Un goût d’inachevé

Paresseux, nom masculin : mammifère d'Amérique, aux mouvements très lents, qui vit dans les arbres ou dans les locaux de la WWE à Stamford.

Dictionnaire animalier

 

Oh, WWE, tu l'as encore fait. Tes bookers ont semblé, ce dimanche comme trop souvent, aussi inspirés que les scénaristes de Derrick, mais tes catcheurs étaient heureusement là pour sauver une soirée qui se révéla finalement agréable. Ça cache la misère, mais ce n'est pas vraiment de bon augure pour la suite.

 

 

Exclusif : la WWE vous révèle dans quelle classe sont restés ses scénaristes.

 

 

Nalyse du Royal Rumble

 

Paresseux, nom masculin : mammifère d'Amérique, aux mouvements très lents, qui vit dans les arbres ou dans les locaux de la WWE à Stamford.

Dictionnaire animalier

 

Oh, WWE, tu l'as encore fait. Tes bookers ont semblé, ce dimanche comme trop souvent, aussi inspirés que les scénaristes de Derrick, mais tes catcheurs étaient heureusement là pour sauver une soirée qui se révéla finalement agréable. Ça cache la misère, mais ce n'est pas vraiment de bon augure pour la suite.

 

 

Exclusif : la WWE vous révèle dans quelle classe sont restés ses scénaristes.

 

 

Nalyse du Royal Rumble

 

Une carte alléchante, des affrontements qui furent à la hauteur, et un excellent Royal Rumble Match : nous avions tout pour être comblés à l'issue du premier Pay Per View de la fameuse Road to Wrestlemania dont on aime nous rabattre, chaque année, les oreilles. Pourtant, la WWE a failli dans l'un des secteurs les plus importants du business, celui de la glorieuse incertitude du sport. Tout affairée à construire soigneusement les principaux matchs du Grandest stage of them all, matchs dont elle aime à dire qu'ils sont déterminés depuis début janvier, elle en a oublié les fausses pistes, l'élément de surprise, et, plus globalement, l'excitation. Le Royal Rumble crû 2013, dans son ensemble, aura donc été au mieux prévisible, au pire frustrant.

 

 

Exclusif : la WWE vous révèle combien de centimètres ses scénaristes ont dans le slip.

 

 

Après tout, peut-être que les suiveurs assidus que nous sommes en demandons trop. Prêts à nous jeter sur tout ce qui ressemble vaguement à une info backstage, nous échafaudons sans cesse toutes sortes de théories plus ou moins fumeuses et demandons pourtant inlassablement à être surpris une fois le jour J arrivé. Il est vrai que du côté de chez Vince McMahon, on nous a habitués à plutôt bien gérer les différentes rumeurs (et nous en avons eu la preuve une nouvelle fois dimanche soir), et à arriver à jouer la carte du WTF Moment envers et contre tout.

 

 

Après, y a les bons WTF moments, et les un peu moins bons.

 

 

Les fantasy bookings alléchants envahissent quant à eux l'internetosphère, et si nous devions demander à cent suiveurs de donner leur carte idéale de Wrestlemania, nul doute que nous aboutirions à cent résultats différents. Mais peut-être que cette poursuite de la perfection catchesque, de ce moment idéal qui justifiera à lui seul des mois, des années de déceptions, peut-être que cette quête est désespérée, et que nous serions bien inspirés de méditer Épicure, et de profiter au maximum des petits riens qui embellissent le quotidien.

 

 

Exemple de petit rien qui embellit le quotidien : des lunettes customisées pour Gilbert Montagné.

 

 

Prenez le Tag Team Championship, défendu par les Hell No face aux Rhodes Scholars, dans un match qui accoucha sans doute du résultat le plus inattendu de la soirée. On pourra toujours arguer que les champions semblent en bout de course, et que l'équipe des poilus a loupé son cinquantième title shot d'affilée, elle qui semblait pourtant prête à prendre les ceintures de cuivre. Il serait assez évident de mon côté de tirer à boulets rouges sur un booking voyant inexplicablement Daniel Bryan cantonné à la midcard, lui qui a peut-être été le catcheur le plus incroyable de l'année écoulée. Reste que l'affrontement a été classique mais néanmoins plaisant, et que voir une équipe avec un tel starpower garder les ceintures quelque 134 jours est franchement intéressant.

