4/1 contre l’OM, 5/0 contre les GM

 

People ask the difference between a leader and a boss. The leader leads, and the boss drives.

Theodore Roosevelt

 

Il paraîtrait que Booker T et AJ pourraient perdre dans les prochaines semaines leur poste de General Manager. Embourbé dans ses problèmes de Brogue Kick pour l'un, incapable de gérer ses ex pour l'autre, la WWE envisagerait de les remplacer par une ou deux figures d'autorité avec davantage de prestige et de starpower, en cette période de compétition frontale avec le Monday Night Football. Une méta-storyline qui verrait donc l'arrivée d'un nouveau patron à la tête de Raw et SmackDown, le cinquième en un an pour le show rouge, le quatrième pour son homologue bleu. Pour autant, le format de GM est-il toujours pertinent dans la WWE actuelle ? Cinq raisons de penser qu'on serait bien mieux sans.

 

 

Bien sûr, il y aurait des inconvénients.

 

 

Plaidoyer pour une disparition des GM à Raw et Smackdown.

 

 

People ask the difference between a leader and a boss. The leader leads, and the boss drives.

Theodore Roosevelt

 

Il paraîtrait que Booker T et AJ pourraient perdre dans les prochaines semaines leur poste de General Manager. Embourbé dans ses problèmes de Brogue Kick pour l'un, incapable de gérer ses ex pour l'autre, la WWE envisagerait de les remplacer par une ou deux figures d'autorité avec davantage de prestige et de starpower, en cette période de compétition frontale avec le Monday Night Football. Une méta-storyline qui verrait donc l'arrivée d'un nouveau patron à la tête de Raw et SmackDown, le cinquième en un an pour le show rouge, le quatrième pour son homologue bleu. Pour autant, le format de GM est-il toujours pertinent dans la WWE actuelle ? Cinq raisons de penser qu'on serait bien mieux sans.

 

 

Bien sûr, il y aurait des inconvénients.

 

 

Plaidoyer pour une disparition des GM à Raw et Smackdown.

 

 

 

Parce qu'on ne pige absolument rien à l'organigramme de la WWE

 

 

Souvenez-vous, c'était il y a un an pile : Triple H, COO de la fédération et patron (mais pas General Manager) de Raw était désavoué dans ses fonctions par les catcheurs, commentateurs et techniciens dans une séquence surréaliste et assez tordue, puis dans la foulée viré par le Chairman Vince McMahon avec l'appui du Board of Director, sorte de conglomérat tout puissant qui doit réunir au moins le grand manitou, sa fille et son gendre, bien qu'on n'ai jamais vraiment su de quoi il s'agissait. Plus compliqué encore : le COO/Patron/Catcheur occasionnel avait, deux mois plus tôt, remplacé à cette fonction VKM qu'il avait lui-même viré ! Hunter fut par la suite remplacé par John Laurinaitis, vice président de la fédération chargée des relations talents qui occuperait lui le poste de GM de Raw.

 

 

– Pourtant, c'est assez simple, je vais tout vous expliquer. La WWE est en réalité divisée en douze pôles d'importance égale : le pôle relations avec les talents supervise les contrats des catcheurs, le pôle informatique s'occupe de la gestion du site WWE.com, le pôle…

– Hoeski ! Hoeski !

– Ok ok, j'ai rien dit.

 

La nébuleuse WWE semble extrêmement compliquée à appréhender et gagnerait, au moins à l'antenne, à simplifier sa hiérarchie. Le rôle de General Manager, présent depuis la Brand Extension de 2002, ne semble pas le plus flou, loin de là. Et pourtant, pourquoi ne pas faciliter les relations verticales en plaçant un VKM tout-puissant à la tête du fameux Board of Directors, et un seul intermédiaire entre les catcheurs et lui qui n'interviendrait que sporadiquement dans les deux shows, en cas de conflit insoluble ? Triple H semble le plus à même de reprendre ce rôle maintenant qu'il n'a plus de cheveux (ça fait toujours plus sérieux, de ne plus avoir de cheveux), en tant que mec qui gère les affaires quotidiennes en backstage. McMahon commande le Game qui commande les catcheurs, c'est vachement plus simple, non ?

 

 

Hé, vous me reconnaissez ? C'est moi super connard, le mec viré qui revient un mois plus tard comme si de rien n'était ! Super connard, oh oui c'est moi !

