The times, they are a-changing

Il ne faut pas changer. Ou alors, il faut que le changement soit devenu une habitude.

François Mitterrand

 

On aime le catch et la WWE essentiellement parce que c’est un monde en perpétuelle évolution. Comme ses protagonistes sur un ring, c’est un univers qui bouge en permanence pour éviter la lassitude de ses suiveurs revenus de tout. Et s’il est dans l’ADN de la discipline de surprendre encore et toujours, de préférence sans crier gare, certains moments de l’année sont particulièrement propices à une bonne claque dans la face. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’auteure de cette nalyse surkiffe les Raw post-PPV en général, et les Raw post-Mania en particulier. Parce qu’il s’y passe toujours quelque chose, parce qu’ils nous soutirent des wooooaaaa ! et des oh putain, j’y crois pas ! sonores, et parce que le temps y est le plus souvent au changement.

 

 

Après CM Punk et Pepsi, Lord Tensaï et Pirelli.

 

 

Nalyse du Raw du 9 avril

 

Il ne faut pas changer. Ou alors, il faut que le changement soit devenu une habitude.

François Mitterrand

 

On aime le catch et la WWE essentiellement parce que c’est un monde en perpétuelle évolution. Comme ses protagonistes sur un ring, c’est un univers qui bouge en permanence pour éviter la lassitude de ses suiveurs revenus de tout. Et s’il est dans l’ADN de la discipline de surprendre encore et toujours, de préférence sans crier gare, certains moments de l’année sont particulièrement propices à une bonne claque dans la face. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’auteure de cette nalyse surkiffe les Raw post-PPV en général, et les Raw post-Mania en particulier. Parce qu’il s’y passe toujours quelque chose, parce qu’ils nous soutirent des wooooaaaa ! et des oh putain, j’y crois pas ! sonores, et parce que le temps y est le plus souvent au changement.

 

 

Après CM Punk et Pepsi, Lord Tensaï et Pirelli.

 

 

Nalyse du Raw du 9 avril

 

Wrestlemania, c’est vraiment de la balle. D’abord parce que ça se construit des mois durant, phénomène assez rare à la WWE pour être souligné, ensuite parce que le soir venu, ça pète en général dans tous les sens devant 80.000 spectateurs euphoriques et enfin parce que ce Biggest Stage Of Them All marque en général un avant et un après dans la saison catchesque. Ce qui fait tout le sel des épisodes de Raw post Bid Daddy, souvent prétexte à de la surprise format mahousse costaud, à du rebondissement haletant et autres retours inattendus. Et ce Road from Wrestlemania n’échappe pas à la règle.

 

The Rock ne tient plus le rôle titre ? Lesnar fait son retour. Le gimmick de Cena « nous » saoule depuis des années ? Il semble que son personnage évolue dans un sens qui n’est pas pour me déplaire. Certains trouvaient que la feud entre Jerigod et Saint Punk ronronnait ? Ils viennent de passer à la vitesse supérieure dans ce qui semble être la dernière étape de la construction du nouveau Cm Punk, celle destinée à l’imposer solidement comme face numéro un de la fédération. Et au passage, tout le WWE Universe sort ses mouchoirs. On parlait beaucoup ces derniers temps d’une évolution de la Kidz Era ? Johnny Ace sitôt nommé Super GM décrète une nouvelle ère, celle du peuple et fait d’un gros fils de pute son porte-drapeau. Ouais, aujourd’hui, les superstars disent des gros mots, peuvent se proclamer « wrestler » sans être condamnées à jobber pour Hornswoggle, on n’entend plus du tout parler de la division féminine, on assume que Brock le Dingo a fait une pige à l’UFC, que Lord Tensaï est en fait le retour de qui vous savez… Bref, ce sont tous nos repères récents qui s’écroulent.

      

 

La fin d'une ère?

 

 

Mais avant de parler de tout cela, rafraichissons-nous rapidement la mémoire avec…

 

Le résumé instantané de Raw :

 

Johnny Laurinaitis ouvre le bal via une promo au centre du ring et présente, ladies and gentlemen, le nouveau visage de la fédération, le porte-étendard de la People’s Era, celui qui n’est pas là pour rigoler et claque des F5 que l’on entend jusqu’à Pékin… Here comes Brock fucking crazy Lesnar !