 

 

Je t'aime bien, petit. Moi aussi, dans ma jeunesse, j'aimais faire la roue et m'habiller en rose.

 

 

D-Bry et Kane sont des tenants du titre plus que valeureux, et restent aussi rafraîchissants qu'au premier jour, comme ils ont pu le montrer dans un segment qui aura suivi leur victoire (l'American Dragon soumettant le Sauveur des Masses), segment qui sentait bon la complicité et l'humour potache un peu débile comme on l'aime. Leur fin de règne n'aura donc sans doute pas lieu en Pay Per View, mais plutôt à Raw un de ces jours. Et finalement, ce n'est pas plus mal, et ce baroud d'honneur semble un bon moyen de mettre un terme à leur hégémonie sur la ceinture par équipes.

 

 

– Là-dessus, c'est écrit : celui qui recevra ce carton a une place garantie à Wrestlemania.

– Laisse, ça doit être John qui l'a perdu.

 

 

La partition de l'autre match « secondaire » de la soirée a, elle aussi, été parfaitement jouée par ses deux acteurs. Le Last Man Standing pour le World Heavyweight Championship a comme on pouvait s'y attendre ouvert le bal, a été comme on pouvait s'y attendre agréable, et a été remporté, comme on pouvait s'y attendre, par son champion latino. Pourtant, ce serait mentir que de vous dire que je n'ai jamais vu Alberto Del Rio vaciller de son trône au cours du bon quart d'heure qu'a duré l'affrontement. En cause, ce Chokeslam MONSTRUEUX du gros chauve du haut de l'impressionnante structure autour du titantron, directement sur une table posée sur la rampe d'entrée. Mais Dos Cojones Jr. a été fidèle à ce qu'il est depuis son face turn : résistant, spectaculaire, et roublard. Je suis d'ailleurs très content de le voir utiliser à nouveau son cross armbreaker, qui semblait avoir un peu disparu de la circulation ces derniers temps.

 

Manque plus qu'il retrouve où il a garé sa caisse, maintenant.

 

 

Malheureusement, tout n'est pas parfait, et si le match a été plutôt bon, les gros spots se succédant sur le train de sénateur voulu par la stipulation, son finish sent un peu le réchauffé : le géant étant couché sur le ring, Ricardo Rodriguez a scotché ses pieds à la corde du bas, l'empêchant de se relever à l'issue du compte de 10. Je comprend la nécessité de montrer le Big Show comme méga-balèze (même si mon avis sur ce type de 40 balais et 300 kilos est fait), mais n'y avait-il pas un moyen plus original de le faire perdre qu'en réutilisant une ficelle déjà usée lors de l'excellent Cena/Batista d'Extreme Rules 2010 ? Ce fut la première faute des bookers dans une soirée qui allait en contenir plusieurs, et pas des moindres.

 

 

N'oublions pas que quoi que nous fassions, nous ne sommes que des nains juchés sur des épaules de géants.

 

 

L'avenir pour Del Rio dans les trois mois à venir semble assez incertain. Son personnage de mec sympa prend bien avec le public (et il n'y avait pas nécessairement besoin de faire venir Bret Hart avant le match pour consolider sa pop), et il fait sans nul doute un bien meilleur champion que lors de ses deux règnes express de 2011. Reste qu'un certain Ziggler (dont le cash-in est une nouvelle fois reporté) cogne à la porte, et qu'il ne faudra pas oublier les outsiders au titre de n°1 contender, qui sont pour le moins nombreux : Orton, Sheamus ou même Bryan, tous peuvent légitimement prétendre à un match pour la ceinture à Mania.

