre et nette, sans tricherie aucune, du challenger sur un coup de pied pas particulièrement impressionnant (oui, ce coup lui a déjà servi de finicher, mais là l'impact paraissait vraiment faible). Alors oui, le reproche qu’on voit le plus souvent à l’encontre de Cena, c’est qu’il ne perd pas souvent (et surtout pas clean, et surtout pas en PPV), et il n’était pas complètement stupide de vouloir rééquilibrer ça. Mais ne tombe-t-on pas dans l’excès inverse en le faisant perdre aussi vite, avec une aussi évidente facilité, et sur un coup aussi faiblars ? Et surtout sans justifier scénaristiquement ce brusque passage de l’état de super-héros quasi-invincible à celui de loser mollasson ? Le débat reste ouvert.

 

Autre but atteint par ce combat : nous donner envie de regarder le Raw du lendemain ! En effet, plusieurs questions restent sans réponse : Zeb Colter restera-t-il le manager du nouveau champion ? Ses propos étonnants d’avant-match présagent-ils un face turn ? Et quel sera l’alignement de del Rio lui-même, sachant qu’il a gagné ce combat sans les tricheries qui étaient pourtant sa marque de fabrique ? Si sa courte période face en 2013 a beaucoup moins marqué les esprits que son époque heel, il pourrait en être autrement cette fois, del Rio ne serait pas le premier à devoir changer d’alignement plusieurs fois avant que la mayonnaise prenne. Ou la sauce salsa. Ah ah.

 

 


Zeb Colter devant une blague des Cahiers du Catch.

 

 

Malheureusement, la joie retomba bien vite, puisque beaucoup de combats se vautrèrent dans une désolante platitude. Chose étonnante, il s’agit à chaque fois des affrontements mettant en jeu un titre de champion ! Ce fut le cas du rematch entre Kevin Owens et Ryback pour le titre intercontinental, rapidement remporté par le Canadien, et qui n’aura sans doute pour seul mérite que de mettre fin à la feud et de permettre aux deux hommes de se diriger vers une rivalité contre un adversaire plus adapté à son style.

 

Autre match de championnat, tout aussi peu enthousiasmant : l’affrontement entre Charlotte et Nikki Bella (c'est charlotte qui a gagné). Nous en dirons autant du championnat par équipe qui vit les New Day conserver leur titre grâce à une tricherie à coup de trombone dans la gueule, et c’est bien dommage car les champions en titre et les Dudley Boyz sont, sur le papier, capables de livrer un match autrement plus passionnant que ce combat pas foncièrement mauvais mais un peu pépère. L’histoire des Dudley étant ce qu’elle est, et TLC approchant à grands pas, on imagine que la feud se poursuivra encore jusqu’à ce PPV, où la stipulation serait idéale pour leur permettre de remporter le titre dans un match de tables, leur élément naturel.

 

Mentionnons enfin le championnat ultime entre Seth Rollins et Kane. Le match ne fut pas spécialement honteux, mais l’âge de Kane se fait tout de même ressentir et il lui est désormais  bien difficile de briller ; d’autant que l’absence de stipulation ne l’aida pas à dissimuler ses lacunes. Soulignons un moment cocasse lorsque, après une projection ratée sur la table des commentateurs espagnols, Kane heurta mollement ladite table qui retomba lentement au sol sans se briser et que les officiels, s’en tenant probablement au script, se précipitèrent vers lui l’air affolé pour s’assurer que sa blessure n’est pas trop grave.

 

 


Mon Dieu ! Cet homme est légèrement tombé sur le cul ! Vite, appelez les secours !

 

 


Horreur ! Qu’ai-je fait ? Je l’ai tué !

 

 

Et le champion conserva encore une fois son titre, grâce à un Pedigree. Triple H appréciera probablement l'hommage ainsi fait à sa personne.

 

 


Enfin c’était facile, hein. Il était quand même légèrement tombé sur le cul.

 

 

Notons toutefois que, si l’accord était que Corporate Kane devait être démis de ses fonctions si Demon Kane perdait, aucune sanction concernant la version rouge et masquée du personnage n’était prévue, et Demon Kane reste donc membre actif du roster. Vous ne pensez d'ailleurs pas qu’il ferait un bon candidat pour prendre la place de son corporate alter ego ? Notons au passage que ce dernier n’est renvoyé que de son poste de directeur des opérations, et que rien ne l’empêchera donc de monter sur le ring pour poursuivre la feud si tel est le bon vouloir de la WWE. Pour ceux que, sans aller jusqu’à prendre un immense plaisir à voir Kane sur un ring, la feud amuse (et qui trouvent Kane assez amusant dans son rôle de grand niais schizophrène), les développements à venir Raw pourront être intéressant.