 

Mais Cena se pointe et gifle Lesnar. Comme une meuf ! Cena, c’est une meuf en fait, il lui aurait tiré les cheveux s’il en avait.

 

Brock, il s’en fout que John soit une gonzesse, il veut quand même lui péter la gueule, et c’est tout le roster qui débarque pour les séparer. Si si, tout un roster pour deux catcheurs, et en plus, ils ont eu du mal.

 

Brawl général, yeah c’est fun, à défaut d’être crédible. Ah tiens, Cena a la bouche en sang pour de vrai. Ça commence bien.

 

 

Heureusement, les deux bons potes de vestiaires Sheamus et Mark Henry étaient là pour contrôler Lesnar.

 

 

Brodus est dans la place, tout le monde bouge son popotin. Il est associé à Santino le rigolo contre les sbires de Vickie, Swagger et Ziggler, et c’est lui qui a les honneurs du tombé sur Dolph après un match très sympa de près de 8 minutes. Funky powa !

 

Cena coince Johnny Ace en coulisse. Il pète le feu, répète à l’envi qu’il est là et bien là (oui mais c’est ton job, John), et il réclame un match pour prouver que même pas mal ; pas right here parce qu’ils sont en backstage, ni right now parce qu’il préférerait quand même un main event. Tope là, c’est dit. Mais on ne sait pas encore contre qui. Le sourire narquois du GM aurait de quoi inquiéter le Marine, mais non, il reste cool.

 

R-Truth affronte Cody Rhodes. Mais en fait, il ne sert à rien l’illuminé de la vérité, juste à être sur le ring quand le Big Show se pointe. Oh, Cody, regarde, une vidéo de toi, la semaine dernière quand, surpris par le géant malin, tu as perdu ton match comme un con ! Ah ah ah, t’es surpris hein ? Hey, attention, derrière toi ! Oops, trop tard, Truth passe son finisher, 1, 2, 3 t’as encore perdu, gros niais ! J’ai horreur de ces segments débiles, une fois passe encore, deux semaines de suite, moi je dis comme Major Tom : grognon.

     

 

Ladies, don't try this at home même si votre mec vous le demande.

 

 

Lord Tensaï massacre Yoshi Tatsu pendant deux minutes avant que l’arbitre ne mette fin aux souffrances du Japonais. Le vrai, pas A-Train. Mais de toute façon, les commentateurs ont dit qu’il ne l’était pas, Japonais. Albert. Mais s’il n’est pas Japonais, pourquoi il s’habille comme un mec qui vivrait un jour sans fin un mardi gras ? 

 

CM Punk monte sur le ring. Il en a gros sur la patate car Jericho est très méchant avec lui en ce moment, même que de vilains souvenirs familiaux remontent à la surface. Du coup, il passe ses nerfs sur Mark Henry qui n’aura eu droit qu’à une petite minute de rematch et à un coup de moniteur TV dans la tronche. De l’art d’être au mauvais endroit au mauvais moment.

 

Pas le temps de souffler, Chris se pointe avec des bières. Et Punk tourne le dos à Henry. Grossière erreur, world strongest slam, code breaker, Cihaime est out. Mais « boit » quand même quelques bières à notre santé, par la grâce de Jericho. La teuhon, l’humiliation et l’alcool sur sa face straight-edge, épisode 2.

 

Ryder se fait atomiser par Del Rio. Je ne m’en souvenais même plus, c’est vous dire à quel point ça me passionne. D’après 411, ç’a tout de même duré 1 minute et 38 secondes, pile le temps qu’il me faut pour faire pipi, c’est peut être pour ça que je ne m’en souviens pas.

 

Les 3 machins comiques invités pour faire la promo de leur film font leurs pitreries sur le ring. Avance rapide pour ma part. Et consternation aussi, quand même.

 

 

Horny, reviens.

