CDC Award 2015 : Meilleure catcheuse

Les filles, on monte le son.

Helmut Fritz, Les filles

 

A la fin d’une année bien remplie, il est normal dans le milieu du catch de récompenser les meilleures équipes, les petits nouveaux, ceux qui ont progressé, les plus jolis matchs… Il n’empêche que, comme aux Victoires de la Musique, toutes ces attributions ne valent pas les deux catégories ultimes, celles qui consacrent la réussite individuelle de la meilleure catcheuse et du meilleur catcheur. Et comme aux CdC, nous sommes connus pour notre galanterie, ce sera les femmes d’abord.

 

 

Vous les femmes, vous le charme…

 

 

CDC Awards 2015 : Meilleure catcheuse

 

Les filles, on monte le son.

Helmut Fritz, Les filles

 

A la fin d’une année bien remplie, il est normal dans le milieu du catch de récompenser les meilleures équipes, les petits nouveaux, ceux qui ont progressé, les plus jolis matchs… Il n’empêche que, comme aux Victoires de la Musique, toutes ces attributions ne valent pas les deux catégories ultimes, celles qui consacrent la réussite individuelle de la meilleure catcheuse et du meilleur catcheur. Et comme aux CdC, nous sommes connus pour notre galanterie, ce sera les femmes d’abord.

 

 

Vous les femmes, vous le charme…

 

 

CDC Awards 2015 : Meilleure catcheuse

 

Avant d’évacuer le suspense, replongeons-nous quelques secondes dans l’historique de cet Award. Il n’est rien de dire qu’il fut longtemps le parent pauvre de la série, triste constat lié au déplorable niveau du catch féminin à la WWE jusqu’au milieu des années 2010. A l’époque, il s’agissait surtout de couronner la moins mauvaise des Divas… Puis, a surgi une petite fée d’origine portoricaine dont nous reparlerons dans ce classement. A la grâce d’une saison d’NXT consacrée aux femmes, le monde a découvert AJ Lee. Incontestablement la meilleure catcheuse de 2012 et 2013, elle rate de très peu la passe de trois en 2014, au profit de Paige, rookie à peine majeure arrivée avec dans ses bagages la réputation de meilleure catcheuse du monde. Et pourtant, 2014 est une année de grande déception. Après un exercice 2013 séduisant où AJ et Kaitlyn ont délivré de belles performances, les filles n’arrivent pas à élever le niveau. Même si leur rivalité occupe quasiment toute l’année, miss Lee et Paige ratent leurs affrontements et peinent à susciter notre intérêt. Au point où l’on se demandait si la place des femmes à la WWE changerait vraiment un jour…

 

 

Un jour, peut-être.

 

 

Mais pas aujourd’hui.

 

 

Top 3 des années précédentes :

 

2014

1. Paige, 57 points sur 65 possibles

2. AJ Lee, 55 points

3. Nikki Bella, 29 points

 

2013

1. AJ Lee, 59 points sur 60 possibles

2. Kaitlyn, 46 points

3. Natalya, 28 points

 

2012

1. AJ Lee, 58 points sur 75 possibles

2. Eve, 56 points

3. Beth Phoenix, 34 points

 

2011

1. Beth Phoenix, 29 points sur 30 possibles

2. ex Natalya et Kharma, 12 points

 

2010

1. Michelle McCool, 21 points sur 25 possibles

2. Natalya, 17 points

3. Layla, 16 points

 

 2009

1. Michelle McCool, 30 points sur 35 possibles

2. Melina, 17 points

3. Mickie James, 14 points

 

 

La division féminine comptait en 2015 quinze catcheuses en activité, en excluant les personnalités féminines non lutteuses telles que Eden ou Lana. Voici le classement délivré par les éminents membres de la rédaction des CdC :

 

Non nommées : Tamina, Naomi, Alicia Fox, Brie Bella, Summer Rae, Rosa Mendes, Cameron, Natalya, Layla.