 

 

Sans oublier l'invité mystère de la soirée…

 

 

Il est temps maintenant d'évoquer le match éponyme du PPV. Un Royal Rumble qui n'eut pas lieu en main event, mais en milieu de show. Pas de quoi crier au scandale : ce n'est pas la première fois que ça arrive, et surtout, l'affiche qui suivait justifiait cette relégation toute relative d'un des matchs les plus importants de l'année. Reste que nous eûmes droit à 55 minutes maîtrisées de bout en bout : starpower, retours surprises, fil rouge, comédie, spots originaux, rien n'a été oublié et le spectacle proposé a parfaitement été à la hauteur.

 

 

En plus, on y a vu JOHN MORRISON ! Je déconne, c'était juste Drew McIntyre de dos en fait.

 

 

Comme annoncé à Raw, Dolph Ziggler a hérité d'un des deux premiers spots, et lors de sa double promo (backstage, puis dans le ring), décida qu'il voulait le numéro 1, et qu'il allait rester POUR TOUJOURS dans le ring, et battre n'importe quel adversaire se présentant à lui, puis unifier les deux titres mondiaux à Wrestlemania. Manque de pot pour lui, l'entrée n°2 nous a offert possiblement le meilleur moment de ce début d'année 2013.

 

 

– Ouais, ouais, c'est ça Jericho, fais le malin, là, à pointer le logo Wrestlemania !

– Je pointe pas le logo Wrestlemania. Je voulais juste te faire remarquer que t'as encore un seau de dix kilos de merde suspendu au-dessus de ta tête.

 

 

TrolluJericho est de retour ! Toujours affûté physiquement, plus tatoué que quand nous l'avions laissé il y a six mois, sa pop du côté du public de Phoenix (tout à fait à la hauteur de l'événement, soulignons le) a fait plaisir à entendre. Même si rien n'a été précisé par rapport à sa pige à la WWE (one shot ou retour durable?), son temps passé sur le ring oriente assez franchement vers la deuxième possibilité : on ne reste pas 48 minutes (!) dans un Rumble Match si c'est pour repartir jouer les rockstars de bac à sable le lendemain.

 

 

Euh… désolé d'intervenir, mais monsieur Jericho est limité par son contrat à très exactement 50 minutes d'apparition dans l'année. Nous l'utiliserons donc dans le prochain segment d'accouchement de Mae Young, et puis ce sera la quille pour lui.

 

 

Les autres apparitions surprises ont été plus anecdotiques, mais tout aussi plaisantes : Goldust nous a offert de beaux échanges avec son frère Cody Rhodes, avant de se faire éliminer par ce dernier sous de grosses huées d'une arena acquise à la cause du Bizarre One. Le Godfather quant à lui est arrivé accompagné de ses prostiputes et a passé moins de dix secondes dans le ring, directement éliminé par Ziggler. Les apparitions des trois gugusses ont été d'autant plus agréables qu'elles n'avaient quasiment pas été teasées auparavant sur le net : on attendait davantage JoMo, Shelton, MVP ou Carlito que Goldust et le Godfather. Quant à Jericho, c'est carrément la surprise du chef.

 

 

Monsieur Strauss Kahn ! Je vous amène les fi… comment ça, c'est pas le Carlton, ici ?

 

 

Il y a beaucoup à dire sur le reste du match, et comme d'habitude on s'est dit cinquante fois qu'untel était éliminé alors qu'il s'accrochait finalement désespérément aux cordes. Dans cette catégorie, outre Y2J, il est bien logique de retenir la performance de Ziggler, presque 50 minutes de présence à son actif, dans une composition très proche de Shawn Michaels en 1995. Évoquons également Kofi Kingston, qui comme l'an dernier y est allé de sa petite acrobatie : s'accrochant au dos de Tensai (qu'il venait d'éliminer) pour finalement se retrouver, tel Robinson Crusoé, isolé sur la table des commentateurs, il s'est servi de la chaise de JBL pour revenir, l'air de rien, sur le ring.