 

 

Henry est backstage et, oula, il a l’air pas content. Ceci dit, depuis qu’il est heel, il a jamais l’air content donc on n’est pas plus surpris que cela. Il annonce un rematch contre Punk, un de plus. Sauf que là, no DQ et no count-out. Cihaime, fais tes prières, Henry a bien l’intention de te prendre ta ceinture de champion poids lourds. Comment ça, c’est pas toi qui l’a ? Ah ben non, t’as raison, Mark s’est juste trompé de ceinture. Et après, ça se plaint de ne pas entrer dans l’histoire de la WWE…

 

On sait maintenant qui sera le redoutable adversaire de Cena ce soir, ce sera… David Otunga ! MWAHAHAHAHAHA !!!! No shit ? Brrrrr, le Marine doit se pisser dessus de frayeur !    

 

Le match commence et cinq minutes plus tard Otunga jette l’éponge comme une merde. Tap out, et c’est Johnny qui rigole. Mais pas très longtemps car… Hey, mec, derrière toi ! Oops, encore trop tard. Coup de pied dans les couilles, F5, dodo. En fait, Lesnar n’avait pas vraiment quitté le stade.

 

Fin de l’acte II post mania.

 

Le rideau tombe.

 

Les acteurs vont boire un coup, sauf Lesnar, sorti dans la rue pour arracher la tête des pigeons qui trainent dans le coin. Avec les dents. Et en lorgnant, la bave aux lèvres, sur des proies autrement plus appétissantes : un groupe d’enfants sortant de la crèche. Mais la police est là. Brock rentre chez lui, un peu déçu quand même car le sang de pigeons, ce n’est pas tout à fait la même chose. Un peu comme le champagne et le mousseux. Mais ce n’est que partie remise.

 

 

Sinon, dans la vie, j'aime bien aussi étrangler les chiens errants.

 

 

 

Brock’s Back, mais c’était pas une raison pour que Cena le traite de pédé !

 

Cette force de la nature nommée Brock Lesnar, aussi terrifiante que surpuissante, est donc de retour au bercail après quelques années passées à défoncer des tronches sur les rings de l’UFC. Et si cela pouvait encore faire débat la semaine dernière, le doute n’est désormais plus permis : il revient en Monster Heel, un rôle taillé sur mesure pour cette montagne de stéroïdes aux allures de psychopathe, pour ce fou furieux qu’on préférerait voir en cage plutôt qu’en toute liberté. Adoubé par cette pourriture de Johnny Ace en personne qui le présente d’entrée de Raw comme le nouveau visage de la WWE, une nouvelle fois tortionnaire d’un Cena confirmé dans son statut de Face, adepte du coup de pied dans les couilles et par derrière, s’il vous plait, n’en jetez plus : ce mec est devenu, en deux apparitions, l’incarnation de la méchanceté made in Stamford. Et je ne sais pas trop qu’en penser.

 

Si pour certains d’entre vous, le cas Brock représente une sorte de retour du fils prodige, il s’agit pour moi d’une découverte quasi-totale. Je ne suivais pas le catch à l’époque de ses premiers exploits et n’ai donc presque rien vu de l’animal, malgré des heures et des heures merveilleusement gâchées sur youtube à reconstruire, vidéo par vidéo, le fil décousu des principaux événements qui ont marqué la fameuse Attitude Era. J’ai bien vu, çà et là, quelques catcheurs terrassés par la brute, cédant à l’insistance d’Axl et de ses innombrables et pressants « Il FAUT que tu voies ça », mais, pour tout vous dire, je n’ai jamais cherché à en savoir beaucoup plus au sujet de Lesnar. Pourquoi ? Eh bien parce que ce mec me dérange. Il dégage une violence incroyable sur un ring, paraît avoir beaucoup de mal à retenir ses coups et son affreux rictus lui servant de sourire semble devoir nous rappeler en permanence que le kayfabe, c’est pas son truc, qu’il est là pour infliger la douleur, et pour de vrai. Il semble prendre plaisir à faire mal, et ce n’est pas la bouche meurtrie de John Cena qui me contredira. Ni sa reconversion en pratiquant des MMA, mais là, c’est plus mon mépris pour cette discipline qui s’exprime.

 

 

Visiblement, il ne se souvient plus bien des règles.