 

 

Parce que voir une figure d'autorité régner sur un seul show n'a plus aucun sens aujourd'hui

 

 

Toujours il y a un an était lancé à l'écran le concept des Supershows. Principe assez simple : on fait venir les meilleurs de SmackDown chaque semaine à Raw et le show devient encore plus super ! Désormais et depuis le 1000e Raw, la WWE ne prend même plus la peine d'apposer le petit logo bleu en dessous du nom de son émission du lundi, puisqu'il semble bien ancré dans les esprits que le concept de roster propre à chaque branche a fait long feu. Ziggler, Jericho, Del Rio, Daniel Bryan, Big Show, tous ces hommes-là ont changé de camp depuis le début de l'année dans la quasi-indifférence générale, et annuler la draft prévue d'ordinaire après WrestleMania n'aura sans doute pas aidé non plus à avoir des repères clairs sur qui est où.

 

 

-Ok, je suis où là ? Normalement c'est SmackDown, là, nan ? Ah, attends, les cordes sont blanches, donc c'est un PPV ? Cela dit l'éclairage est rouge, ça veut peut-être dire que c'est Raw… Bon, tant pis, je vais juste faire comme d'habitude, personne remarquera rien.

-RKO FROM ORTON ! OUT OF NOWHERE !

 

 

Dès lors, comment imposer une figure d'autorité sur un concept qui lui-même n'a plus vraiment de raison d'être ? Il n'a jamais bien été précisé si AJ était responsable de tout ce qui se passe le lundi soir, ou si elle n'avait de pouvoir que sur les catcheurs appartenant théoriquement à Raw. À fortiori, Booker T apparaît régulièrement le lundi, ce qui veut a priori dire que sa juridiction s'applique du côté des rouges. Encore une fois, le flou est de mise, et coller au changement imposé par la fédération depuis un an paraît indispensable. John Laurinaitis avait il y a quelques mois les pleins pouvoirs sur les deux shows de la fédération, apparaissant à son gré dans l'un ou l'autre, et il y a fort à parier que dans le futur cela devienne le modèle unique.

 

 

Heureusement, il y a toujours un roster qui ne changera jamais.

 

 

Parce que le cliché du patron machiavélique est éculé

 

 

Vince McMahon, Eric Bischoff, William Regal, Vickie Guerrero, John Laurinaitis, même combat : figures d'autorité sans foi ni loi, prêtes à tout pour asseoir leurs protégés dans la course au titre suprême, et ne reculant devant rien pour écraser la concurrence. Il est vrai que le GM heel est plutôt propice à des angles scénaristiques intéressants, le plus utilisé étant évidemment le face rebelle partant en croisade contre le boss à coups de beaux arguments sur l'injustice, le nazisme, et, si ça ne suffit pas, un bon vieux finisher dans la gueule. Mais dix ans après le Montreal Screwjob qui aura vu la naissance du personnage de VKM et le début de sa guerre séculaire avec Austin, il est sans doute temps de passer à autre chose, et que tout angle autour d'un GM heel serait au mieux une redite, au pire une resucée de ce qui fut fait alors. Que ce soit JBL, Michael Cole ou Ric Flair, de nombreux postulants au titre de chef d'un roster ont ce profil-là, alors qu'on a pourtant à peu près fait le tour de la question.

 

 

Et c'est pas évident de faire le tour de Vickie Guerrero, hahaha ! Non ? Toujours pas ?

 

 

Vince McMahon, heel parmi les heels, a même fini par se ranger des félonies, et a droit a sa petite ovation à chaque apparition. Dès lors, un constat s'impose : si on enlève les figures d'autorité heel, que reste-t-il ? Les Captain Obvious comme Teddy Long ou Booker T, les figures à peu près neutres comme AJ, l'AGM ou Mike Adamle, pas de quoi faire rêver qui que ce soit, donc. La place de la figure d'autorité devrait peut-être se diriger dans le futur vers un ou deux types super pros, qui prennent chaque décision en tout professionnalisme et sans la moindre once de partialité, et ne se mouillent que peu dans les rivalités inter catcheurs. Sans doute un mal pour un bien, étant donné que les angles impliquant les GM sont actuellement plutôt laborieux.

 

 

-Booker, pour asseoir ma crédibilité et donner de la profondeur à mon personnage, j'ai décidé d'être heel à partir de maintenant.

-Ah ouais ?

-Ouais. J'ai échangé le tee-shirt vert de Cena par un rose. Il va être drôlement surpris !

