TNA: à Lyon en roue libre

Opportunité. Occasion favorable pour saisir une déception.

Ambrose Pierce, Le Dictionnaire du Diable

 

Pour votre serviteur, un house show est par définition décevant. Les prises de risque y sont (à juste titre) réduites, les approximations plus apparentes, le décorum réduit à sa portion congrue, et le public s'y fout du kayfabe comme Alberto del Rio de sa première berline. Sauf que d'habitude, je sais faire abstraction de ces contingences.

 

 

Alors Mickie, paraît que tu cherches une hardcore country?

 

 

Review du house show de la TNA à Lyon le 21 janvier

 

Opportunité. Occasion favorable pour saisir une déception.

Ambrose Pierce, Le Dictionnaire du Diable

 

Pour votre serviteur, un house show est par définition décevant. Les prises de risque y sont (à juste titre) réduites, les approximations plus apparentes, le décorum réduit à sa portion congrue, et le public s'y fout du kayfabe comme Alberto del Rio de sa première berline. Sauf que d'habitude, je sais faire abstraction de ces contingences.

 

 

Alors Mickie, paraît que tu cherches une hardcore country?

 

 

Review du house show de la TNA à Lyon le 21 janvier

 

 

D'habitude, car dans le cas de ce house show TNA, mon premier, je n'avais qu'une chose en tête: l'an passé, à Paris, le main event était un Triple Threat entre Samoa Joe, Christopher Daniels et AJ Styles, alors que cette année à Lyon, nous avons eu droit à un Rob Van Dam vs. Jeff Hardy vs. Mister Anderson. D'un côté trois TNA Originals, de l'autre trois transfuges de l'empire MacMahon. Dur. Très dur même, car l'ensemble de la carte était à cette image. La faute à pas de chance bien sûr (Alex Shelley et AJ Styles blessés, Desmond Wolfe toujours perdu dans la Twilitght Zone), mais aussi et surtout à la politique de développement très discutable menée par Hogan et Bischoff depuis leur accession au pouvoir. Du coup, pas de Samoa Joe, pas de Team 3D, pas d'Abyss, pas d'Amazing Red, pas de Jay Lethal, pas d'Hernandez, pas d'Eric Young. Les partisans de la WWE, en revanche, avaient de quoi se bidonner, vu le nombre de participants exhalant plus ou moins fortement l'odeur de la fédération de Stamford : Matt Morgan, D'Angelo Dinero, Mickie James, Jeff Jarrett, Kurt Angle, Matt Hardy, Ric Flair, Shannon Moore et les trois main eventers cités un peu plus haut.

 

 

Et n’oubliez pas d’acheter le visionnage du Royal Rumble, c’est le dimanche 30 janv… oups! Woooo!

 

 

Bref j'étais très mal disposé… jusqu'à ce que Jeremy Borash entre en scène. Jeremy Borash qui, de ses airs d'animateur de talk show nocturne (c'est un compliment), m'a fait oublier que j'ai rejoint ma place au prophétique son de Kids de MGMT. Jeremy Borash qui de sa classe américaine, a totalement éclipsé la chevelure peroxydée et la voix de vendeur de saucisses de Célian Varini, commentateur de TNA iMPACT! sur Ma Chaîne Sport et traducteur d'un soir. Jeremy Borash qui n'a toutefois pas réussi, malgré les louables efforts de son acolyte francophone et en dépit de sa maitrise de la cheap pop (comparaison avec Paris, distribution de goodies…), à combler le vide environnant. Capable de contenir jusqu'à 17 000 spectateurs dans sa configuration la plus spacieuse et moitié moins en mode catch, la Halle Tony Garnier en aurait accueilli seulement 3 000, d'après l'estimation d'un lecteur du site PWTorch. Jamais en reste question mauvaise foi, je serais tenté de retirer un bon millier à ce chiffre, pour la simple et bonne raison que j'étais seul à ma rangée, en ringside. Disons donc 2 000 dont 20 smarts à tout casser. D'où une ambiance un rien mortifère et parfois surréaliste.

 

 

2000 selon la police, 200 000 selon les organisateurs.