 

 

– Monsieur Layfield ! Je vous emprunte votre chaise !

– Pour quoi faire, jeune homme ?

– Y a Carlos Cabrera qui m'a dit qu'il avait de la beuh directement importée du Mexique, alors je vais me poser à la Spanish Anounce Table m'en rouler un petit avant d'y retourner !

 

 

Daniel Bryan et Kane ont eux aussi un moment mémorable à faire valoir : alors que le plus petit avait profité d'une distraction due à l'élimination collective du Great Khali pour sortir rapidos son partenaire, il en fut pour ses frais : sorti par Cesaro, il s'accrocha in extremis au grand monstre rouge qui le rattrapa accidentellement à l'extérieur, et le supplia de le ramener dans le ring seulement pour voir ses espoirs déçus, Kane le balançant sans ménagement au sol. Au temps pour tous ceux qui, comme moi, avaient annoncé une victoire finale du meilleur catcheur de sa génération.

 

 

– Eh, mais tu m'as poussé là ?

– Pas moi : Cena.

– Viens, on va lui faire sa fête et se mettre à deux pour le sortir.

Idée de génie non utilisée par les bookers n°156478

 

 

Mais il est un moment que les suiveurs par ici ont sans doute suivi avec une attention soutenue : l'apparition de l'entrant 14 ! Rions un peu de la facétie jouée par la WWE : les numéros 12, 13 et 15 ont été dévolus respectivement à Tensai, Brodus Clay et Darren Young, trois prétendants plus que logiques au rôle maudit. Finalement, celui-ci fut dévolu à… Rey Mysterio, lui aussi de retour mais dont la performance fut assez oubliable. Ah, et Sin Cara aussi est revenu, voilà. Passons aussi vite fait sur l'apparition du Rookie de NXT, Bo Dallas : le fils d'IRS a passé plus de 20 minutes sans rien montrer d'intéressant, ce qui est un petit exploit. Il a sorti Wade Barrett, avant que ce dernier ne revienne se venger et ne vire le jeunot. Une rivalité entre les deux pour le titre Intercontinental devrait donc avoir lieu, et je ne sais pas qui ça intéresse, mais pas moi.

 

 

Là par exemple, on essaie de nous faire croire que sa victoire était balèze et qu'elle s'est faite devant 20 000 personnes. En réalité, le mec n'a battu que des no-names sans avenir, devant 50 mecs bourrés qui venaient voir Sheamus.

 

 

Il est temps maintenant de relater le grand final, qui aura quand même eu une sacrée gueule pour conclure un Rumble dans l'ensemble plus chargé que les années précédentes : Ziggler et Jericho étaient donc dans le sextet final, accompagnés de Cena, Sheamus, Ryback et Orton, excusez du peu. Le gars qui voulait qu'on le nourrisse davantage s'est payé le luxe d'arriver trentième, et d'obtenir pourtant le record d'éliminations, à égalité avec Sheamus, onzième entrant. L'ex Sheffield a été montré très, très fort, et a éliminé le Miz, et surtout la Vipère puis l'Irlandais, pour finalement se retrouver dans le duo final aux côtés de… John Cena. Oui oui, je sais, comme ça ça ne fait pas vraiment rêver, et on aurait préféré voir l'un des deux blondinets (sortis juste avant) jouer les trouble-fête, mais que voulez vous, la vie, parfois c'est bien, et parfois c'est de la merde.

 

 

"Attention, derrière toi ! Un mec qui pourrait t'éliminer !"

Said no one ever.

 

 

Coupons court à tout suspense : Johnny Boy aura bien été le vainqueur le plus attendu depuis Randy Orton en 2009, et le premier à remporter deux fois le match depuis Stone Cold Steve Austin en 2001. Son duel avec Ryback fut finalement court (mais le finish l'an dernier entre Sheamus et Jericho représentait plus l'exception que la règle), et il y eut quelque chose d'assez surréaliste à entendre les commentateurs s'extasier, hurlant à qui voulait bien l'entendre que « JOHN CENA VA À WRESTLEMANIA ! »

 

 

Haters gonna hate.

