RAW pédale dans le guacamole

Pour un ingénieur, rien ne distingue la plupart des gens normaux sur le plan intellectuel d'un pois sauteur mexicain avec un visage.
Scott Adams, Le principe de Dilbert

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à l'Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où je n'ai pu m'empêcher de choisir un titre qui rend hommage à la clairvoyance cinéphile de Gérard Lefort.

 

 

Au Mexique, la Spanish Announce Table est nommée simplement l'Announce Table.

 

 

Nalyse de RAW du 17 octobre

 

Pour un ingénieur, rien ne distingue la plupart des gens normaux sur le plan intellectuel d'un pois sauteur mexicain avec un visage.
Scott Adams, Le principe de Dilbert

 

Bonjour à toutes et tous et bienvenue à l'Announce Table, le seul endroit où sont nées les légendes, où les carrières ont été brisées et où je n'ai pu m'empêcher de choisir un titre qui rend hommage à la clairvoyance cinéphile de Gérard Lefort.

 

 

Au Mexique, la Spanish Announce Table est nommée simplement l'Announce Table.

 

 

Nalyse de RAW du 17 octobre

 

 

Ceci étant dit, au-delà du clin d'oeil que fournit la première incursion de la WWE pour un show télévisé au Mexique, il faut bien réaliser qu'entre le produit que nous offrait la WWE cet été et la tragédie scénaristique qu'a été l'épisode de RAW consacré au Walk-Out, c'est effectivement le jour et la nuit. Et que l'épisode précédemment cité a noyé dans le Rio Grande une bonne partie des pistes intéressantes qui demeuraient ouvertes depuis l'abandon du Summer Of Punk : de la guérilla d'Awesome Truth pour obtenir leur réintégration aux méandres de la hiérarchie de la fédération en passant par un simulacre de grève qui est l'incarnation même d'une bonne idée gâchée, il ne nous reste plus rien.

 

Enfin, si, des pistes scénaristiques ont remplacé toutes celles abandonnées en une seule soirée et deux espoirs, mineurs, demeurent dans de nouveaux développements : celui qui s'attache au destin de Jim Ross, récemment licencié "in kayfabe", et celui de la recherche d'un nouveau General Manager qu'on espère un peu plus palpitante que la dernière fois que la compagnie a présenté cet angle à l'antenne – avec l'angle du RAW Anonymous GM jeté à la poubelle sans ménagement ni considération pour le téléspectateur. C'est désolant à écrire mais RAW pédale dans la choucroute depuis quelques semaines et l'équipée mexicaine du supershow de la WWE n'a pas changé grand chose à ça, sauf que maintenant on continue dans le guacamole.

 

 

Straight-Edge ou pas, le guacamole pas frais, ça ne pardonne jamais.

 

 

Le show avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices avec un bon package vidéo résumant les dernières péripéties en date. Si les clips de la WWE sont toujours bons, celui qui a ouvert RAW mérite d'être cité parce que sa facture montre à quel point la WWE est désemparée en ce moment. La post-production a incorporé à l'ensemble un extrait vidéo de l'arrivée de Vince McMahon venu "remercier" Triple H mais elle l'a fait en ajoutant une bande son d'acclamations alors que l'ex-Chairman Of the Board l'avait fait en direct sous les cris d'une foule plutôt hostile qui signifiait son incompréhension à le voir là en lui hurlant "You've been fired". Mais très vite, les choses allaient se gâcher copieusement avec une promo in-ring de John Laurinaitis qui allait annoncer le main-event du soir : un tag-team match entre John Cena et ce bon vieux JR opposés à Alberto Del Rio et Michael Cole.

 

On pourrait toujours débattre du talent au micro de John Laurinaitis, de son absence d'expression faciale et de l'opportunité de la volonté de la WWE de faire de lui une majeure figure d'autorité heel. Mais le problème est bien plus simple que ça : commencer le show par un segment au micro dans un pays où on ne parle pas anglais, ça n'est pas une bonne idée et il me semble qu'il n'y a pas vraiment besoin d'avoir fait des études supérieures pour comprendre qu'il y avait mille et unes meilleures manières de se mettre le public dans la poche dès le début. Et histoire de couronner le tout, la WWE a basé tout le contenu de ce segment sur la rivalité entre deux de ses annonceurs. Jim Ross & Michael Cole sont certes des personnages familiers et connus des fans mexicains mais ce ne sont pas ceux qu'ils entendent toutes les semaines dans leur télé. Encore une fois parce qu'au Mexique, on ne parle pas anglais et que la WWE le sait puisqu'elle dispose d'une Spanish Announce Table où il y a deux types qu'elle paye pour commenter le show en espagnol, la langue qui est parlée dans le pays qu'elle visite.