 

 

Oh bien sûr, ce n’est qu’une première impression, assise sur un nombre très restreint de vidéos visionnées et sur un passé dans un sport que je déteste a priori ; c’est un sentiment que je peine à expliquer de façon rationnelle. Mais voilà, c’est comme ça, ce type me file les chocottes, me rend mal à l’aise. J’aime pas sa gueule, son style, son catch. Ce n’est pas la WWE que je connais, ni celle que j’aime. S’il s’avère finalement que Lesnar est capable de s’insérer dans une entreprise qui vend de l’entertainment familial, s’il ne blesse personne et joue l’exigeant jeu qu’impose la WWE, alors je m’avouerai bluffée. Et je me flagellerai avec des orties en psalmodiant des chants à la gloire de Vince. Oui, si c’est le cas, alors le vieux McMahon a signé le meilleur heel possible pour sa fédération. Mais j’ai comme un doute.

 

En attendant, lundi soir, il a continué à martyriser Cena. En début de show d’abord, à l’occasion d’un énorme brawl ayant pour origine une bonne vieille claque balancée au visage du Monstre par le Marine. Lesnar se jette sur Johnny, le fait tomber et commence à le frapper mais en quelques secondes, c’est la quasi intégralité du roster, ainsi que les arbitres et autres officiels, qui se retrouvent sur le ring pour tenter de séparer les deux hommes. Ils y parviennent difficilement, au terme d’une séquence assez longue, confuse et très intense. Au bout du compte, Cena s’est pris une bonne droite, a la lèvre explosée et pisse le sang, merci Lesnar.

 

 

Non, ce n'est pas la trace du rouge à lèvres d'Eve.

C'est une droite de Lesnar.

 

 

Ce segment me laisse un sentiment plus que mitigé. Je suis prête à admettre que c’était visuellement très impressionnant, d’une intensité folle et d’un réalisme si parfait que le passage en devient peut être un peu hardcore pour un programme PG. Ouais, il sera sûrement super bien classé dans les tops de fin d’année. Mais ne sera pas dans le mien. Deux choses ou trois font que je ne suis pas parvenue à prendre vraiment mon pied, malgré une réalisation exemplaire, que mon disbelief s’est cassé la gueule. Dites-moi d’abord depuis quand, lorsque deux stars qui ont des comptes à régler comme Cena et Lesnar commencent justement à les régler sur un ring, oui depuis quand l’intégralité du roster et du staff ou presque intervient pour les séparer ? Hey, oh, l’explication entre les deux venait à peine de commencer, des trucs bien pire que cela, il y en TOUTES les semaines, et sans que personne ne bouge le petit doigt. Alors non, tout ce beau monde qui débarque sur le ring à ce moment, ce n’est pas crédible une seule seconde. Non mais sans déconner, les heels et les faces de Raw, unis comme un seul homme et qui se précipiteraient pour séparer deux mecs qui viennent de se mettre une claque et guère plus ? Vous acceptez ce foutage de gueule en règle sous prétexte que ça « faisait vachement vrai, quand même » ?

 

C’est peut-être fréquent à l’UFC, et c’était peut-être d’ailleurs un clin d’œil volontaire au passé récent de Lesnar, mais cela me paraît particulièrement mal adapté à la WWE où des mecs se battent pour un oui ou pour un non, toute l’année, et dans une indifférence quasi-totale à partir du moment où le règlement de comptes ne prend pas des allures de boucherie. Autre absurdité, la difficulté à séparer Cena et Lesnar. Tout le roster est là, que des gros bras, mais ils peinent à maitriser deux mecs ? Really ? Cette anomalie est d’autant plus regrettable que les laisser se battre une minute de plus, et ne faire intervenir que des arbitres et quelques agents de  sécurité aurait été tout aussi efficace ET crédible. Mais non, il fallait de la surenchère, de la démesure, du oh my god, ce qui n’est pas si surprenant de la part de Vince. Et je ne parle même pas du contre-emploi de certains intervenants. Bryan n’avait pas être présent, ça ne rime à rien. Bref, in fine, c’est raté.    

 

Brock a eu tous les honneurs lundi, celui d’ouvrir le show, donc, et celui de le conclure en portant une nouvelle fois son finisher à John Cena. Non sans avoir donné au préalable et par derrière, un violent coup de pied dans les couilles d’un Marine célébrant sa victoire tout juste acquise sur David Otunga. C’était certainement au cas où planerait encore le doute sur son positionnement et pour en finir une bonne fois pour toutes avec les applaudissements et les encouragements de la foule. En tout cas, le résultat est là, le stade siffle copieusement Lesnar lorsqu’il « finit » Cena à l’aide de son rudimentaire F5.