 

 

Un choix logique, sans surprise, et finalement, un peu sans saveur de la part des bookers. On l'avait tous vu venir, on pensait tous que la victoire n'était pas nécessaire pour voir Cena se mêler à la lutte pour le titre, on espérait tous être surpris, et on en a tous été pour nos frais. Le Marine est plus que jamais le visage de la fédération, et il est possible que paradoxalement, l'un des seuls Rumble en dehors du main-event vienne finalement redorer la récompense promise à son vainqueur : pas d'opener pour Cena, et sans doute par de titre World Heavyweight non plus : il ira viser l'or, la récompense suprême, et rien d'autre.

 

 

Hmmm, l'or, OH OUI, L'OR L'OR L'OR !

 

 

Le main event de la soirée comptait pour bien plus que le titre WWE, comme l'a rappelé une jolie vidéo d'introduction. Punk et Rock allaient livrer une guerre, concentrant des années de frustration, une guerre dont une issue heureuse devait mettre fin à la tyrannie des quelque 430 jours de règne du champion. Ça, c'était la théorie. La pratique a été tout de même intéressante, mais pas tout à fait à la hauteur d'un match aussi attendu. Les dix premières minutes ont même été assez poussives : Punk (franchement acclamé par le public) y a complètement dominé son adversaire, et ce fut assez représentatif du travail des deux catcheurs au cours de la rencontre. Un peu comme à Wrestlemania l'an dernier, le catcheur actif a joué le rôle de ring general de bout en bout, et Rocky a eu bien du mal à suivre le rythme, devant régulièrement prendre de longues pauses pour respirer.

 

 

Tiens, je vais encore leur faire le selling du poisson mort, ils seront à genoux !

 

 

Bien sûr, l'affrontement eut quand même son lot de séquences intéressantes : notamment les beaux enchaînements de successions de contres, ayant vu le challenger tenter de porter son sharpshooter, puis finalement y arriver. On a retrouvé, dans ces moments là, la folie du Brahma Bull, et cette ambiance un peu débridée a finalement perduré durant toute la deuxième moitié du match. Débridée jusqu'au ridicule, même, lorsque la table des commentateurs espingouins s'est effondrée au beau milieu d'une tentative de Rock Bottom. Un botch qui n'est absolument pas une première (revoyez le I Quit Match contre Mankind lors du Royal Rumble 1999), et qui fut bien rattrapé par les deux protagonistes : plus de peur que de mal, donc.

 

 

On lui avait dit pourtant, à Carlos Cabrera, de ne pas fumer avant de saboter la table…

 

 

Les minutes s'égrènent, les signature moves s'enchaînent, et le Great One semble finalement sur le point de l'emporter. Spinebuster, et puis finalement le People's Elb… NON ! Les lumières s'éteignent ! C'est la cohue générale, Michael Cole hurle un truc du genre « C'EST LE SHIELD ! JE LES VOIS », JBL hurle un truc du genre « SHUT THE FUCK UP MICHAEL COLE ! », bam, patatras, la deuxième table est cassée, et le Rock gît au milieu des décombres. Punk le ramène sur le ring, un, deux, trois, et le champion garde son titre.

 

 

"Big E Langston poursuit Mark Henry dans la Forêt Noire à minuit", par Jeffrey Nero Hardy.