 

 

TNA X Division Championship : Chris Sabin vs. Kazarian

Le moins que l'on puisse reconnaître à la TNA, c'est qu'elle sait soigner ses openers. Ceci grâce à la X Division qui, à l'instar de la division Tag Team et même au bord de l'extinction, laisse rarement en plan les amateurs de voltige et de vitesse. Y compris ceux qui pensent qu'un jumping cutter est forcément un RKO, nombreux autour de moi. Suicide dive, springboard clothesline, running arched big boot… Porté par une belle pop, Sabin a déroulé le B.A.-BA des Motor City Machineguns et confirmé mon envie de le revoir prochainement en solo. Le tout sans deuxième corde, celle-ci ayant lâché avant même le coup d'envoi du combat (rires jaunes). Kazarian de son côté, a beau être une des figures les plus respectables de la soirée, sa vue m'a avant tout fait comprendre que la TNA avait eu raison de lui photoshoper les hanches à son retour. Ses cuisseaux Label Rouge ne l'auront cependant pas empêché de livrer un solide match et de repartir en vainqueur. Sans surprise, car vous n'êtes pas sans savoir qu'à moins d'un ratage, d'une faveur ou d'un changement de plan intempestif, un titre ne change pas de propriétaire en house show.

 

 

TNA Knockouts Tag Team Match : Madison Rayne & Tara vs. Angelina Love & Mickie James

« Mickie James c'était une vraie catcheuse avant, elle était à la WWE ». La vérité sort de la bouche des enfants, c'est indéniable. Bon, je triche un peu, cette phrase a été prononcée avant que la délicieuse Mickie ne mette une fessée à la craquante Madison Rayne et que Earl Hebner n'embrasse goulument cette dernière. Ces deux séquences suffisent en tout cas à dire la purge qu'a représenté cette rencontre, son unique vertu résidant dans la bonne humeur de ses protagonistes, bien mises en joie par le double trébuchement dont s'est fendue Mickie à l'heure de saluer ses fans (foutue deuxième corde). A part ça, Hebner a odieusement été épargné par les traditionnels « You screwed Bret » chants et a assisté à un low blow sans broncher, les seins de Tara et surtout d'Angelina Love (sosie blond d'Axelle Red et de la prof d'arts plastiques lesbienne de Desperate Housewives) font carrément flipper en vrai et Tara et Rayne se sont fait un smack en entrant sur le ring. Trop bien.

 

 

J’vais t’montrer ce qu’est un vrai screwjob, petite.

 

 

D'Angelo Dinero vs. Matt Morgan

Première nouvelle, Dinero, est considéré comme un poids lourd. C'est à mon sens aussi con que quand Rey Mysterio est désigné en tant que former World Heavyweight Champion. A partir du moment où les autres catégories ne sont jamais évoquées, qu'il s'agisse des lightweight, des welterweight ou des cruserweight, pourquoi ne supprime-t-on pas cette mention pour se contenter de l'appellation World Championship ? Vous trouvez que ça perd en prestige vous ? OK, OK, ce n'est pas le sujet. Mais quand on se retrouve à devoir raconter un squash, il faut bien meubler un peu: travaillé à la jambe quelque chose comme trois minutes, Morgan a gagné sur une discus clothesline. Non, il n'a rien fait d'autre, mais à sa décharge, le Blueprint avait une tronche à avoir pris un mauvais coup. Par contre, pas étonnant que son ADN ait été envoyé dans l'espace, son corps est juste incroyable.

 

 

Les Martiens vont croire qu’on est tous comme ça et oseront pas nous attaquer, du coup.

 

 

TNA Tag Team Championship: British Invasion vs. Beer Money /w Ric Flair

Apparemment, certaines informations ont du mal à traverser l'Atlantique. Genre qui est heel et qui est face en ce moment. Conscients de ce décalage, Douglas Williams et Magnus avaient ressorti les pantalons ornés du drapeau britannique et l'attitude cocky, Robert Roode, James Storm et Ric Flair récoltant de leur côté une des plus grosses pop de la soirée. Vu le silence de lendemain de bombardement que s'est tapé Dinero avant qu'il ne fasse mine de refiler ses lunettes à un excité du premier rang, on a eu chaud. Séquence émotion : Ric Flair prend le micro, dit bonsoir et balance son fameux « wooooo ». Plus qu'à entendre Iron Sheik lâcher un bon vieux « fack ! » et je pourrai mourir heureux. Au-delà de ça, les quatre bonshommes ont livré la baston la plus excitante de la soirée, bien bookée (tricheries, finish à la bière, classique mais efficace), riche en moves en binôme et propulsée par un Robert Roode en très grande forme. Un regret quand même : que Williams n'ait pas eu l'occasion de montrer l'étendue de son talent, ni Magnus celle de sa progression depuis ses débuts moisis en gladiateur contemporain.

 

 

Jour de gloire pour votre serviteur, saisi par le photographe de la TNA au moment de faire des oreilles d’âne à James Storm!