 

 

J'ai comme l'impression que Cena va devoir s'habituer à cette nouvelle position.

 

 

On le savait, le General Ace Manager l’a confirmé pour ceux qui auraient pu en douter, Lesnar n’est pas revenu pour faire de la figuration mais pour être LE top heel de Stamford. On se perd un peu en conjecture en ce qui concerne le futur immédiat de Brock le malade mental, mais on dispose tout de même d’un indice intéressant : le Rock veut redevenir champion WWE. Si on considère comme acquis que Mad Brock le sera à plus ou moins brève échéance, on peut tout à fait imaginer un Lesnar vs. Rock au prochain Mania. D’ici là ? Il devrait faire souffrir Cena (à Extreme Rules, notamment) ainsi que les autres éléments du roster que l’on voudra bien lui jeter en pâture, avant de s’attaquer enfin à Punk, une fois que celui-ci en aura terminé avec Jericho. A Summerslam, par exemple ? Espérons seulement que d’ici là, il n’aura pas fait de la chaise roulante le moyen de locomotion le plus répandu au sein du roster.

 

 

Lord Tensai too… mais tout le monde s’en fout.

 

A-Train ou Albert, choisissez vous-mêmes, est aussi retour. Mais, peut-être cannibalisé par le come-back de la brute épaisse, l’événement semble laisser une bonne partie du public de marbre. Enfin moi, en tout cas, je m’en fous. Il était opposé ce lundi au revenant Tatsu, ce qui était un passage obligé pour le nouveau gimmick du Lord Tensaï et n’en a évidemment fait qu’une bouchée. Un catch lent mais pas désagréable à regarder, de l’intensité malgré tout, c’est l’impression qui se dégage d’un personnage qui n’est pas japonais in kayfabe, mais revient simplement du pays du soleil levant où il a triomphé face aux meilleurs spécialistes de la discipline au Japon. Le blanc qui a maté les Japonais chez eux, voilà le nouveau gimmick, bien casse-gueule, du pauvre Albert. C’est tout de même très kitch, sans pour autant avoir le côté fun, festif et funky de Brodus ; ce sera sûrement très délicat à imposer au public. D’ailleurs, la réaction de la foule me parait plutôt préoccupante. Encore une fois cette semaine, l’ambiance autour du combat a oscillé entre le désintérêt poli et silencieux et quelques timides chants à la gloire de… Albert. Ce qui n’est pas forcément un très bon signe pour Lord Tensaï puisque la semaine dernière, c’est le retour d’A-Train que le public célébrait. Ce qui explique peut-être pourquoi la WWE a décidé d’assumer dès ce lundi, par la voix de Michael Cole, que Lord Tensaï effectuait bien son retour, après quelques années au Japon. La question est maintenant de tenter de prévoir quelle sera sa place dans le show du lundi. A mon avis cela devrait se dérouler comme souvent en pareil cas : quelques squashs, une feud en midcard sans grand intérêt, jusqu’à épuisement, abandon progressif du gimmick et disparition des écrans. Oui, je sais, le scénario n’est pas super optimiste, mais je ne le suis pas trop en ce qui concerne ce Lord.  

 

 

Il ne s'appelle pas Lord Tensaï. Ni Albert et encore moins A-Train. Mon fils l'a reconnu, c'est un dénommé Shredder, et il a déjà combattu contre une stable face, les Tortues Ninjas.

 

 

 

Johnny be good

 

Cena n’aura donc pas changé de bord, malgré tous les petits indices habilement semés depuis quelques semaines par une équipe créative taquine et surfant habilement sur le rapport plus qu’ambigu que le public entretient depuis des mois avec le marine. Certains d’entre nous ont pu sentir monter la vague du turn, pour reprendre une expression à la mode dans l’Hexagone, mais je pense que l’on peut désormais clore le chapitre « Johnny be heel », ce scénario auquel je n’ai d’ailleurs jamais cru, mis à part pendant quelques heures après Mania, je le concède (mais juste parce qu’il y a des témoins). Superman veut rester Face parce que ça lui plait de l’être, si j’en crois le papier de l’autre Johnny, le vrai, celui de la Rédac’, et j’avoue que cela renforce encore un peu plus l’estime que je porte à l’homme John Cena.