 

 

Et là je vous vois venir. Vous vous dites « bien vu le retour de Brock Lesnar pour porter un F5 à Rocky, c'est surprenant et ça a le mérite de bousculer un peu nos certitudes sur Wrestlemania », n'est-ce pas ? Sauf que non. Vince McMahon arrive, et dit « Hoho, le Shield est intervenu, CM Punk tu vas perdre ton titre ». Là, vous êtes malins, vous vous dites « Paul Heyman c'est le plus intelligent, il va prouver que c'était pas le Shield et tout le monde l'aura dans l'os ». Non plus. Heyman semblait bien le cerveau derrière l'intervention, mais visiblement son plan pour contrer la stipulation du chairman semblait se réduire à éteindre les lumières pour qu'un doute subsiste sur l'identité des intervenants. Jamais Lesnar n'a été ne serait-ce qu'évoqué, et si le beatdown était l'oeuvre de quelqu'un d'autre qu'Ambrose et consorts, il faudra attendre Raw pour le découvrir. Et un Pay Per View qui sert à poser des questions auxquelles on répond en weekly, c'est tout à fait l'inverse de ce qu'il faut faire.

 

 


Bon sang, Vince a contré mon plan machiavélique en affirmant de façon arbitraire et sans aucune preuve que le Shield était derrière tout ça, et que donc Punk devait perdre son titre. Je suis battu.

 

 

Vous vous doutez bien que le Rock n'aura pas voulu prendre le titre de telle manière, et vous avez raison. « ON RECOMMENCE LE MATCH », qu'il a dit « ÇA ROULE ! », a répondu Vince. Spinebuster, People's Elbow, nouveau champion. Le rebondissement final est louable, et a même apporté l'un des rares moments absolument incertains du Pay Per View, mais la séquence a été globalement assez mal écrite, et on est assez loin du feel good moment qu'avait dû imaginer la WWE pour mettre fin au règne exceptionnel de Punk, qui n'aura lui pas à rougir de l'avoir perdu de telle manière, tant il a porté le match sur ses épaules.

 

 

– Hé Vince,  je suggère qu'on recommence le match, et que si je perds encore on recommence, et ainsi de suite jusqu'à ce que je batte ce jabroni !

– Ça marche Rock. Je ne peux rien refuser à un mec qui a joué dans Voyage au Centre de la Terre 2.

 

 

Malheureusement pour nous, la seule chose pire que cette fin de match loupée, c'est ce qu'on peut en déduire pour Wrestlemania. Twice in a lifetime semble désormais écrit, et Cena devrait faire valoir son title shot pour affronter une nouvelle fois le Rock dans un remake qui emballera peut-être d'autres personnes que moi ici. Si l'on y ajoute un éventuel Triple H/Lesnar, on se retrouve dans une configuration franchement similaire à l'an dernier : les vieilles gloires ne catchant plus qu'épisodiquement auront le beau rôle, reléguant au second plan les travailleurs de l'ombre, tous les types méritants qui se donnent toute l'année. Finalement, seul un match Heyman Guy vs Heyman Guy entre l'ancien champion et le monstre du Minnesota pourrait bousculer l'ordre établi, et apporter un peu de surprise dans tout ça. La title picture autour du WHC sera évidemment également à surveiller, et le retour de Jericho pourrait se concrétiser pour un nouveau match face à Ziggler, énième revanche programmée de ce Grandest Stage pour lequel on peut être légitimement pessimiste.

 

 

Ou alors c'était une attaque de Brock et le match n'aurait jamais dû être recommencé et donc en fait Rock affrontera Lesnar et Punk sera contre l'Undertaker et Cena ira chercher le WHC face à Daniel Bryan qui aura gagné l'Elimination Chamber !

/gros débile qui y croit encore

 

 

Solide dans son déroulement, décevant dans ses conclusions : voilà ce qu'on retiendra finalement d'un Rumble qui n'aura pas été le pire de l'histoire, loin de là, mais qui aura failli à vraiment se mettre dans la poche les suiveurs exigeants que nous sommes. On pourra voir le verre à moitié plein, et se dire que tout ne sera finalement pas si mal le 7 avril prochain. Ou regretter, comme votre serviteur, de voir que ça bande franchement mou du côté de Stamford en ce moment, et que de nombreux espoirs ont été sacrifiés sur l'autel d'un deuxième Cena/Rock.

 

 

CM Punk, WWE Champion

20 novembre 2011 – 27 janvier 2013.


Publié

dans