Attitude raises hell in kidz era

Le chaos est souvent source de vie alors que l'ordre génère des habitudes.

Henry Brooks Adams

 

Il n'aura échappé à personne que lors de la route du dernier Wrestlemania, l'attitude era a fait plus qu'une incursion dans la WWE actuelle. Ce qui a provoqué de nombreux bouleversements, et tout autant de réactions dans le spectre le plus large, depuis la frustration massive jusqu'à la passion la plus totale. Après une rapide description du phénomène, j'analyserai le pourquoi avant de proposer les possibles conséquences.

 

 

– Allez, accepte mon aide, je viens juste aider quelques semaines…

– Pourquoi est-ce-que j'ai l'impression que je vais me faire avoir?

 

 

Proposition de lecture des grands axes de booking actuels

 

Le chaos est souvent source de vie alors que l'ordre génère des habitudes.

Henry Brooks Adams

 

Il n'aura échappé à personne que lors de la route du dernier Wrestlemania, l'attitude era a fait plus qu'une incursion dans la WWE actuelle. Ce qui a provoqué de nombreux bouleversements, et tout autant de réactions dans le spectre le plus large, depuis la frustration massive jusqu'à la passion la plus totale. Après une rapide description du phénomène, j'analyserai le pourquoi avant de proposer les possibles conséquences.

 

 

– Allez, accepte mon aide, je viens juste aider quelques semaines…

– Pourquoi est-ce-que j'ai l'impression que je vais me faire avoir?

 

 

Proposition de lecture des grands axes de booking actuels

 

 

Je vais commencer par un récapitulatif rapide de la situation. Il est évident que la WWE a toujours mis en valeur ses anciens (le hall of fame en est la preuve la plus flagrante), comprenant à la fois combien cela permet de valoriser son passé, tout autant que d'assurer un spectacle empreint de nostalgie au présent et de généreuses subsides pour l'avenir. Or les années 2009-2010 ont été difficiles pour la fédération de Vince McMahon, avec le départ de nombreuses légendes: en vrac on a vu disparaitre de façon nette ou temporaire Batista, HBK, l'Undertaker, Triple H, Jericho, Edge et dans une moindre mesure Jeff Hardy. Ces sept noms représentent 38 titres majeurs lors de la dernière décennie, ce qui campe un peu le poids qu'ils ont dans le main event.

 

 

Vu comme ça, ça fait peur…

 

 

Évidemment, la WWE n'est pas restée les bras croisée et sa gestion intelligente fait qu'elle a misée sur plusieurs trentenaires à succès. Randy Orton (31 ans) et John Cena (bientôt 34 ans) représentent un peu les locomotives de la WWE avec seize titres à eux deux lors des sept dernières années, mais d'autres sont prêts comme Punk (trois titres, 32 ans) ou quasiment prêts comme Sheamus (deux titres, 33 ans), Swagger (un titre, 28 ans), Ziggler (un titre, 30 ans) ou Miz (un titre, 30 ans). D'autres enfin comme Morrison, Kingston, Del Rio ou Barrett (avec plus d'incertitudes Sin Cara et Bryan) représentent un évident potentiel à court terme, mais doivent encore franchir le fameux "plafond de verre" qu'est la conquête d'un titre majeur (même avec un règne aussi court que pour Dolph).

 

 

Allégorie: se heurter au plafond de verre (au bout de plusieurs fois, ça fait mal au sommet du crane).

 

 

Car toucher un des titres mondiaux a une réelle signification pour la WWE. VKM ne donne aucun titre majeur à un de ses catcheurs sans y avoir profondément réfléchi avant. Porter une telle ceinture représente à la fois un adoubement de la part du président de la WWE, mais aussi de la majorité des membres très influents de la WWE dont les premiers noms à venir sont Triple H et l'Undertaker, mais aussi Stephanie McMahon très écoutée par son père, ainsi que John Laurinaitis, le second de la WWE actuelle (et dans une vraiment moindre mesure, Cena et Orton). Si tous ne sont pas toujours d'accord sur les catcheurs sur qui miser, et que l'indéboulonnable VKM tranche toujours seul à la fin, on peut estimer que les quatre noms précédemment cités ont quasiment un droit de véto. Ainsi toucher le titre mondial est une reconnaissance absolue, et quasiment l'assurance de pouvoir faire toute sa carrière à la WWE sauf erreur majeure (ce qui n'est pas rien).

