Grand comme l’éternité

N’est pas mort ce qui à jamais dort,

Et au long des ères peut mourir même la mort.

Abdul Alhazred, Necronomicon

 

Croque-mort, mort-vivant, biker, l’Undertaker a eu bien des vies. Il était là au commencement du monde (le premier épisode de Raw), et n’a pas cessé depuis de faire rêver les fans en leur racontant des histoires bigger than life. Et si à force de revenir d’entre les morts l’Undertaker était vraiment devenu immortel ?

 

 

Y a des effets secondaires, évidemment.

 

 

Les dix catcheurs les plus influents de la WWE (10/10) :

The Undertaker

 

N’est pas mort ce qui à jamais dort,

Et au long des ères peut mourir même la mort.

Abdul Alhazred, Necronomicon

 

Croque-mort, mort-vivant, biker, l’Undertaker a eu bien des vies. Il était là au commencement du monde (le premier épisode de Raw), et n’a pas cessé depuis de faire rêver les fans en leur racontant des histoires bigger than life. Et si à force de revenir d’entre les morts l’Undertaker était vraiment devenu immortel ?

 

 

Y a des effets secondaires, évidemment.

 

 

Les dix catcheurs les plus influents de la WWE (10/10) :

The Undertaker

 

 

Stone Cold Steve Austin

John Cena

André le Géant

Bret Hart

Hulk Hogan

Shawn Michaels

The Rock

Triple H

Bruno Sammartino

The Undertaker

 

 

 

S’il ne devait en rester qu’un… Pourquoi l’Undertaker est-il le plus grand de tous, that is the question à laquelle il m’a été demandé de répondre et ma seule crainte est de manquer de superlatifs à son sujet. Undertaker ! Son nom seul sonne déjà comme une légende, il est depuis longtemps une icône qui représente une certaine vision du catch à lui tout seul. Il m’arrive de parler de catch avec des profanes, et avant que je leur compte les exploits de mes héros préférés un nom ressort toujours, celui du seul catcheur qu’ils connaissent – l’Undertaker bien sûr.

 

Je me garderai bien de vous conter par le menu les innombrables exploits et rebondissements de la longue carrière de l’alter ego de Mark Calaway ; il y faudrait une encyclopédie entière. Mais surtout, l’Undertaker est grand pour bien autre chose que ses pourtant nombreux exploits, titres, récompenses et accomplissements divers ; l’Undertaker est grand parce qu’il est le dernier, le dernier vrai personnage de ce formidable théâtre de l’impossible qu’est le catch.

 

 

Sa gimmick de Gulliver reste ma préférée.

 

 

La carrière du Taker n’est pas une carrière, c’est une épopée – un récit qui exalte les sentiments du public par les exploits d’un héros légendaire. De ces longues années on ne retiendra guère les titres, le palmarès ; le Taker a imposé ses propres critères et ses moments de gloire n’appartiennent qu’à lui, ils sont centrés sur lui et n’auraient pas pu être vécus par un autre. Il a ses matchs, ses stipulations qui sont nées pour servir son personnage : le Casket Match ou le Buried Alive Match, qui sont quand même autrement plus spécifiques qu’un Chairs Match ou autre stipulation éphémère vite oubliée.

 

Et le plus marquant de tous c’est bien sûr Hell In A Cell. La WWE aime dire tour à tour de chacune de ses grosses stipulations qu’elle est LA stipulation ultime, pour ma part c’est sans hésiter à l’enfer dans une cage et à aucune autre que je réserve cette distinction. Et ce avant tout pour une image, un cliché iconique en diable comme le Taker les collectionne : Mankind balancé du haut de la cage par le Deadman et allant s’écraser sur une table cinq mètres plus bas sous les cris d’horreur de Jim Ross (« They killed him! »). La mort qui arrive sans prévenir, c’était terrible et magnifique, Achille contre Hector, Schumacher contre Battiston. Inoubliable.

 

 

Heureusement qu’il est tombé sur un mec sympa !