 

Une belle flopée d’oubliées cette année où neuf Divas font fanny, mais est-ce surprenant ? Un fossé s’est creusé en 2015 entre les vraies catcheuses qui compteront pour l’avenir et les reliquats de l’ancien temps voués à disparaitre. Les nullissimes Cameron (notre Ceinture de Plomb 2014) et Rosa Mendes font partie de cette catégorie. Alicia Fox et Summer Rae ont déjà montré au cours de leur carrière de bons moments, la dernière étant à mon sens celle qui se sortit le mieux du douloureux ZigglerGate estival. Nous retrouvons tout de même quatre Divas relativement en vue durant l’année : les deux figures de la team BAD que sont Tamina et Naomi n’ont pas marqué les esprits malgré le heel turn inattendu de la leader qui a ainsi bénéficié de plusieurs title shots au printemps. La fille de Snuka, elle, semble désormais dépassée par la nouvelle génération malgré sa performance correcte au Tokyo Dome. Natalya fait figure de vétéran à la WWE et ses horribles tenues mi-cuir mi rose ne l’aident pas à sortir du lot. Enfin, un score nul mérité pour Brie Bella qui aura encore une fois plombé de nombreux combats en remplaçant illégalement sa jumelle, malgré leurs désormais flagrantes différences physiques. Bien fait pour elle.

 

 

Mon Dieu, les filles, vous avez zéro point !

– On peut pas faire un Twin Magic, Nikki ? Que je me retrouve sur le podium.

– Ne dis pas de bêtises, tu sais très bien que ça ne marche que dans un sens.

 

 

6. AJ Lee, 8 points sur 45 possibles

 

Instant nostalgie, remerciements pour services rendus, dernière chance de rendre hommage à une légende, cinq d’entre nous n’ont pas hésité à citer la double lauréate, notre ami Axl la plaçant même sur son podium. AJ Lee a à peine catché en 2015 : elle fait son retour en février en volant au secours d’une Paige malmenée par les sœurs Bella avant de faire équipe avec l’Anglaise à WrestleMania et de triompher des jumelles. Ensuite, c’est la retraite, pressentie, méritée, mais tellement trop tôt. Je n’écrirai jamais assez à quel point la Black Widow fut un personnage féminin incroyablement riche et charismatique. De ses débuts un peu grotesques en tant que « représentante des blaireaux » à son statut de championne incontestée, la petite Crazy Chick a prouvé qu’elle savait tout faire.

 

 

Et encore, vous m’avez pas vue contre cette nullasse de Ronda Rousey.

 

 

Timide amoureuse de Daniel Bryan, autoritaire GM de Raw, sautillante tourmenteuse des cœurs de CM Punk, Cena, Ziggler et tant d’autres, spectaculaire rivale de son amie Kaitlyn, AJ était plus qu’une catcheuse, elle était un personnage total. Hyper à l’aise au micro, pas avare en piques bien senties, elle était telle la Zazie de Queneau, l’enfant insolente qui tenait tous les hommes en respect. J'en suis persuadé, sans son travail, nous serions encore en train de supporter des ersatz de Kelly Kelly ou de Rosa Mendes, et Bayley et Becky Lynch croupiraient en amateur. En créant son personnage de femme-enfant taquine et caractérielle, capable de catcher au haut niveau et de manager les hommes, AJ a donné envie de voir les filles dans un nouveau rôle. C’est en tout cas depuis son arrivée que j’ai commencé à ne plus zapper les segments féminins. Merci !

 

 

En plus, elle a inspiré le personnage de Bo Dallas.

 

 

5. Becky Lynch, 14 points

 

Débarquée dans le show principal comme deux de ses copines le 13 juillet dernier, Becky Lynch s’est installée sans problème dans la division féminine. Sans problème, mais sans grand fait d’armes non plus. Confinée au rôle de la bonne copine, elle est éclipsée par la mise en valeur de Charlotte et la rébellion de Paige. Malgré un accent totalement anti-glamour, l’Irlandaise a pour elle un personnage manga attachant et dynamique qui remporte l’adhésion du public. Niveau performances in ring, son passage à NXT a prouvé qu’elle savait y faire. Nul doute qu’elle explosera en 2016 — et ce ne sont pas Krix, son amoureux transi, ni Big Botch Man et Seifer, qui estiment qu’elle mérite plus le titre que Charlotte, qui me contrediront.

