Summerslam : l’art du chaud et du froid

La lumière de l’été est plus rasante qu’un discours électoral.

Frédéric Dard

 

Rapha-hell le disait cette semaine : la chaleur est subitement montée d'un cran cette semaine à l'approche du PPV. Et comme vous le savez, si comme moi vous êtes adepte d'un érotisme raffiné, quand on applique de la glace sur un corps chaud, ben c'est drôlement bien, comme on dit (chez les blaireaux analphabètes). En revanche, sur un corps qui n'est pas à la température souhaitée, et bien ça énerve. Et en ce qui me concerne, je vous le dis, ça a senti fort le coïtus interruptus.

 

 

Poppers, anyone ?

 

 

Nalyse de Summerslam 2015

 

La lumière de l’été est plus rasante qu’un discours électoral.

Frédéric Dard

 

Rapha-hell le disait cette semaine : la chaleur est subitement montée d'un cran cette semaine à l'approche du PPV. Et comme vous le savez, si comme moi vous êtes adepte d'un érotisme raffiné, quand on applique de la glace sur un corps chaud, ben c'est drôlement bien, comme on dit (chez les blaireaux analphabètes). En revanche, sur un corps qui n'est pas à la température souhaitée, et bien ça énerve. Et en ce qui me concerne, je vous le dis, ça a senti fort le coïtus interruptus.

 

 

Poppers, anyone ?

 

 

Nalyse de Summerslam 2015

 

 

Prenons donc les choses dans l'ordre dans lequel elles se sont passées. Et c'est très bien, puisque cela va me permettre d'évacuer la présence de Jon Stewart, dont l'utilité a été… Oui bon il était là, joli coup de projo pour la WWE, maintenant qu'on le rende à sa retraite s'il vous plait. Les stars américano-américaines sont toujours un pari assez risqué pour la WWE, car elles représentent pour l'export un gain très marginal mais une perte de temps d'antenne plutôt concrète. Or si par exemple un Jimmy Fallon jouit d'une petite notoriété en Europe grâce à une gestion habile des réseaux sociaux et une diffusion sur le câble à j+1, il n'en va pas de même de Stewart, dont on ne connaît pas le personnage et dont à vrai dire on se fout un peu.

 

 

C'est bon mesdames et messieurs, je vais construire une tranchée pour faire fuir cet étranger.

 

 

Ah oui il y a eu Foley aussi.

 

Nous arrivons enfin sur le ring avec Sheamus contre Orton. Est-ce parce qu'on les a trop vus ? Parce que leur alchimie n'est plus, ou pas, évidente? Mais le match m'a paru terriblement long, très peu inventif, et à vrai dire assez creux. C'est typiquement le genre de match où on regrette qu'il n'y ait pas un peu plus d'enjeu, car depuis quelque temps Orton devient un peu paresseux. Sheamus, de son côté, a livré une partition de heel terriblement standard : fuite, mauvaise foi… Mais la victoire clean de l'Irlandais le replace enfin dans la course pour le titre mondial, et il était temps : comme trop souvent ces derniers temps, le porteur de la mallette est apparu beaucoup trop faible depuis l'obtention du précieux bagage, et même si le scalp d'Orton représente désormais plus une victoire de prestige qu'autre chose, c'est tout de même une victoire bienvenue.

 

 

Cette semaine, dans notre atelier bricolage :

le néon qui fait flipper.

 

 

On y reviendra évidemment plus tard, mais la fusion des titres majeurs a été une idée dont on commence à voir, à mon sens, qu'elle était mauvaise. Beaucoup en ont eu l'intuition dès le début, mais nous sommes ici dans les faits, avec des ténors de la fédération qui sont las de se battre pour peanuts, et des jeunes pousses pour certaines terriblement brillantes que l'on prive de possibiltiés de briller. Si vraiment, par exemple, Cesaro et Owens n'ont pas le niveau pour toucher le titre suprême (ce qui est à peu près aussi certain que mon adoration pour Cena), le WHC leur offrirait un lot de consolation tout à fait respectable, ou au moins constituerait, en étant un peu Jysk… bisounours, une motivation à l'entrainement et sur le ring.

 

Avec en plus un titre sans doute unifié un peu plus tard dans la soirée, qui peut penser qu'à l'heure actuelle Sheamus est booké comme un type qui peut prétendre à une ceinture qui pèse un poids pareil ? Car en unifiant les deux titres mondiaux, la WWE créait un béhémoth monstrueux réservé aux chouchous de la direction (pas à ceux du public, vous pensez bien) mais tout de même à des types ayant quelque palmarès ou notoriété. En étant très paranoïaque on pourrait même dire que Triple H a créé un titre dont personne ne serait digne pour s'assurer d'écraser les rivaux à venir (oui même moi je trouve que je vais trop loin).