 

 

Pour les autres, chaque nouvelle signature de contrat est une victoire.

 

 

Depuis 2004 (un peu plus de sept ans), on a vu seize nouveaux champions. 2004: Benoit, Orton, Guerrero, JBL. 2005: Batista, Cena. 2006: Mysterio, Edge, RVD. 2007: Khali. 2008: CM Punk, Jeff Hardy. 2009: Sheamus. 2010: Swagger, Miz. 2011: Ziggler. Soit en moyenne environ deux nouveaux champions par an (d'ailleurs cette année malgré les deux MITB, il est possible qu'on ne voit en plus de Dolph qu'un seul autre nouveau champion, surement entre Del Rio et Barrett, même si une année avec trois ou quatre débutants au plus haut niveau est également possible), même en comptant l'année 2004 assez hors normes. Ainsi on voit que la WWE a toujours travaillé sur l'avenir et ne s'est jamais vraiment arrêtée, contrairement à ce que certains sous-entendent.

 

Ce qui rend les choses inhabituelles, c'est que le nombre de départs ou absences s'est vraiment regroupé sur quelques mois, ce qui a fait un gros vide. Cela a entrainé un gros rafraichissement de la carte (spécialement de l'upcard et du main event), et peut être un coup de panique de Vince McMahon.

 

 

VKM à qui on annonce que Randy Orton devenu pacifiste quitte le monde du catch et que John Cena a fait une overdose mortelle de fruity peebles.

 

 

En effet en plus de cette diminution du star power de la compagnie, la concurrence à été intense (l'UFC qui commençait à faire des ventes de PPV dépassant celles de la fédération de Stamford, et la TNA qui début 2010 constituait une menace crédible). Ansi Vince a décidé de miser sur des anciens très populaires pour donner du punch à une compagnie dont les catcheurs sont trop peu légendaires pour assurer des matchs historiques, spécialement pour l'incontournable rendez-vous annuel qu'est Wrestlemania. A ce propos, la storyline autour de Bret Hart en 2010 apparait à postériori comme un ballon d'essai sur un retour des anciens, qui semble avoir été un succès. Nous fans nous souvenons surtout de la purge que fut le match VKM-Hart, mais on oublie trop que le retour de Bret a fait un pic d'audience à un moment clé pour la RAW, et surtout que la storyline impliquant le Canadien et le boss de la compagnie a constitué un hype assurant la vente du most lucrative of them all à un public qui avait quitté le monde du catch depuis plusieurs années. Ainsi il semble que McMahon ait validé cette stratégie, et qu'il l'ait étendu cette année, avec encore plus de succès.

 

 

Quand je vois un stade entier qui se lève et qui crie, je ne sais pas si vous imaginez, 70 000 personnes à 100$ la place, moi ça me bouleverse…

 

 

Lors de ce Wrestlemania XXVII, on a donc vu The Rock (guest host), Austin (arbitre spécial), Trish Stratus (match 3 vs 3), Booker T (court passage aux commentaires), Jim Ross (seconde moitié du PPV aux commentaires) et 30% du temps total de catch a été consacré à Triple H – Undertaker. Le tout avait été bien sur allégrement hypé d'une manière ou d'une autre (quand les réseaux de rumeurs colportent largement l'information de la présence de JR à Mania, la WWE sait qu'ils touchent la plus grande majorité des gens pour qui l'information ferait une différence). Comme Spanish l'a si bien fait remarquer dans sa review, huit des stars principales de Mania XVII de 2001 étaient encore présentes dix ans après. Malgré tout en parallèle, on a assisté à l'éclosion à des postes clés de nombreux grands espoirs (porteurs des ceintures WWE, IC, US, UTTC, contender du WHC, de l'US).