 

Car, comme nous le soulignons souvent sur ces pages, nous (nous, les contempteurs du Marine au sein de la Rédac’) faisons parfaitement la différence entre un gimmick qui nous déplait et l’homme qui parait honnête, passionné par son métier et surtout foncièrement sympa, à tel point que la perspective de devenir le gros méchant heel du roster lui filerait la nausée, attaché qu’il est aux à-côtés de son rôle de ravi de la crèche comme par exemple les actions caritatives menées auprès d’enfants malades. On peut détester ses t-shirts, ses promos gnan gnan et les superpouvoirs associés à son gimmick de babyface numéro un de la WWE, et ressentir néanmoins un profond respect pour ce mec dont la sincérité me parait difficilement contestable. Big up, Johnny, je t’ai suffisamment craché à la gueule sur ces pages pour te faire un gros bisou aujourd’hui.

 

 

Ouais mais non, va te laver la bouche avant. Et puis je crois qu'il y a un type bizarre qui nous regarde.

 

 

Cette ode au comportement chevaleresque de John Cena se justifie d’ailleurs doublement puisqu’à mon sens, le Marine se complique singulièrement la vie en refusant de basculer du côté obscur. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’aura pas cédé aux ensorcelantes sirènes du heel turn. Car en faisant le choix de rester l’ami des enfants et de Silver, on ne peut pas dire qu’il se facilite la vie et celle des bookers. Les huées massives toutes les semaines, ça ne peut pas durer, et il va falloir cliver fort lors de la prochaine feud pour que Cena redécouvre les grâces du public. But… Wait a minute, c’est justement ce que la WWE fait avec Lesnar en ce moment : en présentant Brocky comme un gros bâtard violent et malsain qui s’acharne sur Cena, mécaniquement, la côte de Johnny Courage devrait remonter au sein du WWE Universe. D’ailleurs, les « Let’s go Cena » n’avaient rien à envier aux « Cena Sucks » (à part quelques graves, sans doutes…), lundi soir. C’est peut être là la preuve que la tendance va enfin s’inverser. Souhaitons-le lui, il le mérite amplement.

 

 

Lesnar à Extreme Rules? Je pourrais pas plutôt être jeté dans une piscine infestée de requins affamés, les yeux bandés, pieds et poings liés?

 

 

Il a d’ailleurs été excellent, le Johnny, lundi soir. Ironique à souhait lorsqu’il nargue Lesnar après le brawl, et survolté en promo backstage au moment de demander un match à Laurinaitis, Cena a joué une partition parfaite, dense, et assez rare chez lui. Non pas parce qu’il n’en est pas capable habituellement mais bien parce son (ancien ?) gimmick de ravi de la crèche ne présente ou ne présentait pas autant d’aspérités. Il semble que le temps du Marine monolithique, triomphant et pour tout dire un brin niais soit derrière nous. Croisons les doigts. Qu’en faire à présent ? De la chair à canon pour la Brute, avant un transfert à Smackdown où il pourra exprimer pleinement les évolutions récentes de son gimmick ? Moi, ça me botterait bien.

 

 

 

Lorsque Jericho et Punk passent la vitesse supérieure, c’est toute la planète qui tremble sous les Fap Fap Fap du WWE Universe!

 

Si la feud entre Jericho et CM Punk a pu nous donner l’impression de ne pas être complètement aboutie au soir de Mania, la rivalité entre les deux monstres sacrées ayant démarré trop peu de temps avant le Biggest Stage pour atteindre sa vitesse de croisière ce jour là, c’est peu dire que les deux gars se sont rattrapés depuis le 1er avril. Nous savions que ces deux génies du ring et de la promo nous régaleraient, nous ne sommes pas déçus, la feud atteint peu à peu des niveaux stratosphériques. Ah je me souviens des plus grognons d’entre vous qui renâclaient encore il y a tout juste deux semaines. Ce Jericho vs. Punk était au choix trop attendu pour être vraiment surprenant, tellement espéré qu’on ne pouvait qu’être déçu, ou encore si mal exploité par des bookers qui auraient choisi la facilité en laissant les deux gars se démerder avec leur talent, en ne fournissant qu’une storyline d’une platitude qui ferait passer une Jane Birkin pré-pubère pour une bombe sexuelle avec des seins comme des obus. Oui, c’est ce qu’on entendait avant les deux derniers épisodes qui ont exploité au maximum, et avec quel brio, le filon de la vie personnelle de CM Punk. Un coup de génie de la part des bookers.