 

 

Hé, Brie, j’ai une blague ! Tu sais pourquoi la petite fille, elle tombe de la balançoire ? Parce qu’elle a pas d’bras ! Haha, elle est bien hein ?

 

 

4. Sasha Banks, 16 points

 

Sasha Banks a brillé en 2015, alignant les matchs légendaires contre des rivales tout aussi talentueuses et prouvé qu’elle était peut-être le meilleur élément féminin de l’histoire du catch. Mais cela se passa à NXT. La Boss arrive à Raw en étant encore championne de la division jaune, situation un peu bancale qui prend fin lorsqu’elle cède son titre à Bayley. Mais elle n’est pas plus exposée dans le main roster pour autant : planquée dans une team BAD sans queue ni tête, la jeune femme de Boston attend son heure. C’est clairement celle des trois rookies qu’on a le moins vue en action, bien derrière Becky Lynch. Pourtant, le public la réclame, la « Sashamania » gronde progressivement. Et si, en la préservant, c’était exactement le but des bookeurs ? Il y a fort à parier que même le plus machiste des scénaristes a conscience de l’or que la WWE a entre les mains avec Sasha. Au lieu de la griller trop vite, elle monte petit à petit en puissance et n’a même pas besoin de parler pour s’exprimer. Ajoutons à cela son talent incroyable pour commencer les matchs acclamée et les finir huée : Banks a la heelerie dans la peau. Vivement le triomphe pour celle qui fêtera ses vingt-quatre ans dans quelques jours.

 

 

Just a still town girl on a saturday night, lookin' for the fight of her life…

 

 

3. Nikki Bella, 25 points

 

Pulpeux symbole de la femme-objet hypersexualisée de la fin des années 2000 à Stamford, star de Total Divas, Nikki a cristallisé la haine des puristes en battant le record du plus long règne de championne anciennement détenu par AJ. Certains des rédacteurs l’ont mise dans le classement uniquement par respect du kayfabe tout en la vouant aux gémonies. D’autres reconnaissent que derrière la bombasse péteuse se cache un vrai talent, bien différent des techniciennes émergentes, mais à ne pas dénigrer. Contrairement à sa soeur, elle sait jouer à fond avec délectation le rôle de la poufiasse prétentieuse et imbuvable. Le pire moment de l’année est d’ailleurs la période post-WrestleMania où Naomi accomplit son heel turn et où les bookeurs essayent de nous faire aimer les jumelles. Entre les cordes, madame Cena se débrouille et évite les purges grâce à son style physique et agressif. Moulée dans ses petits shorts, la Reine inspire autant de haine que de désir. Il fallait peut-être une telle caricature des Divas pour inspirer en réaction le retour des Catcheuses.

 

 

Ok, Nikki, bravo pour ton règne. M'enfin le silicone, le caractère de peste, la surexposition par népotisme, n'oublie jamais qui te l'a inspiré !

 

 

2. Charlotte, 32 points

 

Lorsque le 13 juillet dernier, Stephanie annonce officiellement la Divas revolution, personne ne sait à qui cette nouveauté profitera en premier. Charlotte rejoint alors l’équipe des gentilles, la team PCB qui remporte la plupart des affrontements. Jusqu’au jour où il faut désigner un challenger au titre de Nikki. La fille Flair emporte la mise suite à un « Beat the clock challenge » et malgré les coups de vice des Bella, elle met la main sur le titre à Night of Champions. Mais ce couronnement, censé marquer la consécration de la Révolution, ne laisse pas un goût amer qu’à Paige. Celle qui se dit génétiquement supérieure n’a ni surnagé ni convaincu. Plusieurs de nos rédacteurs ne l’apprécient pas, et ce cher Axl la hait férocement. Il est vrai que rien ne légitime sa mise en valeur par rapport à ses copines, sur ce qui fut vu en 2015. Charlotte semble simplement être la personne toute trouvée car elle déroute moins le public habituel du fait de sa parenté avec une légende. Ainsi, au lieu d’une révolution, c’est une transition plus en douceur qui s’opère.

 

 

J'ai mon rhumatisme qui devient gênant…

– Haha, il est rigolo ton papy Charlotte, il connait tout Michel Delpech ?

– Hein ? Ha non, du tout.