 

 

Matt Hardy & Jeff Jarrett vs. Matt Haskins & Shanoon Moore with Kurt Angle as special guest referee

Vous avez bien lu. Kurt Angle, bien que présenté comme « le meilleur catcheur du monde », n'était que guest referee. Et il n'a même pas pris la peine d'enfiler une chemise réglementaire. Ça va qu'il était radieux et qu'il a, pour la bonne bouche, porté un Ankle Lock à Jarrett avant de partir à sa poursuite en coulisses. Cette déconvenue écartée, méritent d'être salués l'excellente condition physique et la constance des qualités d'acteur du fondateur de la TNA (à 43 ans, il met la misère à pas mal de petits jeunes), la vitalité et la bonne volonté de l'Anglais Matt Haskins (l'inconnu de l'étape, solide high flyer dont personne n'a rien eu à cirer) et… c'est tout. Moore, malgré un sommersault salutaire, est toujours aussi limité et orgueilleux (la marque de la clique Hardy). Quant à Matt la brioche, son apparition a évidemment déclenché des torrents d'acclamations, au point que notre médaillé olympique préféré s'est fait insulter quand il a eu le malheur de s'en prendre à JJ. Et ce n'est pas parce qu'il est le seul catcheur a donner l'impression, depuis son iiiiiiiiincroyable métamorphose, d'abuser à la fois des burgers (putain, ce bide) et des stéroïdes (putain, ces bras). Ni parce qu'il fuck da system tu vois : on le cheer alors sa gimmick de vilain, il la fout au placard direct. Juste parce que c'est un Hardy. Match correct malgré tout.

 

 

Evidemment, aucun spectacle ne peut se tenir à Lyon sans la participation de Guignol.

 

 

TNA World Heavyweight Championship : Jeff Hardy vs. Rob Van Dam vs. Mister Anderson

Avant la curée, une anecdote : Celian Valini, sous le coup de l'émotion, a passé la moitié de la soirée à ne pas annoncer RVD. Mais il était bien là, le temps de balancer ses figures imposées (Five star frog splash, Rolling thunder…) et de gueuler son nom façon Leeroy Jenkins. Comme d'hab quoi, il a fait le boulot et s'est bien gardé d'y ajouter un supplément de passion. Faut dire qu'il a été sacrément occupé avec le père Jeff, vu qu'il a passé tout le main event à lui souffler quoi faire. Sans déconner, il y avait de quoi remplir un Botchamania spécial « Everybody talks too much ». D'où cette question qui, je le sens d'ici, vous brûle les lèvres: Jeff était-il complètement cramé? Cramé, je ne sais pas (il est bien arrivé trempé, comme s'il avait dû se rafraichir les idées à la dernière minute, et n'a balancé aucun de ses signature moves…), mais paumé, ça oui. Aussi vais-je le dire sans détour, à la Sean Morley, ce mec est la honte de la profession. Un irresponsable doublé d'un ingrat qui n'a jamais su faire autre chose que tomber d'une échelle et se tartiner la tronche de blanc de clown. La pop de malade qu'il a ramassée, y compris quand, au contraire de son frangin, il essayait de rester sur les rails du kayfabe à coups de « shut up », était à s'auto-flageller à coups de chaise. De fait, seuls trois-quatre pelos ont repris en chœur la catchphrase d'Anderson, qui pourra au moins se vanter d'avoir brisé le cœur de pas mal de mioches et de minettes. Et sur le plan technique ? Ben c'était un Triple Threat à deux et demi, alors c'était sympa mais largement perfectible.

 

 

Tiens, la section « fans de catch » de l’Olympique Lyonnais, les asshOLes, a fait le déplacement.

 

 

 

Perfectible, c'est d'ailleurs ainsi que je qualifierais l'ensemble de ce house show aussi divertissant que peu inspiré. Lever le pied de la pédale « service minimum », accorder plus d'attention aux menus détails, cesser de vouloir à tout prix braconner sur les terres de la WWE, il suffisait de pas grand chose pour estomper plus nettement ce sentiment de plus en plus partagé par les fans que la TNA s'enfonce depuis un an dans les sables mouvants de la médiocrité. Ceci dit, j'ai beau être véhément et pester semaine après semaine contre ce que diffuse Spike TV, j'ai passé un très bon moment, ai redécouvert le goût des madeleines de Proust (Flair, Double J, Angle… mine de rien, on a eu droit à du beau monde) et continuerai sans faillir à suivre les émissions made in Florida de la bande à Dixie.

 

 

Jeff… te retourne pas.


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