 

Bref en tout cas Sheamus a gagné et c'est drôlement… Rien à carrer, en fait.

 

En revanche, et c'est là que je vois que je vieillis et que je comprends pourquoi une jeune infirmière vient m'apporter ma compote entre deux crachats de bile, j'aime bien New Day. Tout ça est tellement grotesque et exageré, avec un vieux relent sudiste, que ça arrive à me tirer un petit sourire.

 

 

Personne ne bouge ! Sinon Big E sort sa bite !

 

 

Et il faut dire que le match pour le titre Tag Team a plutôt tenu ses promesses. Si les Matadores ne sont clairement plus du tout dans le coup, et si New Day fait du New Day (quel gâchis de voir Kofi catcher avec le frein à main), les Prime Time Players continuent de faire le boulot avec une grande honnêteté et une vraie envie. Je reviens sur cette notion d'envie car, et c'était déjà le cas sur le premier match, je pense sincèrement que c'est ce qui manque le plus sur le ring en ce moment.

 

Et enfin, que dire des Lucha Dragons ? Alors oui ça botche un peu, mais bon sang quelle vitesse d'exécution, quelle agilité ! Dans une WWE qui ne fait vraiment pas la part belle aux voltigeurs ils constituent vraiment un petit bol d'air appréciable.

 

A noter la petite astuce de New Day, qui se sont retrouvés à deux sur le ring comme le réglement le permet pour tenter le tombé sur eux-mêmes. Original.

 

A vrai dire, un match pas exceptionnel, au bout du compte, mais qui fait office de rareté dans le roster actuel et a suffi à me procurer un plaisir que je ne trouve plus dans la WWE actuelle. Au moins on a eu quelques spots vraiment rythmés et agréables, une entrée de Titus en mode bulldozer, quelques moves bien stiff, donc sans être un modèle du genre ce match allait, clairement, dans le bon sens.

 

Dans ce contexte, trois équipes sur quatre méritant le Graal, la victoire de New Day est anecdotique, mais leur célébration a manifestement procuré tant de plaisir à un public de Brooklyn il est vrai chaud comme la braise que c'était un excellent choix.

 

En revanche, avec Rusev contre Ziggler, le niveau est retombé comme quand on tombe sur une photo d'Angela Merkel après avoir reluqué Emily Ratajkowsky. C'est d'ailleurs inexplicable, mais Ziggler n'était clairement pas dedans, et Rusev n'est pas un lutteur qui peut porter un match, surtout avec un tel écart de puissance. De plus, la nécessité manifeste de faire intervenir les deux compagnes des lutteurs pour exciter le chaland a surtout contribué à alourdir un match déjà trop long, et dont le double countout final ne fait les affaires de personne, et surtout pas d'une feud dispensable. Une histoire d'envie, encore.

 

 

Pour vous dire, voici sans doute le meilleur point de vue sur ce match.

Enfin, celui que les réals ont valorisé.

 

 

En revanche, de l'envie, il y en a eu pour le match suivant. Et Amell, interprète d'Arrow à la télévision, lui, en a montré. Il était heureux d'être là, et c'était perceptible. Mais le risque était grand de le voir sur le tablier pendant tout le match, laissant Neville faire le boulot. Or, il n'en fut rien : d'abord, il a pu placer quelques coups tout à fait sympathiques pour un amateur, mais il a surtout ensuite joué le face en péril en ne renaclant pas à prendre quelques patates bien senties, avant de terminer sur un suicide dive du plus bel effet, montrant que le bonhomme n'était là ni pour s'économiser ni pour faire de la figuration.

 

Alors, certes, le match n'apporte rien à personne. Mais il a eu plusieurs effets positifs : d'abord, un catcheur motivé fait toujours un meilleur boulot, premier point. Ensuite, Neville a encore montré une capacité à enflammer un match absolument remarquable, et je pense vraiment que si sa carrière de midcarder ne va pas plus haut, ce sera probablement parce qu'il n'a pas le physique de l'emploi. Néanmoins, les bad guys, eux, ont été clairement en dessous, Barrett se retenant manifestement pour ne pas risquer de casser Amell, et Stardust étant obligé de catcher en dessous du fait de sa heelitude mais aussi de la nécessité de permettre à Amell de briller un peu. Cela étant, avec un cahier des charges pareil, le match a été extrêmement satisfaisant, et la victoire de Neville a tout du feelgood moment.