 

Venons-en maintenant aux deux gros morceaux de la soirée. Contre toute attente, le combat dans la structure infernale entre Bray Wyatt et Roman Reigns fut d’une facture étonnamment bonne. Nous avons là deux catcheurs qui ne sont généralement pas considérés comme les plus grands techniciens de leur génération et qui s’affrontent après une feud pas forcément palpitante et qui commence à traîner en longueur… Et pourtant ! Le match, s’il ne s’imposera probablement pas comme un classique du genre, fut rythmé, brutal, parfois même original (avec l’utilisation du grillage de la cage par Bray Wyatt pour y fixer des objets et imaginer de nouveaux et délicieux sévices). En un mot comme en cent : c’était bien ! Voici la preuve, s’il en était besoin, que tant Reigns que Wyatt sont capables, quand on leur en donne les moyens, de livrer des prestations bonne qualité. La victoire de Reigns marquera-t-elle la fin de la feud ? Mais nous y reviendrons.

 

 


Bray, tu connais l'histoire de la chaise ?
– Non.
– Elle est pliante.

 

 

Car il nous faut maintenant parler du main event, le dernier combat, tant attendu, entre Brock Lesnar et l’Undertaker. Difficile de masquer son enthousiasme à la vue de ce stupéfiant match. Brutal, intense, rapide, sanglant (au point qu’on dut l’interrompre quelques secondes pour nettoyer Lesnar, qui pissait le sang par le front). Assurément le match de la soirée. Au passage, ceux qui persistent à dire que le Taker n’est plus en état de catcher voudraient-ils enfin expliquer pourquoi, et ne pas se contenter de citer son âge comme unique argument ? Car enfin, hormis celui de la Streak à Wrestlemania XXX, combien a-t-il fait de mauvais matchs depuis qu’il ne catche plus que quelques fois par an ?

 

Mais revenons au match. Au terme d’un combat, nous l’avons dit, d’une folle intensité, où Lesnar eut même la désopilante idée d’arracher le revêtement du ring pour ôter les matelas et projeter son adversaire directement sur la structure en bois, ce même Lesnar vainquit le malheureux Deadman grâce à la prise dite du « coup dans les couilles » en guise de revanche de Summerslam.

 

 


Alors, Brock, vous avez bien compris les règles du Hell in a Cell ?
– Oui, j’ai bien les règles en tête.

 

 

Et le vieux guerrier de se relever sous des acclamations d’une foule qui semble vouloir autant le fécliciter pour la qualité de son match que le remercier pour ses vingt-cinq ans au service du catch, en un émouvant moment où le kayfabe rejoint la réalité et où les émotions du public, comme de l’homme qui est au centre du ring, sont ressenties avec la sincérité la plus pure.

 

Et là, d’un seul coup, bim.

 

 


Bonsoir.

 

 

Les pouilleux du bayou s’en viennent tout benoîtement, tabassent le Taker et l'emportent sans vie dans les coulisses, les bras en croix, dans une parodie de crucifixion qui souligne à quel point le Deadman a passé sa vie à se sacrifier pour son public.

 

 


Vince, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.

 

 

La suite est toute tracée : on nous a rappelé pendant tout le PPV que, le mois prochain, les Survivor Series seront le théâtre de la célébration des vingt-cinq ans de carrière du Taker à la WWE (eh oui, c’est aux Survivor Series 1990 qu’il fit sa première apparition, amené par le Million Dollar Man Ted DiBiase). Difficile d’imaginer donc qu’il n’y sera pas présent. On se dirige vraisemblablement vers un Survivor Series Match opposant la Wyatt Family (avec éventuellement un associé de passage) à une équipe menée par le Taker (comprenant, au hasard, Reigns et Ambrose ?). Tiens, d’ailleurs, vingt-cinq ans … Vous ne trouvez pas que ça serait une jolie façon de terminer sa carrière sur un compte rond ?

 

 


Allez, un dernier petit match pour la route, et après j'arrête.


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