 

 

Parce que les bookers sont en panne d'idées

 

 

Depuis 2008, Raw aura été contrôlé successivement par : un commentateur inepte, une valse de pseudocélébrités venues faire leur promo, un General Manager Anonyme qui s'avéra être Hornswoggle, un Big Johnny dont la prestation en main-event d'Over the Limit reste encore tristement dans les mémoires, et une psychopathe prête à partir le jour de son mariage pour accepter le poste. Difficile d'arguer qu'un seul parmi eux ait vraiment ensoleillé notre horizon, et si le contenu délivré par les shows a pu être bon néanmoins, c'est davantage malgré eux que grâce à leur présence. Pire, il fut un temps pas si lointain où les figures d'autorité phagocytaient complètement un show ne tournant qu'autour d'eux. Il faut dire qu'il est bien difficile de trouver un juste milieu entre le GM tellement présent qu'il en devient contre-productif pour la qualité du show, et celui qui va être tellement passe-partout que son utilité sera remise en question.

 

 

Ou sinon, on peut aussi faire voter le WWE Universe sur Twitter pour toutes les décisions sans exception ! Genre "qui doit devenir le nouveau champion WWE ?", et hop on compte les hashtags ! On devrait se marrer !

 

 

Du coup, pour nous intéresser à la présence en poste d'un homme qui ne fait que son boulot, les scénaristes aiment lancer des pistes qui ne seront absolument pas suivies d'effet : on a vu en 2010 Edge partir en croisade contre l'AGM, et plus récemment Aksana tourner pendant 6 mois autour de Teddy Long sous fond de musique d'ascenseur, sans jamais que quoi que ce soit n'aboutisse. L'angle est à présent revisité avec Eve et Booker T, sans qu'on ne puisse vraiment dire si nous verrons un jour la jeune femme devenir GM à la place du GM. Difficile de se renouveler sur ce terrain-là, et les bookers semblent avoir bien du mal à nous offrir autre chose que des segments bouche-trou supposés piquer plus ou moins notre curiosité. Une disparition des General Manager permettrait donc de se recentrer sur ceux qui font le spectacle : les catcheurs.

 

 

Un de ces deux hommes a participé à pas moins de deux matchs ***** dans sa carrière. L'autre, c'est John Cena.

 

 

Parce que de toute façon, le show se fait très bien sans eux.

 

 

Combien de fois a-t-on vu cette scène ? Début de show, un homme s'avance sur le ring. Il n'est pas content, car un autre homme lui a fait quelque chose la semaine précédente qui ne lui a pas plu. L'autre homme avance, et heureusement, le GM est là pour solder leurs différends ! One on one/tag team match playa ! On l'a bien compris depuis le temps : l'essentiel d'un weekly se booke principalement tout seul, et les GM ne sont là que pour entériner des décisions qui s'imposent toutes seules sur les angles majeurs, les autres étant essentiellement livrés à eux-mêmes. Dès lors, pourquoi ne pas laisser l'essentiel des programmes de la WWE libre de toute figure d'autorité, comme cela se fait déjà à Superstars ? L'ensemble des matchs prévus pour la soirée serait annoncé en début de show et seraient annoncés comme décidés backstage par Triple H, qui ferait des apparitions sporadiques (mettons une fois par mois) quand la situation ne coule pas de source.

 

 

Écoute Alberto, la situation ne coule pas de source, et je sens que ça dérape. Du coup pour ce match, j'ai décidé qu'exceptionnellement, tu aurais le droit à un annonceur spécial. Qui tu veux.

 

 

Si l'on se rappelle bien, Raw sans GM est un concept déjà utilisé plutôt récemment. L'ordinateur de l'AGM a dû rester muet sur son pupitre 6 mois sans que personne ne s'en émeuve, et les repères de notre sport-spectacle favori n'ont pas particulièrement été bouleversés pour autant durant cette période. Le dernier Raw en date a vu une apparition d'AJ en tout début de show, mais celle-ci n'a ni annoncé de match, ni réellement fait avancer d'angle : sa présence fut réduite à portion congrue, en l'occurrence une gifle sur Paul Heyman, et son intérêt pour le show semble donc réduit à une vendetta personnelle. Le concept des General Manager touche à sa fin, et les différents arcs narratifs peuvent désormais s'émanciper de leur présence pour commencer à voler de leurs propres ailes.

 

 

Ici, une maman oiseau pousse son bébé du nid pour l'encourager à déployer ses ailes. Des images rares.

 


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