 

 

 

Avec une telle variété d'expressions faciales, on peut facilement comprendre pourquoi la WWE a choisi de faire de John Laurinaitis son top heel.

 


Je veux bien comprendre le double impératif qu'a la WWE ce lundi, celui exceptionnel d'offrir un show excitant à une foule qui ne parle pas la langue, et celui plus classique de faire un épisode télévisé qui ne sorte pas trop des sentiers battus. Mais là, quand même, elle a fait fort en semblant complétement ignorer que tout le monde ne parle pas anglais et certainement pas les plus jeunes de ses fans.

 

C'est donc sur un mauvais début que le show a commencé alors qu'inverser ce segment inaugural et le premier match n'aurait pas beaucoup changé les choses et permis de mettre le public dans de meilleures dispositions,une chose qui aurait été d'autant plus appréciable que le public mexicain était plutôt chaud. C'est d'ailleurs dommage parce que le premier match du show (un triple threat Sheamus/Randy Orton/John Morrison contre Cody Rhodes/Christian/Mark Henry) a été bon. A tous points de vue, d'ailleurs. Il présentait de jolis mouvements in-ring, permettait de faire monter la pression sur deux matchs du Pay per View à venir et surtout il parlait la langue universelle du catch, celle toute simple où l'hostilité entre les participants raconte l'histoire mieux qu'un long discours.

 

 

Pour rendre hommage au pays hôte, cette semaine, John Morrison ne s'est pas fait squasher mais aplatir comme une tortilla.

 

 

Après de bons débuts dans le ring et deux tags, Cody et Randy continuent leur altercation jusqu'en coulisses, prouvant que leur rivalité va bien au-delà d'un simple antagonisme de circonstance et chacun laisse ses coéquipiers continuer le match en deux contre deux, s'ensuit alors une longue séquence ou John Morrison joue le face en péril, à la recherche du hot-tag qui permettra à Sheamus de faire basculer le cours du match mais quelques secondes avant cet instant, Christian s'en prend de l'extérieur à l'Irlandais, comme il l'a fait par deux fois déjà à Smackdown et les deux rivaux s'engagent alors eux aussi dans une bagarre hors du ring qui se poursuit dans les tribunes, laissant John Morrison seul face à Mark Henry. L'ex-shaman of sexy tente alors son va-tout avec le springboard kick de son arsenal qui sera contré en World Strongest Slam pour un finish aussi impressionnant que logique au vu de l'histoire racontée dans le ring. La WWE tenait avec ce match un opener parfait : du bon storytelling, une victoire nette et décisive du champion de Smackdown mais qui ne rabaisse pas JoMo au rang de jobber, la possibilité de montrer simplement l'animosité entre Orton et Rhodes et celle qui existe entre Sheamus et Christian. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle n'a pas voulu en faire le premier segment de son show.

 

 

Mexico is RAW, c'est vrai, et Dunkerque is NXT.

 

 

Mais, bon, nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec le deuxième match : un match de divas, plutôt bon par ailleurs (ça fait toujours du bien de le dire) entre Eve, nouvelle Number One contender au titre de Beth Phoenix et Natalya. Pour info, c'est Eve qui gagnera. Mais là, il va falloir qu'on m'explique exactement depuis quand Eve est dans la title picture. Parce que, sauf erreur de ma part, Kelly Kelly n'a jamais eu officiellement son rematch pour la ceinture, elle a certes subi deux défaites contre Beth mais aucune n'était dans un match de championnat. On a donc eu la désignation d'une nouvelle challenger sans que l'ex-championne n'ait eu droit à son rematch (ou alors en house-show, à Superstars ou à NXT, enfin dans un show qui passe pas à la télé et il aurait été judicieux de le préciser à l'antenne).

 

Bon, OK, j'en connais qui vont se précipiter sur les commentaires de l'article pour me dire que je prête trop d'attention aux détails et que ce n'est pas si grave. Je leur conseille juste avant de minimiser le bazar de relire ma phrase en remplaçant les termes au féminin par les mêmes au masculin et/ou au pluriel et de voir si cela leur aurait fait le même effet. La WWE n'aura une division féminine solide que le jour où le management décidera de la considérer comme telle et appliquer les règlements séculaires du ring à ses membres me semble le minimum pour que le public ne la considère pas comme un bouche-trou aussi peu plaisant qu'une Rediff du Slam of The Week.

 

 

– Eve, je crois qu'on nous a fait une blague, on est pas au Mexique, c'est impossible.