 

 

La mort, la voilà la compagne du Taker, et la force de son inimitable personnage. On a connu d’autres gimmicks surnaturelles dans le catch, mais aucune n’a su s’imposer sur la durée (Kane mis à part, mais il est lui-même très lié au Taker). Depuis que les gens meurent, ceux qui restent se demandent pourquoi, autant dire que c’est un thème qui nous parle à tous, et même aux jeunes. Le Taker est mort, revenu d’entre les morts, mort, revenu encore et toujours… Icare aujourd’hui prendrait l’avion, l’homme a appris à voler ; mais il ne contrôle toujours pas la mort – sauf l’Undertaker.

 

J’en fais trop ? Bien sûr. Mais nous parlons de catch ici ! Et si ce personnage de croquemitaine aux pouvoirs pas vraiment définis, mais diablement efficaces fonctionne aussi bien, c’est que dans un ring tous les excès sont permis, tous les excès sont attendus et nécessaires. Le catch c’est l’art du trop ; les catcheurs sont trop musclés, les coups trop violents, les rebondissements trop improbables. Et ce grand type en manteau noir avec ses éclairs et ses coups de gong est trop cliché, trop démesuré, trop haut pour qu’on y suspende notre incrédulité. C’est exactement pour cela que nous adorons tant le faire malgré tout.

 

 

Ikea ou Conforama, trouvez la déco intérieure qui vous ressemble !

 

 

Redescendons un moment sur terre malgré tout. Il suffirait donc d’un joli costume et d’un personnage so cool pour cartonner ? Bien sûr que non. Il fallait un catcheur hors normes pour incarner une telle figure, et Calaway a su être celui-là. Sur son travail dans le ring aussi, le Taker est unique. C’est un vrai big man, largement au-dessus des deux mètres, et pourtant c’est un athlète rapide, agile, qui gambade sur la troisième corde ou saute entre les cordes comme un high flyer ou presque.

 

Ou au moins c’était, car il a vieilli c’est vrai. Au point… d’enchaîner des matchs de feu à Wrestlemania, des matchs of the year ou pas loin, là où on l’annonce à chaque fois vieux, usé, fatigué ; et ce n’est peut-être pas fini. Il a même su changer de registre, un temps, incarnant un biker bad ass pendant trois ans, avant que l’appel de l’outre-tombe ne résonne à nouveau. Quel tour de force ! Le Taker a la gimmick la plus géniale de tous les temps, et pourtant il ne se satisfait jamais de cette seule image figée, il a toujours été au top dans ses multiples combats. Il n’y a vraiment que sur les coupes de cheveux qu’on pourrait trouver à redire.

 

 

Et les fringues, parfois.

 

 

Et si tout ça ne suffisait déjà pas à le hisser sans peine au pinacle des grands parmi les grands, il y a l’énorme cerise sur le gâteau, son chef d’œuvre, son bâton de maréchal – la streak. Autant dire la perfection. Vingt et une victoires comme autant d’encoches sur la crosse de revolver de ce héros ultime. Qu’elle s’arrête ou augmente encore, cette série de victoires restera quoi qu’il arrive sans égale. Vingt et une victoires en autant de Wrestlemania disputés ! La grandeur prend ici deux visages. La victoire, d’abord, le triomphe même : la série a commencé d’elle-même, sans y penser, le Taker enchaînant les succès par la force de sa gimmick dévastatrice. Et puis le nombre de victoires a augmenté, on a commencé à y penser, à les compter…

 

Et c’est là qu’apparaît le deuxième visage de la grandeur de la streak : la durée. Le président Mitterrand, qui s’y connaissait en la matière (et qui a lui aussi pas mal côtoyé la mort, maintenant que j’y pense), pensait que la durée est une forme de grandeur. L’Undertaker s’est pleinement emparé de cette idée ; ses vingt et une victoires ne sont sans doute pas toutes inoubliables, mais elles existent, elles sont là et se sont enchaînées au fur et à mesure que le Taker se maintenait année après année au sommet, adoré par le public, respecté par tous. L’Undertaker n’aurait pu exister que dans le catch, il a réussi à incarner ce dernier comme personne et à transcender son art. Le plus grand, et pour toujours.

 

 

Et pour finir : strip tease !


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