 

 

C'est le problème quand tu es straight edge, à la première bière, tu es complètement bourré.

 

 

L’asperger d’alcool, lui le straight-edge assumé, n’est pas en soi l’idée du siècle (il me semble d’ailleurs que cela a déjà été fait lors de la SxE, mais ma mémoire me fait défaut), mais jouer à plein de la dépravation réelle (alcoolisme du père, addiction de la sœur) ou supposée (date du mariage de la mère) de la famille Punk offre un angle d’attaque en or aux promos de Chris Jericho : celui du destin qui vous rattrape, tout straight edge que l’on penserait être. Ton père picole, ta sœur se pique, je te verse du whisky sur la gueule et tu pues l’alcool parce que c’est dans tes gènes, Cihaime. Tu finiras comme le reste de ta famille, en gros loser que tu es de naissance. C’est un argument brillant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il mêle le kayfabe et la vie réelle, ce qui donne toujours un petit supplément d’âme aux storylines. Ensuite, parce que Jericho excelle dans ce rôle d’ordure malfaisante et diabolique, tout semble taillé sur mesure pour son personnage, son caractère, son rictus narquois. Et enfin car il devrait permettre à Cihaime de s’installer enfin là haut, tout là haut au sommet de la carte de la WWE, pour y devenir le visage face de la fédération.

 

Car ces attaques perfides donnent une nouvelle dimension au gimmick de Punk, une humanité dont il manquait peut-être. On le connaissait, et on l’aimait, moqueur, frondeur, quasi révolutionnaire, cabotinant avec gourmandise sur le ring, se délectant des réactions de la foule. On ne le connaissait pas si sombre, si troublé par un passé resurgissant from out of nowhere. Ce CM Punk là a le regard un peu vide, la voix tremblante, ne s’assied plus au centre du ring, ne sourit plus. Il semble blessé dans sa chair et dans son âme. On a même cru, lundi, qu’il y irait de sa petite larme. Et c’est brillant. Car cette nouvelle facette devrait lui permettre d’aller au-delà de sa fan base déjà solide en allant piocher dans le public babyface le plus traditionnel. Celui qui aime bien les frontières très clairement établies, les clivages évidents, le bien contre le mal, le noir et le blanc, la gauche et la droite. Bref, le fan typique de Cena qui ne sera pas insensible au sort de Cihaime et sera sincèrement ému de le voir trainer sa tristesse sur les rings, en slip de cuir noir et chaussures montantes. Brillant, je vous dis.      

 

 

Pour bien jouer le  mec qui fait la gueule, Punk pense à son prochain adversaire de l'été.         

 

 

Lundi, c’est CM Punk qui a ouvert les hostilités micro en main, l’air malheureux, l’œil de cocker, assistant au centre du ring au triste résumé vidéo des événements de la semaine passée (sans la glissade de Chris, bizarrement coupée au montage). Il en a gros sur la patate, le Cihaime, et tient à le faire savoir. Le straight-edge, c’est son mode de vie, un choix personnel dont il est fier. Et d’expliquer avec émotion que Jericho est allé trop loin. En mêlant son père, sa sœur et sa propre mère à leur rivalité, d’abord. Mais surtout en l’aspergeant de whisky la semaine précédente. C’est que cette odeur âcre, tenace, persistante lui a rappelé celle de… son père. A ce moment précis de sa promo, Punk se tient aux cordes du ring, baisse la tête piteusement et, damn, parait aux bords des larmes.