– Pourquoi ?

– Regarde bien, il n'y a pas un seul sombrero dans le stade.

 

 

Continuons dans les catastrophes avec le match qui opposait The Miz à CM Punk. Dans ce cas précis, la WWE a réussi à gâcher le Match of the Night, ce qui constitue quand même un bel exploit. Mais, avant même d'aborder ce qui n'était pas acceptable dans le match, arrêtons nous sur le cas du Second City Saint qui a obtenu la plus grosse ovation de la soirée de la part du public. Résumons donc un brin le personnage pour bien comprendre pourquoi la WWE fait juste n'importe quoi avec le Punkster : elle tient entre ses mains un babyface. Il est populaire, tellement populaire même qu'il a réussi à devancer les indétronables John Cena et Rey Mysterio dans le classement des meilleurs vendeurs de merchandising. Depuis un certain lundi de juin à Las Vegas, CM Punk est aussi le type qui, dans le roster, a montré qu'il était un virtuose au micro, ça fait même partie de son gimmick de "Voice of the Voiceless" et je ne suis pas loin de penser que certaines personnes attendent avec impatience ces moments où Punk se lâche et délivre ce qu'il appelle lui-même des Pipe-Bombs. Et bien, ce soir, comme il y a quinze jours, d'ailleurs, CM Punk n'a pas eu droit au micro. Alors que s'il y a bien un type, un seul, que le public mexicain meurt d'envie d'entendre, c'est lui, vu qu'il est over et que ça fait partie intégrante de son personnage de parler – et c'est pas comme si tous les mecs qui ont eu droit au micro ce soir étaient excellents en promo, on s'est quand même tapé cinq minutes de speech de Laurinaitis au début du show. Mais, bon, non, sans doute est-ce trop évident.

 

Le match en lui-même fut très bon, notamment grâce à CM Punk qui avait sorti le move-set des grands jours pour l'occasion : un Tope Suicida, beaucoup de manoeuvres avec propulsion grâce aux cordes. C'est l'ordinaire de ses matchs de Pay Per View mais je suis persuadé que leur utilisation en weekly, tôt dans le match de surcroît, était destinée à montrer avec ostentation à l'Arena qu'il connaissait bien les codes de la Lucha Libre et donc la culture mexicaine de la lutte. Mais le problème n'était pas dans le ring mais autour. Histoire de hyper le tag-team match qui vient en Pay per View, le Miz était accompagné de son acolyte conspirationniste R-Truth et Punk reçut le renfort de Triple H. Jusque là rien d'anormal. Jusqu'au moment où John Laurinaitis fait irruption, hurle "Stop The Match", profite de l'arrêt effectif du combat pour expulser HHH, soi-disant pour une histoire de visa qui le met dans une situation illégale, permet son expulsion de l'arena et on enchaîne sur une coupure pub.

 

 

Ah, ah, Triple H, surprise ! Ce soir, en main-event, tu n'affronteras pas un manche à balai comem tu t'y attendais mais une feuille de papier blanc.

 

 

A la fin du spot, on retourne à l'action in-ring comme si de rien n'était. Je veux bien suspendre mon incrédulité pour un instant mais quand la figure d'autorité, fut-elle heel, ordonne d'interrompre le match, que celui s'arrête effectivement, qu'il en suit un chaos où les caméras se désintéressent de ce qui se passe dans le ring et que la pub démarre, s'il y a bien une chose qui me semble incongrue à la reprise de l'émission, c'est que le match continue, surtout quand le General Manager avait effectivement arrêté un match la semaine d'avant. Et donc tout l'investissement émotionnel que j'avais dans ce combat avait disparu. C'est dommage d'ailleurs parce que sa conclusion était loin d'être dégueu avec un travail en duo de l'Awesome Truth qui aurait dû mener à la victoire mais Punk qui parvient quand même à prendre le dessus sur un roll-up avant de subir un beatdown de ses opposants.

 

Il a donc fallu donc attendre un peu plus de la moitié du show et l'arrivée de Vickie Guerrero, Jack Swagger et Dolph Ziggler pour qu'enfin la WWE fasse quelquechose de cohérent, censé et qui ne génére pas un froncement de sourcil de désapprobation. La bande de heels a fait une jolie promo à trois voix : Vickie, excellente comme toujours, endossait ce soir dans le rôle du narcissique, celle qui se voit plus belle qu'elle ne l'est en réalité "In Mexico I'm a goddess". Dolph, assez convaincant au micro, mettait en valeur son titre et titillait la fibre patriotique du public. L'ensemble avait pour objectif de préparer le terrain à Jack Swagger. Le All American American pouvait alors entonner l'hymne américain sous les huées de la foule. Ce fut le prélude à un match de Swagger contre Zack Ryder qui obtint la victoire très (trop ?) vite contre l'ex-champion du monde. Alors que se profilait la correction d'après-match pour le Long Island Iced Z, survint Mason Ryan pour un second match contre Dolph Ziggler. Le match fut perdu par disqualification de l'hercule. Enervé par une gifle donnée hors du ring par Vickie, Mason n'a pas pu se maîtriser et l'arbitre fut obligé de sonner la cloche.