 

 

Sur cette image, trois mecs se cassent le cul pour leur fédération. Et qu'en retireront-ils ?
Eh bien rien.

 

 

Vous me permettrez, amis lecteurs (car nous sommes tous frères), de passer sous silence la chose qui tint lieu de match entre Ryback, Show et Miz. Quand on a deux performers moisis et une vieille gloire décatie, et que tout le monde se demande ce qu'il fout là… Tout est là. Ah et Ryback est resté champion.

 

 

A cet instant précis, mon goût prononcé pour la vanne de mauvais goût a explosé. Saturation.

 

 

Difficile en revanche de juger le match suivant, Reigns/Ambrose contre les Wyatt. Personne n'a été particulièrement mauvais, au contraire, les temps forts ont été équitablement répartis et chacun y est allé de son petit spot. Le match a du coup, en n'ayant aucun génie, assuré le minimum syndical. En revanche, je pense que Reigns n'a pas fini de payer son push illégitime, tant il a été conspué par le public à chaque occasion. Le bonhomme n'est pas très bon, en quoi que ce soit, mais je crois surtout qu'à travers lui le public vise des décideurs qui se sont trop souvent torchés avec son opinion, notamment en voulant imposer des top guys malvenus en écartant superbement certains qui étaient réclamés à cor et à cris. Une victime expiatoire, mais dans la mesure où ce n'est pas volé…

 

 

Même l'arbitre s'y est mis.

 

 

La première grosse surprise de la soirée a été plutôt involontaire : le match entre Cena et Rollins, unifiant possiblement les deux titres les plus importants actuellement, a eu lieu au milieu du show. Comme ça. From out of nowhere. Mode sécrétion de bile enclenché, victoire de Cena annoncée. Or, déjà, Rollins a été tout simplement excellent, rappelant pourquoi la WWE l'a voulu à ce point et envoyé si haut. Car Rollins n'est pas Reigns, du tout. On parle d'un mec qui s'il n'est pas génial au micro peut faire des trucs éblouissants dans un ring, et honnêtement le match a été intéressant. La façon dont chacun s'est employé, inventivement, à casser le moveset de l'autre, a nourri un match original, intéressant, avec un Cena en dedans techniquement mais livrant vraiment, et c'est moi qui vous le dis, un match de qualité.

 

Et puis vint le final. L'arbitre est dehors en train de compter les moutons, arrive Jon Stewart. Quel est le fuck ? Il vend MAL son hésitation (ça ne s'improvise pas de jouer la comédie), et finit par sécher Cena. Rollins l'emporte donc clean, mais je n'ai pas vu sa célébration car je courais nu dans le jardin en braillant.

 

Cela dit, un match d'un tel enjeu qui se finit d'une manière aussi conne, surtout après les efforts des protagonistes, c'est triste à s'en enfiler un cactus dans le prépuce. Car on sait bien que Stewart ne reviendra sans doute pas justifier son geste. Restera donc une connerie isolée, incompréhensible, une nouvelle défaite pas clean pour Cena (mais j'attends toujours qu'on me cite sa dernière défaite purement clean), et un vaste gâchis, presque un manque de respect pour les ceintures et les combattants.

 

 

"Chacal sodomite survolant le match",

Crayon de couleur sur papier de Carambar, 2015

 

 

Or nous voilà, encore, avec une ceinture en moins. Quand on voit à quel point les scénaristes de la WWE peinent à donner du biscuit à un roster qui, il est vrai, gagne en qualité dernièrement, et à quel point ils manquent totalement d'idées pour impliquer notamment les favoris de l'IWC, est-ce vraiment une idée opportune? La réponse tombe un peu sous le sens, et si le vent tourne ainsi, il vaudrait mieux que la WWE embauche rapidement de vrais créatifs. Ou retire cette responsabilité à la fille du patron, la Caitlyn Jenner de la WWE. Ou les deux.

 

 

Host qui non seulement ne sert à rien mais est en plus contre-productif.

Synonyme: Castaldi.