 

Jericho fait alors son apparition sur le Titantron. Il en rajoute une couche sur l’alcoolisme familial, prétend que son adversaire est encore bourré et l’affuble du sobriquet de CM… Drunk ! lequel n’a guère le temps de s’énerver outre mesure puisque Mark Henry déboule pour son rematch. Et c’est le World Strongest Man qui paie pour Jericho : moins d’une minute après la cloche, Cihaime défonce son adversaire avec un moniteur de la table des commentateurs. DQ, Henry l’a encore dans le cul. Lorsque… surprise, Chris Jericho fait son apparition, de l’alcool plein les bras. Ça sent le sapin pour Cihaime et en effet, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire Markus la Vengeance étale le Punk au milieu du ring et laisse le soin à l’homme à la veste qui clignote de s’en donner à cœur joie. Et Chris de rééditer ses exploits de la semaine passée (mais toujours sans glissade), et d’asperger copieusement son adversaire de bière. Fin de la séquence. Jericho rigole tandis que Cihaime nage dans l’alcool et pue la bière. L’avantage, c’est que ça ne tache pas, la bière.

 

 

Il a l'air d'avoir le vin mauvais, CM Punk

 

 

 

Funkantino est dans la place

 

Praise the lord mon frére, le Funkasaurus tient enfin sa première feud et c’est peu ou prou l’objet de cette fin d’article, n’en déplaise à ceux qui espéraient une « analyse » des segments « comiques » des trois « comédiens » venus faire leur promo ce lundi et dont je me suis empressée d’oublier le nom. Passée la première minute de leur « prestation », j’ai fait « avance rapide » à chacune de leurs apparitions, je n’ai donc rien à en dire. Ah si, à un moment, l’un d’entre eux s’était déguisé en Hulk Hogan et s’est pris un chokeslam par Kane (mais qu’est-ce qu’il venait foutre dans cette galère ?), lol non ? Non ? Alors passons à la suite.

 

 

Bon ok, c'était super ressemblant. J'ai compris que vers la fin que c'était pas le vrai.

 

 

Même si j’ai déjà eu occasion d’écrire que le fait de filer la ceinture à Santino n’était pas vraiment de nature à valoriser le titre US, je comprends tout à fait la logique ayant dicté ce choix (récompenser un Santino qui fait toujours merveilleusement bien son boulot, donner un peu de peps au catch comédie, faire plaisir aux enfants), et j’admets sans mal que le clown fait un champion sympa et rafraichissant.

 

Tout comme le fut son match contre Zig et Swag, associé en tag-team à Brodus Clay. Voilà enfin le début d’une storyline pour le Funkasaurus et il faut avouer qu’il s’en sort plutôt pas mal ! Être associé au champion US pour faire face à deux très solides éléments du roster, flirtant ou ayant flirté avec le main event, on a connu pire pour un premier scénar. Ça me va plutôt bien : le gimmick me fait marrer, je kiffe le funk et je trouve Brodus très chouette in ring. Il devrait aider Santino à garder sa ceinture pendant encore quelque temps. J’achète.

 

Cody Rhodes, lui, a encore fait les frais de la taquinerie et de la malice du Big Show. En fait, non, il est passé pour un gros crétin décérébré en se faisant prendre une nouvelle fois au piège niveau CP tendu par le Géant. Mouais, bof. Le Big Show n’a pas besoin de ça, le traitement de Cody Rhodes est un peu dur à comprendre. Il a fait une connerie ? Il est puni ? C’est une transition avant un draft officiel à Raw où une place au soleil lui serait promise ? Aucune idée mais au doigt mouillé dans le vin blanc, ça sent le sapin pour Cody.

 

 

Le Big Show était déguisé, c'est sûrement pour ça que Cody ne l'a pas reconnu.

 

 

Malgré mes quelques réserves, Raw est globalement aujourd’hui à un niveau stratosphérique que le show atteint rarement. L’absence du Rock est immédiatement comblée par le retour de Lesnar qui, quoique j’en dise, apporte un impact immédiat incroyable ; Punk se prépare à porter la WWE sur ses épaules, tandis qu’un John Cena enfin libéré de ce poids devrait redescendre durablement dans la carte, ou en tout cas ne plus approcher de la ceinture majeure pour quelque temps, tout en restant une pièce importante du dispositif de Stamford. Il y aura bien un avant et un après Mania. En tout cas, ça me donne vachement envie d’être à lundi alors que d’habitude, comme c’est juste après le weekend, ben j’aime pas trop cette journée là.


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