 

 

Jack Swagger réalisant au micro ce qu'on appelera désormais une "reverse Nikolaï Volkoff"

 

 

Mais, là, je me dois quand même de donner mon avis sur Mason Ryan et sa performance in-ring du soir. Ce type n'est pas mauvais dans le ring, il est très mauvais. Le match de RAW, ce soir, peut faire illusion vu les efforts démesurés de Ziggler pour le mettre over mais Mason Ryan n'a aucun sens du timing, pas la moindre notion de ce qu'est le selling, ni même du storytelling en général. Je sais bien qu'il est important pour lui de pouvoir faire des matchs avec de bons adversaires pour progresser mais il n'a, à mon sens, pas sa place à RAW (ou à Smackdown, Superstars ou NXT). Ce type n'a pas la moindre idée de ce qu'il doit faire dans un ring et il mesure presque deux mètres pour 130 kilos. Il y a là tous les paramètres pour que ça se finisse mal, en blessure, par exemple. Dans le meilleur des cas, ça éloignera Ryan des rings, dans le pire, ce sera son adversaire qui prendra un mauvais coup et dans ce cas-là, ce serait bien plus gênant (surtout pour un Dolph Ziggler qui est brillant à chacune de ses apparitons depuis près d'un an).

 

Avec un peu d'optimisme, on peut voir aussi une réussite dans le main-event du soir. La dynamique des deux tag-team (Del Rio/Cole & Cena/Ross) a été intelligemment exploitée, laissant beaucoup de temps à ceux qui savent faire mais mettant les annonceurs dans le ring aux bons moments (début et fin) pour s'assurer une réaction efficace de la foule. L'action in-ring, confiée aux bons soins de John Cena et d'Alberto Del Rio a été plus que correcte. Chacun a su jouer sa partition avec finesse, ce qui n'était pas forcément si aisé que ça car le public, un peu chauvin et donc supporter du local hero, réagissait parfois à contrepied de ce que la WWE voulait faire passer à l'antenne.

 

 

Ces Mexicains, tous des fainéants, toujours prêts à faire la sieste à la première occasion.

 

 

La fin, où le gagnant profitait de sa victoire pour choisir la stpulation du match de championnat de ce dimanche était aussi très intelligente. Cena, visiblement remonté par l'enjeu et bien intense, y faisait la preuve par l'exemple du Last Man Standing Match avant même de prendre le micro et sa promo finale, brève mais efficace, n'était pas nécessaire à la compréhension de la foule de l'arena. Mais malgré ce dernier match plutôt réussi, on est quand même dans une situation assez étrange où le match de championnat qui vient bientôt a bénéficié d'un build-up a minima où John Cena n'a par exemple pas daigné nous dire ne serait-ce qu'une seconde ce que représente pour lui l'enjeu de la reconquête du titre que Del Rio lui a plus ou moins subtilisé à Hell In A Cell.

 

Bien sûr, avec autant d'imprécisions, il serait facile de blâmer la WWE pour ce show mais il faut bien reconnaître qu'elle n'a pas fait pire que la semaine dernière (en même temps, c'était plutôt facile) et je n'exclus pas non plus qu'elle soit en train d'essayer des choses nouvelles. Certaines étaient différentes mais complètement ratées (Le stop the match de John Laurinaitis qui a du faire l'impression d'un véritable coïtus interruptus à tous ceux qui ont suivi le show en direct), d'autres étaient meilleures (la manière qu'eut Cena de dévoiler la stipulation Last man Standing) mais hélas cela se fait au détriment de certains fondamentaux du business (donner un rematch au champion déchu, même si c'est Kelly Kelly, donner le micro au babyface qui cause le mieux, etc… ) et il y a encore de nombreux ajustements à faire avant qu'on puisse réellement être rassuré sur la qualité du produit que nous offre la WWE depuis le début de l'automne.

 

 


Au chapitre des bonnes nouvelles de la soirée, la WWE nous ressuscite la feud la plus horrible de ce printemps. Que demande le peuple ?


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