 

Sur le papier, on a donc un équilibre intéressant: on laisse catcher les jeunes, mais on atténue la pression sur eux en enrobant le tout grâce à des anciens qui n'ont rien à perdre et assureront les ventes. Dans un sens ces jeunes ont matière à se plaindre (on vole leurs spotlights, l'argent est investi sur des agents temporaires), mais de l'autre ils sont gagnants (le hype plus important génère plus de revenus dont ils bénéficient, la surexposition également est bénéfique à terme, et enfin ils peuvent côtoyer leurs idoles et dans un domaine comme le catch, je pense que le rêve est un moteur très fort, y compris pour les superstars elles-mêmes).

 

 

– John, pourquoi tu souris comme ça? T'es con, je viens de te coûter le titre…

– J'y peux rien c'est plus fort que moi, je suis tellement content d'être dans le même ring que mon idole.

 

 

J'ai lu à de nombreux endroits qu'en ce moment, la WWE se cherchait, qu'elle ne savait pas où elle allait. A première vue certains faits corroborent cette théorie: la ligne directrice parait floue, la fédération semble foirer la gestion de Cena, et en exposant des légendes elle déprécie son roster.

 

Or je suis persuadé que tout ceci (à une exception sur laquelle je reviendrai) est parfaitement maitrisé. A mon avis VKM a une idée très nette en tête, qu'il suit scrupuleusement, et qui se passe presque exactement comme il le veut. Vince a toujours été un leader absolu en terme d'innovation, ayant toujours un train d'avance sur tout le monde, et capable de remettre en cause jusqu'aux fondement de son propre business pour avancer. De plus il sait que ses choix et leurs conséquences sont observés à la loupe par nombre d'analystes, et il s'est toujours plu à brouiller les pistes autant que possible pour que ses actions clés aient le plus d'impact possible.

 

 

Quand McMahon arrive sur la theme song de R-Truth par exemple, il a forcément une idée intelligente à laquelle on n'a pas pensé. Enfin, je suppose…

 

 

Les objectifs de VKM sont triples: il doit d'une part donner envie de voir ses émissions (la hype), que le produit final soit satisfaisant (la qualité) et que les conséquences soient valorisables ultérieurement (l'avenir). Mania est le moment ultime de jugement, car le plus exposé. La hype fut excellente entrainant de très grosses ventes, la qualité critiquable et l'avenir franchement bien préparé.

 

Or je pense que la situation actuelle se construit sur une problématique et deux grands axes majeurs. La difficulté est de regonfler le main event de long terme, car Cena, Orton et Edge sont un peu isolés actuellement (HHH et Taker ne peuvent pas être comptés, Jericho est absent, Rey Mysterio pose question). Le premier grand axe développé est d'abord une installation dans le main event de quelques jeunes: Punk y est quasiment et je m'attends à ce qu'il touche au moins un titre majeur en 2011; pour les autres (Zig, Swag, Miz, Sheamus, et le ou les types qui toucheront le titre cette année) il va falloir faire cela en accéléré. Le second grand axe découle du premier: pour donner du temps à ce push et alléger la pression, on rappelle des légendes. Et on fait d'une pierre deux coups car ces légendes ramènent un ancien public qui va pouvoir "rencontrer" de nouvelles stars.

 

 

– Robert, c'est qui ce type? Il ressemble vraiment à rien.

– Je sais pas, on dirait le nouveau champion, mais il a imité le Rock, donc ça doit être un bon.

 

 

Ainsi Vince McMahon a préparé ces deux grands axes avec des temporalités différentes adaptées au public ciblé. Premièrement avec les légendes on a une temporalité longue, avec des échéances à long terme et des éléments qui seront semés l'échelle du mois. Le main event déjà programmé un an à l'avance de Wrestlemania XXVIII entre John Cena et le Rock va dans ce sens. Les vieux fans qui jettent un œil de temps en temps et ne veulent plus suivre le catch au jour le jour ont donc une échéance, et peuvent être tenté de suivre ce qui se passe de temps en temps, voir si il y a eu des avancées dans la feud, et pourquoi pas "replonger". Deuxièmement, on a du quotidien, du court terme. La WWE va certainement pusher à mort quelques types dans l'optique de figurer comme des main eventers légitimes. Ainsi j'imagine bien douze mois avec une exposition de main event pour Miz et Punk, avec un ou deux titres mondiaux chacun à la clé, et de grosses storylines. La grande question actuellement est: comment traiter le cas de John Cena? Car à mes yeux, c'est le seul point de dérapage de la stratégie de VKM, et ce point précis mérite un article à part. La confrontation face au Rock fut beaucoup plus intense que prévue, et la réaction massive pro-Rocky avait été sous-estimé.