 

 

Quant au match de Divas, ça va aller vite : nul. Et nul, en grande partie, une nouvelle fois, à cause des Bellas, qui ne doivent leur statut qu'à leur double casquette (qui a dit "pénétration"?) de stars de Total Divas ET de compagnes du bouquetin et du Cena. La pauvre Brie est perdue dans ses lamentables tentatives de récupérer un peu de pop de son mari en oubliant que le socle de cette pop est son talent dans le ring, et sa soeur ne vaut pas mieux… On a pu croire à un peu de mieux chez les deux jumelles, mais hélas… Du coup, elles parviennent, brillamment, à tuer toute possibilité d'amélioration et à annihiler tous les efforts pour sortir la Division Divas de l'ornière. Et dans ce contexte, la victoire de PCB est totalement anecdotique, tant Hornswoggle et Torito auraient pu gagner pour le même résultat (oui, je sais, ce ne sont pas des femmes mais des nains, m'emmerdez pas).

 

 

Comment ruiner la division des divas, le tout résumé en une image.
Pratique, le sens de la synthèse.

 

 

Ah, enfin, MON main event de la soirée, Owens contre Cesaro, autrement dit les deux que je considére comme les meilleurs lutteurs en activité à la WWE. Quel dommage, bordel, quel dommage de n'avoir pas fait lutter ces deux-là pour autre chose que du beurre. Enfin, du beurre… Car il était à peu près certain que celui qui triompherait ce soir serait appelé sous peu à un plus grand destin. Et les deux s'en sont donné à coeur joie. Si les deux ont livré de meilleurs matchs (contre Zayn et contre Balor, respectivement, par exemple), celui-ci était quand même dans le haut du haut du panier, tant les deux sont faits pour s'affronter : puissance, technique, agilité, selling, ils savent tout faire, mieux que les autres.

 

Dans ces conditions, il ne pouvait pas ne pas y avoir de frustration, mais je dois avouer que voir encore Cesaro s'incliner à deux pas du but fait de plus en plus craindre une carrière à la Ziggler, ou plutôt à la Rhodes, lui qui n'a jamais touché de titre majeur. Et ce serait dommage, surtout quand on voit les matchs que les deux ont livré ces derniers temps, tous plus brillants les uns que les autres, contre n'importe qui, et de quelle manière ils sentent le public et savent le faire réagir. Mais bon, sic transit gloria mundi, ce qui signifie grossièrement que les Indiens font caca le lait de pierre, ce qui ne veut rien dire, mais c'est ça aussi de rédiger bourré.

 

 

Whoever wins, we lose.

 

 

Enfin, le main-event, Lesnar contre Taker. PUTAIN QUELLE SURPRISE ! Sortir un vieux monsieur du formol, qui est devenu incapable de catcher, mais qui clairement a décidé de fossoyer sa propre légende, pour lui faire affronter une bête absolue, ça sentait quand même beaucoup le match de merde, eh bien ça en a aussi eu le goût…

 

Car le Taker, au bout de deux minutes, était totalement cuit, et Lesnar était donc contraint de survendre le moindre coup reçu pour faire croire à un vrai choc des titans… Et pendant tout le match, on a des images du film The Wrestler qui trottent dans la tête, du catcheur qui ne peut pas quitter la drogue que constitue le public… Navrant, c'est le premier point qui me vient, jusqu'à cette séquence pathétique de Lesnar ricanant et du Taker le singeant comme le premier Francis Huster venu…

 

Qu'on soit bien d'accord, j'adorais le Taker il y a quelques années, il reste le catcheur le plus complet que j'aie vu évoluer entre les cordes. Mais ce vieux débris n'était pas le Taker. Pour les registres, Lesnar a donc dimanche fait abandonner le Taker, puis le Taker, suite à un cafouillage arbitral, a pu à son tour surprendre Lesnar et le faire s'évanouir, pour la gloire. Je retiens néanmoins le magnifique doigt d'honneur pas du tout PG adressé par Lesnar au Taker. Il était écrit que le match n'aurait aucun sens et son résultat encore moins, et c'est exactement ce qu'il s'est passé…

 

 

On parie que t'abandonnes ? Je n'ai besoin que de ce doigt !

 

 

Summerslam 2015 aura donc été, au bout du compte, un show moyen. Chaud + froid, pour le coup, est égal à tiède, et c'est bien ce mot qui résume tout. On a eu du bon, du moins bon, du médiocre, du pathétique, hélas pas vraiment de sublime, et le sentiment mitigé d'un show pas désagréable à suivre, mais qui aurait pu être infiniment meilleur, tant dans ce qu'il a montré que dans ce qu'il implique pour la suite. Une ceinture en moins, des feuds mal construites, une hierarchie mal réévaluée et une légende qui trouve le moyen de s'enterrer en s'enfonçant en plus le manche de sa propre pelle, on a connu bilan plus glorieux…

 

 

Pour partir en forme au boulot, mangez un enfant !


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