 

 

Son ascendance n’était pas valorisée dans le show jaune, mais elle est clairement présentée comme l’héritière de Ric Flair à Raw, copiant les mimiques et les démarques de son père. Alors que tout le monde la conjure de trouver son style au lieu de copier le gâteux, c’est finalement en assumant ses prédispositions pour la triche et l’embrouille qu’elle se trouve le plus à l’aise en fin d’année. Malgré les critiques, Charlotte est une grande athlète, qui n’est pas là par hasard et qui mérite sa place, en dépit de ses difficultés de comédienne.

 

 

1. Paige, 40 points sur 45 possibles

 

Et de deux ! Après Michelle McCool et AJ Lee, la brillante Anglaise remporte le CDC Awards deux fois d’affilée. La consécration ne semblait pas couler de source, mais elle est finalement méritée et logique. Eternelle challenger au titre féminin qu'elle n'aura pas réussi à toucher, victime et dernier rempart contre le despotisme des sœurs Bellas, elle fut celle qui réclama la révolution. Pourtant, dans un sens, elle y avait le plus à perdre : alors qu’elle passe les six premiers mois de l’année à être l’adversaire naturelle de la championne, elle se retrouve soudainement dépassée par les recrues en provenance de NXT, plus fraiches et auréolées du succès de la division jaune. Miss Hell in Boots a bien compris que les choses avaient changé, et elle a élevé son niveau d’un sacré cran pour rester le meilleur élément du roster des filles. Très bonne entre les cordes où elle a rendu son catch plus percutant et spectaculaire, elle éclabousse par son aura et son naturel.

 

 

En plus, malgré les tentations du milieu, elle est restée drug-free. Enfin, à peu près.

 

 

Paige semble née pour faire du trashtalk, bousculer les codes et jouer avec le public. Ses pipe-bombs à l’encontre de son ancienne amie Charlotte et de la prétendue division sonnent tellement juste que son heel turn est fini avant même d’avoir commencé, et elle est rapidement soutenue contre la championne. Elevée dans le business, la toute jeune femme en connait tous les codes et s’est désormais pleinement adaptée aux attentes de Stamford. Je ne suis pas neutre, celle qui s’appelle Saraya-Jade dans le civil m’a conquis depuis le début. Mais force est de constater qu’en 2015, la belle a magnifiquement fait le job. Gageons que Paige gardera le haut niveau en 2016 et touchera de nouveau à la ceinture des Divas, qu’elle aura l’intelligence de transformer en ceinture féminine en nous débarrassant de l’ignoble papillon.

 

 

Si vous voulez que je vous la présente, on l’appelle Révolution permanente.

 

 

J’ai relu l’attribution de cet Award féminin en 2014, qu’avait rédigé mon camarade coy, et il est frappant de lire à quel point le précédent exercice nous avait laissé un goût amer. Paige et AJ avaient surnagé mais leur rivalité attendue et espérée comme le sommet du catch féminin n’avait jamais réussi à nous emballer, et la lamentable fin scénaristique de la guerre entre les jumelles Bella avait achevé de ridiculiser la division.

 

Cette année encore, la Divas Révolution et les performances des filles de NXT nous laissaient présager tellement de bonnes choses que nous gardons une pointe de déception. Mais la promesse d'une révolution était vouée à l'échec : après dix ans de purge, la division féminine n’aurait pas pu devenir extraordinaire du jour au lendemain. Certes, nous attendons mieux des forces en présence, mais reconnaissons que plus rien n’est désormais comme avant : les segments féminins ne sont plus systématiquement à zapper, le charisme de Paige fascine lorsqu’elle tient un micro, les combats sont de bonne facture et relèguent Ryback au rôle de la pause-pipi, et plus personne ne se roule de pelles en plein match.

 

 

Tu crois qu'on aurait dû ?

 

 

Avec désormais un roster riche de si talentueuses jeunes femmes, nul doute que 2016 sera une belle année. Si  Sasha Banks est rétablie pour WrestleMania, nul doute qu'elle y vivra un triomphe. J'espère une rivalité entre elle et Paige, avec une bonne place pour Becky. Verra-t-on Bayley se mêler à la bataille ? Des surprises nous attendent encore certainement !

 

 

Et on dit merci qui ?


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