 

 

Je suis contre la guerre, la faim dans le monde et la maladie.

 

 

Tocard/Va mourir/Tu ne vaux pas tripettes/A côté du Rock t'es qu'un grain de sable!

 

 

Ah bah oui, ça va pas être simple.

 

 

Ainsi je pense que depuis le début, (presque) tout ce qui s'est passé était prévu. La mise en avant des anciens de l'attitude, après un essai l'an dernier avec Hart, a fait exactement ce qu'il était censé faire: de la hype, couvrir (voire couver) l'éclosion des jeunes et ouvrir sur le retour de fans des ères précédentes. Le produit, qui tout en restant PG devient un peu plus irrévérencieux, accompagne aussi l'évolution du public jeune qui a découvert à la WWE entre 2005 et 2010, et qui vieillit. Sans sortir du PG qui est une bénédiction pour la fédération de Stamford, il me parait très possible que le fait qu'elle muscle son produit soit une véritable tendance de fond (que chacun pourra apprécier selon ses préférences).

 

Pour l'avenir, et en mettant le "cas Cena" de côté, j'imagine les grands anciens passer régulièrement (deux à trois fois par an) dans des mini storylines avec les catcheurs sélectionnés pour le "passage de torche", spécialement aux moments clés (Summerslam, Mania). Entre temps, les "nouvelles stars" devraient être surexposées, en se concentrant principalement sur trois ou quatre noms choisis comme les main eventers du futur, tout en ménageant une demi-douzaine d'upcarders. Si cela dépendait de moi dans une optique réfléchie, je pusherais Miz, Sheamus, Punk et Swagger (j'ai beaucoup hésité pour Barrett [la mort dans l'âme dans son cas], Del Rio et Ziggler, moins pour Bryan, Morrison, Kingston, Sin Cara). Je pense que ces quatre types ont les historiques les plus importants, la possibilité de varier leurs gimmicks dans le futur, le plus de charisme, et seront simplement les plus vendeurs à l'avenir. Chacun peut faire un multiple champion du monde (entre cinq et dix titres dans sa carrière), avec Miz et Sheamus qui peuvent devenir de superbes faces dans l'avenir, et Punk et Swagger qui pourraient avoir des rôles de heels sur la durée, un peu à l'image de Jericho et Angle respectivement.

 

 

Sans compter qu'on n'est jamais à l’abri de l'émergence d'une nouvelle star.

 

 

Dans ce contexte, les main eventers actuels (Cena, Orton, Edge, Triple H si il catche sur la durée, Jericho si il revient) auront le boulot de mise en valeur à faire. En touchant quelques titres à l'occasion, ils feront tourner les quatre superstars sélectionnées pour les crédibiliser comme main eventers, plus de temps en temps les upcarders. Chacun aura une a deux grosses feuds de trois à quatre mois de durée, mais on évitera le plus possible les confrontations n'impliquant aucun jeune pour un des deux titres majeurs.

 

Cet équilibre global me parait très intéressant, car à la fois porteur de succès (les ventes, le hype) et d'espoir (les jeunes). Les changements observés récemment soulèvent des critiques légitimes (la place des anciens agace comme Latrell l'a fait remarquer légitimement, l'équilibre de la carte proposée à Wrestlemania peut également décevoir comme Spanish l'a dit), mais c'est le cas de tout changement, et l'évolution est indispensable. VKM le sait bien, ses résultats sont incontestables, et son projet actuel est impressionnant de cohérence car il concilie court et long terme malgré les difficultés contextuelles.

 

 

Il a bien mérité de se reposer un peu, le vieux.


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